jeudi 19 novembre 2009 par Fraternité Matin

Je suis venu vous parler de paix et de réconciliation. De paix et de réconciliation. De paix et de réconciliation (les populations applaudissent à tout rompre. Ndlr). De paix et de réconciliation. Le Président de la République, Laurent Gbagbo, a ainsi résumé l'adresse qu'il a faite aux populations du département de Kani, hier sur la place publique. La guerre est finie. Mais faisons en sorte qu'elle soit finie pour toujours.

Faisons en sorte que nous tirions les leçons de cette guerre et faisons en sorte que nous ne soyons pas des poissons qui s'amusent à vouloir empoisonner l'eau où ils vivent, a-t-il argumenté, sous les fortes ovations.

Attrapons la paix avec nos deux mains et préservons-la. On dit que pendant la paix, ce sont les jeunes qui enterrent les vieux et que pendant la guerre, ce sont les vieux qui enterrent les jeunes. Evitons que notre pays soit un pays où les vieux enterrent les jeunes, a averti le Chef de l'Etat. Et, selon lui, les signes tangibles de cette paix sont qu'ils montent avec le Premier ministre Guillaume Soro (Secrétaire général des Forces nouvelles), dans une même voiture, les généraux Philippe Mangou et Soumaïla Bakayoko, respectivement chef d'état-major des Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (Fanci) et des Forces armées des Forces nouvelles se mettent ensemble pour le saluer et que ces forces lui rendent les honneurs militaires ensemble, etc. Il faut qu'on fasse tout pour ne plus avoir une telle crise en Côte d'IvoireLe Premier ministre et moi sommes venus vous dire que nous sommes main dans la main. Faites comme nous, a-t-il ajouté.

De fait, à son quatrième meeting dans la région du Worodougou, le Chef de l'Etat a invité les Ivoiriens à comprendre que la guerre est désormais derrière eux. Et à se laisser pénétrer avec conviction par le vent de paix qui souffle sur la Côte d'Ivoire depuis la signature de l'Accord politique de Ouagadougou. Un Accord qui est intervenu quand les protagonistes ont compris que personne ne voulait en réalité régler le problème de leur pays. Les Forces nouvelles ne savaient plus comment progresser. Nous non plus. Et on voyait que tous ceux qui venaient régler notre problème ne le réglaient pas ; mais ils réglaient plutôt le leur. Marcoussis réglait les problèmes des Français, Accra réglait les problèmes des Ghanéens, Pretoria réglait les problèmes des Sud-Africains, a révélé le Chef de l'Etat. Aussi a-t-il exhorté les Ivoiriens à tirer les leçons de cette crise qui, fort heureusement, n'a pas atteint le point de non-retour. Je voudrais dire aux Ivoiriens que la crise que nous venons de connaître doit être pour nous une leçon, un enseignement. On peut se séparer pour se retrouver. Mais si on fait un écart trop grand, chacun peut tomber dans un fossé de son côté. Evitons de tenter le diable. Evitons d'aller vers les fossés, a-t-il conseillé. Notre pays s'appelle la Côte d'Ivoire Si nous marchons en Côte d'Ivoire, évitons de faire des écarts trop grands qui pourraient conduire chacun d'entre nous vers des abîmes, a insisté l'hôte du Worodougou.

Il n'en fallait pas plus pour que le Président saisisse sa rencontre avec les populations de Kani pour d'ores et déjà appeler ses concitoyens au respect du verdict des urnes après le vote que tout le monde attend. La guerre est finie. La guerre est finie, la paix est là. Mais le problème, c'est de nous battre maintenant pour conserver la paix définitivement. Et de faire en sorte que malgré les contradictions que nous allons avoir, nous puissions trouver les règles pour les gérer, a déclaré Laurent Gbagbo. L'autre challenge de la Côte d'Ivoire, a-t-il tranché, est de faire en sorte que celui qui sera élu gouverne et que les perdants acceptent cela. Il a rappelé qu'il y a 20 candidats à l'élection présidentielle, mais qu'un seul sera élu Président. Comment faire pour que les 19 autres candidats acceptent le résultat ? a interrogé l'orateur en substance. Notre rôle est de faire en sorte que les 19 (qui auront perdu) aillent s'asseoir. Pour éviter à la Côte d'Ivoire d'être comme de nombreux pays africains où tous les candidats se sont déclarés élus à l'issue de l'élection. La crise que nous avons eue nous a fait du mal, mais elle nous a ouvert les yeux. Nous devons devenir de nouveaux hommes avec de nouvelles résolutions, avec de nouvelles décisions parce qu'un poisson n'empoisonne pas l'eau dans laquelle il nage, sinon il s'empoisonne lui-même, a estimé le Président de la République.

Il a par ailleurs défendu les présidents des conseils généraux. Pour lui, la population ne peut pas les juger parce qu'ils n'ont pas eu les moyens de faire le développement qu'ils devaient. A cause de la guerre qui a éprouvé le budget de l'Etat.

Kani a eu sa part du gâteau
Cinq kilomètres de bitume dans la commune, renforcement de l'éclairage public, électrification des villages satellites de la commune, renforcement de la capacité de la Sodeci, affectation du sous-préfet de Fadiadougou, affectation d'enseignants titulaires au lycée de Kani et dans les écoles primaires, construction de châteaux d'eau à Morondo, Djibrosso et Fadiadougou, reprofilage lourd de l'axe Kani-Boundiali et l'axe Kani-Djibrosso, pont sur le fleuve sur l'axe Kani-Saralah. La liste des doléances du département de Kani satisfaites par le Président de la République dans le cadre de sa visite d'Etat, n'est pas exhaustive. Kani a donc eu, peut-on dire, sa part du gâteau, retombées immédiates de la tournée du Président Laurent Gbagbo dans le Worodougou. Des doléances qui lui avaient été présentées par le député Diarrassouba Yacouba (pour le département) et le maire Méité Yaya (pour la commune). Bien entendu, elles n'ont pas été toutes satisfaites. Mais la plupart ont trouvé solution avec le Chef de l'Etat.

Au nom de leurs populations respectives, le député et le maire ont manifesté leurs reconnaissances pour l'érection de Kani en département lors de la visite du Président à Séguéla, le 14 juillet 2008. Mais aussi l'érection de plusieurs villages en communes. Ils ont aussi salué les efforts que le Président de la République et son Premier ministre, Guillaume Soro, fournissent, notamment l'Accord politique de Ouagadougou, pour redonner la paix à la Côte d'Ivoire. Tous ont exprimé la volonté et la détermination de leurs populations à jouer leur partition pour que la paix demeure dans leur département et dans le pays.

Ce sont plusieurs milliers de femmes, hommes, jeunes et enfants qui ont communié avec leur illustre hôte hier sur la place publique de Kani, dans une ambiance de fête populaire. Des populations en liesse conduites par les autorités administratives, coutumières, les élus et cadres du département. Plusieurs boeufs ont été offerts au Président Laurent Gbagbo et au Premier ministre Guillaume Soro. Comme aux étapes précédentes, la délégation du Chef de l'Etat comprenait, entre autres, des membres du gouvernement et les hautes autorités militaires du pays.

Pascal Soro

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