jeudi 11 juin 2009 par Nord-Sud

Selon l'imam de la mosquée Fatoumata Zahra de Grand-Bassam, El hadj Dramé Moussa, 80% des jeunes qui fréquentent la plage de l'ancienne capitale sont musulmans.


?Depuis quand êtes-vous informé de l'existence de pratiques pornographiques à la plage ?

A peu près quatre mois. J'ai même informé la Ligue islamique des prédicateurs en Côte d'Ivoire (Lipci), le Conseil supérieur des imams(Cosim). J'ai également attiré l'attention du député-maire sur la question.


?Qu'en savez-vous concrètement?

On nous a dit que les enfants viennent à la plage, se mettent en groupe et ont des rapports intimes.


?Avez-vous vérifié cette information?

Non, nous n'avons pas mené d'enquête. Moi, personnellement je n'ai pas vu. Ce sont les informations qui me sont parvenues.


?Quelles preuves avez-vous alors?

Ceux qui nous ont informé disent qu'ils en ont été témoins. Et dès que nous l'avons su, nous en avons parlé aux autorités.


?Qu'ont-elles fait ?

Le préfet a convoqué l'ensemble des décideurs, le maire, le conseil général, les responsables des différentes communautés pour interpeller la population sur le phénomène.


?L'avez-vous fait ?

Oui, nous avons fait des sermons. Le problème est sérieux. En tout cas, moi les samedis et dimanches, je n'ai pas le courage d'aller sur la plage parce que c'est dangereux pour un religieux.


?Est-ce exact que le Cosim a mené des enquêtes pour constater les faits ?

C'est possible. Je n'en ai pas connaissance parce que j'étais en voyage en Corée du Sud pour une conférence. Je suis revenu il y a seulement deux jours.


?Il semble que la plupart des jeunes qui font cela sont des musulmans ?

Effectivement, c'est ce que nous constatons. Et c'est ce qui nous fait mal. La plupart de ceux qui viennent à la plage sont nos frères. 80% d'entre eux, filles comme garçons sont des musulmans.


?Est-ce que les jeunes qui sont à Grand-Bassam organisent aussi ce genre de sortie ?

Ils le font. Mais, ils ne peuvent pas se rendre à la plage samedi et dimanche. Pour celui qui veut préserver sa foi, ce n'est pas prudent. Vous ne verrez que des choses illicites.


?Pourquoi malgré tout ce que les imams disent, cette pratique perdure-t-elle ?

Ce ne sont pas des jeunes bassamois qui le font. C'est d'ailleurs ce qui nous étonne. Ils viennent d'ailleurs, d'Adjamé, de Koumassi dans des cars.


?Lorsque le préfet vous a reçu, que vous-a-t-il dit concrètement ?

Il a diligenté une enquête. Mais les conclusions n'ont pas encore été tirées. Dès qu'il a eu l'information, il nous a appelé pour en parler. Il ne l'a pas du tout aimé. Vous savez, c'est un homme bien. Ce que j'aimerais relever, c'est que Grand-Bassam étant une ville touristique, ce type de comportement peut porter un coup au tourisme. Toute chose qui ne sera pas bonne pour l'économie. Par ailleurs, il faut savoir que notre ville a une valeur spirituelle. Car, de nombreux saints y sont ensevelis. C'est ce qui nous a permis d'être à l'abri lors des événements tragiques qui ont perturbé le pays. Je suis un fils de Grand-Bassam. Je ne peux donc pas accepter que de telles choses se déroulent chez moi.

Entretien réalisé par Emmanuelle Kanga, Correspondante

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