jeudi 24 septembre 2009 par Le Temps

Blé Goudé vient de sortir à Frat-Mat Editions, son deuxième ouvrage intitulé "D'un stade à un autre".

Sa date de sortie est symbole. L'ouvrage a été mis en librairie, le samedi dernier, qui est aujourd'hui, pour les Ivoiriens, un grand moment de souvenirs. Il y a certes les souvenirs douloureux, mais c'est surtout un grand moment de renaissance. Parce que la Côte d'Ivoire nouvelle, jalouse de son indépendance, des oripeaux de la colonisation et libérée des pesanteurs ethno-religieuses est née en grande partie ce jour-là. L'ouvrage est paru à Frat-Mat Editions malgré les intimidations onusiennes. Mais les intimidations ne prospèrent que là où elles sont reçues comme des paroles d'Evangiles. Lisez plutôt l'auteur. " Tout se passe comme si l'on voulait nous intimider, nous amener à douter de nous-mêmes et du bien-fondé de notre combat, nous obliger à renoncer à prendre en main notre destin. " Ecrit-il. C'est bien dit. Et c'est su de tous. Qu'on l'aime où pas, Blé Goudé fait aujourd'hui, partie des icônes de la renaissance africaine. Durant cette crise, il a marché, il a fait le tour de la Côte d'Ivoire pour dire non à la recolonisation de la Côte d'Ivoire. Mais il y a un temps pour toute chose. C'est pourquoi, après " Crise ivoirienne; ma part de vérité ", son premier ouvrage à succès paru chez le même éditeur, il retrouve pour une seconde fois, les librairies avec un ouvrage analytique de la longue marche des Ivoiriens. " D'un stade à une autre ", c'est un peu de tout. Du stade de la belligérance au stade de la complicité, du stade de l'humiliation au stade de la renaissance. C'est même pourquoi, la page de couverture est faite avec deux photos de deux stades. Un stade de rugby et un stade de foot. Deux images qui charrient des symboles forts. Au début de la crise, après les négociations de Lomé qui ont été sabotées, les Ivoiriens se sont retrouvés à Marcoussis en France. Marcoussis qui fait aujourd'hui, partie du vocabulaire et de l'histoire des Ivoiriens, est un stade d'entraînement de l'équipe nationale de rugby de la France. L'auteur jette un regard sur le caractère humiliant de cet épisode de la crise ivoirienne. L'attitude méprisante des autorités françaises, vis-à-vis des personnalités politiques de premier plan en Côte d'Ivoire " () il est difficile d'admettre que des personnalités qui ont représenté la Côte d'Ivoire au plus haut niveau, puissent être traitées comme de vulgaires bandits, comme des prisonniers ". Ecrit encore le leader des jeunes patriotes. Mais au bout de chaque souffrance, il y a toujours l'espoir. Et ça, Blé Goudé ne manque pas de le souligner. Après les humiliations du stade de rugby de Linas-Marcoussis, la Côte d'Ivoire a retrouvé tous ses fils au stade de Bouaké, à la Flamme de la paix. C'est la paix des braves après la belligérance. La Côte d'Ivoire ballotée de sommet en sommet décide elle-même de faire la paix. Sa paix. Il est clair que cela n'est pas fait pour plaire à tout le monde. Surtout à tous ceux qui voudraient toujours imposer leur solution. Heureusement qu'au bout, il y a la volonté de Gbagbo et Soro. " D'un stade à un autre " ne s'arrête pas là. Blé Goudé porte un regard sur les différentes péripéties de la crise ivoirienne. Ses premières rencontres avec Wattao, Konaté Sidiki, des acteurs de la rébellion qui à cette époque, étaient sur l'autre rive. " Contre toute attente, notre échange se révèle aussi cordial que chaleureux. Aussi surprenant que cela puisse paraître, j'ai reçu de sa part, des encouragements ce jour-là. J'ai été profondément touché par ce geste." (P. 112). Dit-il de Wattao. L'ouvrage, c'est aussi la nouvelle Côte d'Ivoire version Laurent Gbagbo, qui malgré tout, marque une rupture avec l'ordre ancien. Par le passé, il y a eu le règne des fils à papa avec la phrase " Tu sais qui je suis " Aujourd'hui, il y a aussi les papas à fils. Des gens qui sont partis de rien, qui ont atteint le sommet à force d'abnégation et dont les pères portent leurs noms. Bref, Blé Goudé a encore parlé. Son écriture comme d'habitude, est simple. Il ne s'embarrasse pas d'hermétisme. Son ouvrage se lit aisément, surtout qu'il fourmille de petites informations. Comme l'a écrit Zio Moussa, " () c'est une audace de ne pas désespérer () le monde change, la Côte d'Ivoire avec." Il y a donc de l'espoir.

Guéhi Brence
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