Les populations de Touba ont communié hier, avec le Président de la République, Sem. Laurent Gbagbo. Cela, à l'occasion de son dernier meeting dans le Bafing.
Le peuple Mahou de Touba n'a pas boudé son plaisir de recevoir le Président de la République, Sem. Laurent Gbagbo qui a passé plus de trois jours dans la région du Bafing. Eprouvées par sept années de guerre, elles (populations) sont sorties massivement pour écouter le Président de la République qu'elles n'ont pas vu depuis son élection à la tête de la Côte d'Ivoire. La cantatrice Mawa n'a pas caché cette joie de retrouver le chef de l'Etat. Dans ses nombreuses chansons, la sexagénaire s'est dit heureuse de revoir ce Président dont la visite à la population date de longtemps. "Cela fait longtemps que je t'attendais, mon Président, tu es venu, je suis contente". Cette chanson reprise en ch?ur par l'ensemble des femmes de Touba traduit l'importance accordée à la présence de Laurent Gbagbo dans la cité de "l'Arbre céleste". C'est également le même sentiment qu'a traduit la danse "Bou" du village de Dimasso exécutée par les "Diomandé". Les populations ont chanté, dansé et exalté les mérites de l'hôte de marque. Même la forte pluie qui s'est abattue sur la ville n'a en rien altéré leurs ardeurs. Et ce, jusqu'à la dernière phrase du Président Laurent Gbagbo. Quand arrive le moment des allocutions, l'émotion monte d'un cran. Le maire de la ville, Bamba Amara, qui prend la parole au nom de la municipalité ne peut contenir sa joie pour l'honneur que le chef de l'Etat fait à sa commune en y tenant le dernier meeting de son périple dans la région du Bafing. Le premier magistrat de la ville de Touba n'a pas tari d'éloges à l'endroit de Laurent Gbagbo dont le génie politique a engendré le Dialogue direct, père de l'Accord politique de Ouaga. Pour lui, cet accord est porteur d'espoir et d'espérance pour les populations ivoiriennes. La région du Bafing dont le chef-lieu porte le nom de "l'Arbre céleste? mentionné dans le Coran, en son chapitre XIII, verset 29, a-t-il mentionné, est une terre de fraternité et de tolérance. Une terre entreprenante et dynamique qui n'a jamais failli aux exigences et aux mots d'ordre de construction de l'unité nationale. Et qui a toujours fait de la fraternité, les fondements de son existence. Au nom de ses administrés, le maire s'est réjoui, de la passation des charges entre les préfets et les com'zones. Ce qui pour eux, est synonyme de la réunification définitive du pays et de l'unicité des caisses de l'Etat. Avant de mettre fin à son propos, le premier magistrat de la ville hôte a formulé quelques doléances. A savoir, le bitumage des principales artères de la ville, la construction d'un Lycée de jeunes filles et l'équipement de certains villages communaux en puits équipés de pompes hydrauliques. C'est M. Sako Karamoko Fodé, président du Conseil général de Touba qui s'est adressé au Président de la République au nom des populations. Après lui voir dit merci pour la création de nouvelles sous-préfectures et l'érection de Ouaninou en chef-lieu de département, le porte-parole qu'il est, Fodé Karamoko a exposé les maux dont souffre la région du Bafing. Selon lui, la création du département de Ouaninou vient ainsi rétablir un équilibre au niveau de la région, instaurant ainsi une administration plus cohérente et plus proche des administrés. S'agissant des effets de la guerre, il a dit que Touba en a été fortement touché au plan socio-économique. L'Education, la Santé sont, à ses dires, les secteurs les plus sinistrés. Pour ce qui est du secteur éducatif, le président du Conseil général a fait savoir qu'il existe 104 écoles primaires publiques pouvant accueillir 25000 élèves mais qui ne reçoivent que 15800 à cause de l'état de délabrement avancé dans lequel se trouvent 75 écoles. Seulement 29 offrent les conditions idoines d'études aux enfants. Avant de solliciter l'aide de l'Etat, le président du Conseil général a dit qu'il a fait construire plus de 15 cantines scolaires. Si l'Etat n'est pas en mesure de les aider sur ce plan, a-t-il souhaité, que le Président Laurent Gbagbo fasse diligence auprès du ministère de l'Economie et des finances pour que les reliquats du budget d'Investissement du Conseil général des années antérieures et l'année en cours soient mis à sa disposition. Au niveau de la santé, il a révélé que sur les 48 structures sanitaires de la région, le conseil qu'il dirige en a réhabilité 38. A ce niveau, sollicite-t- il, un vide au niveau du personnel est à combler. C'est pourquoi, il a souhaité l'affectation de 187 médecins, 22 sages-femmes et de 44 infirmiers en vue de régler ce déficit. Le secteur agricole n'a pas été oublié. Le président du conseil général a sollicité l'aide de l'Etat pour la réalisation d'un projet de 12 barrages dont le coût est estimé à 3.860 millions. M. Fodé a demandé l'électrification, le reprofilage des pistes villageoises. Après ces discours et les nombreuses doléances, le Contre Amiral Lamine Fadika, député Pdci de Touba, a expliqué au Président de la République les significations des différents dons à lui faits par les populations. Selon lui, le Boubou "Maha-linkéé" offert au chef de l'Etat est un boubou réservé aux guides et aux enfants plein de sagesse. Quant à la daba qui est une spécificité de Touba, elle est tout un symbole de la réponse positive de la population au message de travail véhiculé par le chef de l'Etat au cours de cette visite. Il a dit qu'il n'est pas étonnant que ce soit Touba qui offre ces éléments. Après avoir traduit le nom Touba (l'Arbre céleste), il a dit à Gbagbo que les populations sont prêtes à marcher dans les sillons qu'il est en train de tracer. "Ordonnez et nous suivrons, Monsieur le Président". Signalons que Laurent Gbagbo a été baptisé "Lavia" qui signifie homme de paix, par les chefs traditionnels de la région du Bafing.
Pierre Legrand
Ph: Yanez Dessouza
Envoyés spéciaux à Touba