jeudi 24 septembre 2009 par Notre Voie

Le chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, est aux Etats-Unis, depuis samedi, à l'invitation du président américain Barack Obama. Il y a pris part, mardi, à un déjeuner avec le président de la plus grande puissance du monde. Il n'était pas le seul leader africain à cette table. Il y avait également d'autres chefs d'Etat du continent africain dont l'avis compte. Cette rencontre a été, en fait, une occasion pour penser l'avenir de l'Afrique du 21ème siècle dans une perspective de coopération avec les Etats-Unis d'Amérique. La presse de l'opposition relaie cet important rendez-vous, depuis le début de la semaine, d'une manière singulière. Bien que n'y étant pas. Le journal Le Nouveau Réveil, dans sa parution d'hier, réduit cette visite historique à une simple séance de photos à laquelle se serait soumis le président Gbagbo. Manifestement ce quotidien a choisi de faire de la politique politicienne au lieu d'informer ses lecteurs. Le confrère va jusqu'à faire cette révélation qui est censée nous informer sur les pratiques qui ont cours à l'ONU. Il suffit pour nous de savoir qu'à l'ouverture de l`Assemblée générale, le Secrétaire général de l'ONU sacrifie à une tradition en offrant, chaque année, un déjeuner à tous les chefs d'Etat présents, sans distinction aucune. Faire croire aux Ivoiriens que Laurent Gbagbo va déjeuner avec Barack Obama, est donc une présomption. Ce ne sera sûrement pas à la même table. Barack Obama serait-il pour le confrère, le secrétaire général de l'ONU ? Le journal Le Patriote d'hier, classe également cette rencontre dans le registre de celles qui sont faites pour amuser la galerie. Ces journaux de l'opposition jubilent et croient être dans le vrai quand ils ont appris que rien n'a filtré de cette rencontre ; et que les journalistes qui s'y sont rendus n'ont pas eu accès à la salle. Pour eux, c'est le camouflet parfait. Déduction : c'est parce que Gbagbo n'a pas pu parler à Obama que les journalistes présents à New York n'ont pas rapporté assez d'éléments sur ce déjeuner de travail. Une visite historique La première chose qui saute aux yeux après avoir lu nos confrères, c'est de voir qu'ils mettent tant de conviction dans leurs écrits alors qu'ils n'étaient pas présents sur les lieux. Et qu'ils n'y ont dépêché aucun reporter. Même s'ils y ont envoyé des reporters, ceux-ci n'ont même pas été autorisés à arpenter les couloirs de l'hôtel qui a servi le déjeuner. Ils font donc des spéculations à mille lieux de l'évènement. Tout simplement. Et pourtant, il y a des faits que l'on ne saurait nier. Le président Laurent Gbagbo a été invité par le président Barack Obama. Et cette invitation a été matérialisée, le 10 septembre dernier, par un courrier remis au président Gbagbo par l'ambassadeur des Etat-Unis en Côte d'Ivoire, Mme Wanda Nesbit. Elle l'a fait selon les recommandations des règles de bienséance entre Etats. Ce déjeuner de travail a donc un caractère officiel. Et Barack Obama a mis la forme diplomatique qu'il faut pour que cela soit ainsi en déléguant son représentant sur le sol ivoirien. Le fond de sa correspondance révèle, par ailleurs, le prix qu'il a accordé à la présence de SEM Laurent Gbagbo à New York. Mon équipe entrera en contact avec votre représentation à l'ONU pour fournir les détails concernant le lieu et l'ordre du jour au cours des semaines à venir. J'espère que vous serez en mesure d'être présent à ce rendez-vous de travail, et j'ai hâte d'avoir des discussions avec vous à New York, a écrit le président Barack Obama à son homologue ivoirien. Nous notons donc qu'il s'agit de visite de travail et non d'une séance de photo. Tout comme il ne s'est jamais agi d'un tête-à-tête entre les deux présidents, même si cela n'est pas à exclure. Par ailleurs, que font nos confrères des autres personnalités africaines invitées à cette même table de travail par Obama? Le protocole ivoirien a-t-il imaginé la présence de toutes ces personnalités ? Est-ce qu'elles étaient là aussi pour une séance photo ou pour faire le pitre ? Car nous savons que Jacob Zuma (Afrique du Sud), Ellen Johnson Sirleaf (Liberia), Faure Gnassingbe (Togo) étaient également à New York autour d'Obama. En réalité le président Obama qui a affiché son intention de créer un partenariat solide avec l'Afrique lors de sa récente tournée au Ghana, a tenu à réunir les leaders africains. Le déjeuner de travail s'est déroulé à huis clos. Les journalistes n'ont pas eu accès à la salle de travail. Ils n'ont pas été autorisés à prendre des photos de l'évènement. Les chefs d'Etat, eux-mêmes, ont été admis dans la salle sans collaborateurs ni même leur interprète habituel. Mais cela ne fait pas de cet évènement une rencontre fictive. Imaginaire. Bien au contraire, cette précaution dénote du sérieux qui a entouré cette séance de travail. Une séance de travail sur l'avenir de l'Afrique est si importante pour Barack Obama qu'il l'a entourée d'une grande discrétion. Juste-ment, parce qu'il n'a pas voulu faire du spectacle et de la figuration. Le mythe brisé A la vérité, les confrères se font l'écho de l'angoisse qu'éprouvent leurs leaders politiques. Le Patriote pleure avec Dramane Ouattara pendant que le Nouveau Réveil éprouve toutes les difficultés du monde à faire sécher ses larmes à Konan Bédié. Alassane Dramane Ouattara du RDR, dont le mythe repose sur ses prétendues relations dans le monde, se trouve fortement gêné par l'intérêt d'Obama pour Gbagbo. En effet, il ne cesse de s'enorgueillir dans les meetings qu'il fait dans la perspective des élections présidentielles à venir, de ses liens supposés avec le président français Nicolas Sarkozy. En témoigne ce qu'il a déclaré le lundi 21 septembre dernier à Oumé : Je suis venu vous dire que j'ai des solutions pour le pays. Je suis venu vous dire que j'ai été le seul Premier ministre d'Houphouet-Boigny. J'ai été gouverneur de la banque centrale, j'ai été DGA du Fonds monétaire international où j'avais en charge 120 pays sur les 180 que compte l'institution. J'ai des relations et je veux qu'elles servent à mon pays. Il a ajouté, pour répondre à ce que ses partisans ont appelé les attaques du FPI : Ceux qui n'ont pas de relations doivent dégager !. Le fait pour le président Gbagbo d'être aux Etats-Unis à l'invitation de Barack Obama, l'homme qui dirige la nation la plus puissante au monde, ruine ses espoirs d'entretenir le mythe d'une personne qui a le plus de relations en Côte d'Ivoire. Henri Konan Bédié du PDCI, pour qui le président ivoirien est la négation de la démocratie et de la bonne gouvernance, n'est pas, on l'imagine, content de cette performance diplomatique de Laurent Gbagbo. Surtout que la Maison Blanche a pris soin de ne pas inviter à déjeuner, les présidents africains dont elle pense qu'ils n'ont pas de régime démocratique. Cette invitation de Barack Obama à Gbagbo va désormais rendre caducs ses messages sur la supposé incompétence de Gbagbo à gouverner. D'où les pleurs de nos confrères, relais de ces dirigeants politiques.
Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr

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