mardi 25 novembre 2008 par Le Temps

Après l'inhumation du professeur Memel-Fôté, ses collègues universitaires ont fait des témoignages sur son oeuvre. Sa vie aussi.
Konaté Yacouba (Professeur d'Université) "C'est un modèle"
"Ce que je retiens de Memel-Fôté, c'est qu'au départ, sa compréhension, son approche de la sociologie ou de l'anthropologie en général, n'a pas été une approche théorique. Elle a été une approche argumentée pour approfondir la connaissance de la société Adioukrou, mais aussi des études très pointues sur la question de l'esclavage. La première fois que je l'ai vu apparaître et parler de manière magistrale, j'étais encore étudiant. C'était lors d'un colloque sur les Soleils des indépendances, d'Ahmadou Kourouma. De ce point de vue, pour moi, c'est un modèle, en ce sens que c'est quelqu'un qui a assumé au plan de son engagement, sa pensée panafricaniste. Il ne s'est pas seulement contenté de passer des diplômes, il a été se mettre à la disposition de la révolutionnaire Guinée de Sékou Touré, au moment où ce pays en avait le plus besoin. Il faisait partie des personnalités que nos maîtres de l'école primaire nous conseillaient de venir voir dès qu'ils savaient que nous étions admis à l'Université".
Le doyen Agnéro Akpa (Originaire du village de Débrimou), ami du disparu "C'est douloureux"
Cette séparation est douloureuse. Le Professeur Fotê, je le connaissais depuis 1958. Il était aux côtés de mon cousin le Pr. Essoh Nomel Paul. Ce dernier n'a pu venir ici, mais s'est fait représenter par une délégation composée de sa femme et moi-même. Nous sommes là pour honorer le départ de ce grand homme". M. Kadjo James Houra (Artiste-peintre, membre de l'ASCAD)
"Un baobab est tombé"
"C'est un grand jour de tristesse. C'est un baobab qui est tombé et c'est douloureux pour nous. Nous vivons difficilement ces dernières heures. C'est avec beaucoup de tristesse que nous repartons à la maison.
Pr. N'Guessan François (Vice-président de l'ASCAD) "Il m'a pris par la main"
C'est avec beaucoup d'émotion que je me retrouve ici. Il y a déjà 30 ans, j'y suis venu avec le Pr. Niangora Bouah, paix à son âme, et le Pr. Memel lui-même. J''étais en année de licence, et nous faisions, à leurs côtés, une enquête sur les conditions des ouvriers dans les plantations de palmiers au village savane de l'IRHO, à quelques kilomètre d'ici. Nous avons travaillé. Et je me rappelle le style d'encadrement que nous avions à l'époque, parce que nous étions 7 ou 8 en licence avec ces deux Professeurs-encadreurs. Nous avons travaillé dans des conditions familiales. Depuis cette période, j'ai gardé d'excellents rapports avec ces deux Professeurs qui malheureusement viennent de nous quitter. C'est grâce à Memel que j'ai pu bénéficier d'une bourse après ma maîtrise, pour aller faire un doctorat de 3e cycle à la Sorbonne et venir comme enseignant-chercheur. Je lui dois beaucoup. Il m'a pris par la main pour aller voir M. Paul Akoto Yao, alors ministre de l'Education. Et les 8 jours qui ont suivi, j'ai eu une bourse pour des études supérieures à l'extérieur. C'est dire tout mon attachement à la fois scientifique, technique et filial à cet illustre disparu. C'est avec beaucoup d'émotions que je me retrouve ici à son enterrement.
M. Fréderic Grah Mel (Enseignant/Journaliste) "Je ne suis pas triste"
Je ne suis pas à un évènement triste. Memel-Fôté a été un pionnier. Je crois que ce qu'il avait à donner, il l'a donné. J'ai retrouvé ici beaucoup de gens qui ont été des élèves de Memel-Fôté et qui ont été mes maîtres à moi. Aujourd'hui, je retrouve moi-aussi, ceux dont je suis le devancier. Donc, la chaine se poursuit. Nous sommes ici sur un espace d'inspiration et donc nous repartons d'une cérémonie comme celle-là, invités à continuer le travail, à nous cultiver davantage, à diffuser la culture et à contribuer à la construction de ce qu'ils ont commencé. Je ne suis donc pas triste.

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