mardi 25 novembre 2008 par Notre Voie

Le barreau de Côte d'Ivoire, par l'entremise du bâtonnier, a apporté hier, lors d'une conférence de presse, une réplique à la déclaration de menace des magistrats, rendue publique le week-end dernier.
Me Mentenon Claude, le bâtonnier de l'Ordre des avocats de Côte d'Ivoire, n'a pas pu se contenir hier lors de la conférence de presse qu'il a animée au tribunal de première instance au Plateau. Répondant aux questions souvent osées des journalistes, comme dirait l'autre, il a explosé. En dévoilant, pourrait-on dire, les affaires sales de la justice ivoirienne. Notre justice est pourrie. Les avocats et les magistrats sont tous corrompus. Les avocats ne sont pas les seuls responsables à constituer un handicap pour les investisseurs. Notre justice est devenue infra-justice. C'est-à-dire en-dessous de la justice. Le pourrissement n'est pas le fait exclusif des avocats. Le magistrat avant de signer un certificat de nationalité prend 200 FCFA au justiciable par l'intermédiaire de son margouillat. Au greffe, pour obtenir le renvoi d'un dossier, il faut payer 1500 FCFA. La justice marche sur la tête. Il y a une corruption généralisée?, a dénoncé de façon véhémente le conférencier. Qui entendait apporter une réplique à la déclaration des magistrats rendue publique samedi dernier.
Les trois syndicats de magistrats, en effet, ont, dans une déclaration, affirmé ne plus pouvoir tolérer les manifestations des avocats au sein du palais de justice?. Car empêchant, disent-ils, leur sérénité au travail. Hier donc, Me Mentenon Claude et ses confrères qui ont pris d'assaut la salle des avocats (tribunal de 1ère instance d'Abidjan-Plateau) ont dit haut et fort que cette menace intolérable ne peut les ramollir. La sérénité de la justice qui est alléguée ne dépend pas, ou très peu, des nuisances sonores et visuelles dont se rendent coupables les avocats qui, en manifestant, comme ils le font, exercent un droit constitutionnel?, s'est défendu le conférencier. Avant d'exprimer la ferme volonté de barreau de poursuivre les manifestation au sein du palais de justice. La marche aura lieu avec tout ce que cela peut comporter comme conséquences?, insiste-t-il, jugeant la déclaration des magistrats incendiaire?. Une déclaration qui, on le sait, est intervenue à la suite des manifestations publiques de protestations des avocats contre la violation d'un cabinet d'avocat? par le procureur de la République près le tribunal de première instance d'Abidjan-Plateau. L'inviolabilité n'est pas absolue. Mais il faut respecter les principes. Nous n'avons jamais dit que l'avocat est couvert par une immunité ou est au-dessus de la loi?, s'est voulu explicite Me Mentenon Claude. Comme pour couper l'herbe sous les pieds du procureur adjoint, Momblé, qualifié d'avoir une connaissance trouble en droit?. Le bâtonnier commentait ainsi les propos de ce procureur, publiés dans un quotidien et faisant croire qu'un cabinet d'avocats n'est pas inviolable?. Lors de cette rencontre avec les journalistes, le bâtonnier est revenu sur le recours à la force publique? par le procureur Tchimou contre Me Assi Emmanuel dans l'affaire Petroci-ILS. Le recours à la force publique pour contraindre une personne à exercer une décision civile constitue un abus de pouvoir manifeste et viole les droits les plus élémentaires que garantit notre Constitution?, est convaincu Me Mentenon. Et d'affirmer que l'autorité judiciaire s'est arrogée le droit qu'elle n'a pas?.
Depuis près de deux semaines, le barreau manifeste contre le procureur Tchimou Raymond, accusé d'avoir violé un domicile professionnel d'avocat. Et cela dans une affaire où le parquet poursuit l'ancien bâtonnier Assi Emmanuel, liquidateur amiable de ILS pour détournement des biens de l'Etat?.


Félix Téha Dessrait dessrait@yahoo.fr

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