jeudi 3 décembre 2009 par Nord-Sud

La compagnie en charge de la distribution de l'électricité dit sa part de vérité dans les délestages récurrents qui commencent à occasionner des violences. D'importants investissements sont plus que nécessaires.

Les coupures intempestives d'électricité attisent la colère chez les abonnés. De plus en plus, les équipements et même les techniciens de la Compagnie ivoirienne d'électricité (Cie) sont pris pour cibles par certaines populations se disant excédées. Le dernier incident a eu lieu le 29 novembre à Anyama où les locaux ainsi qu'une partie du patrimoine de la société ont été réduits en caillasses. Mais pour les dirigeants, l'opérateur électrique est victime d'un mauvais procès vu que les raisons de ces délestages ne relèvent pas vraiment de sa responsabilité. La situation que nous vivons n'est pas un problème de compétence ni de mauvaise volonté tant au niveau de la tutelle que de l'opérateur. Mais, il est essentiellement due à la crise avec pour corollaire le retard dans les investissements de renforcement et d'extension pour soutenir la consommation, a expliqué mercredi à Abidjan, le secrétaire général, Mathias Kouassi entouré de toute la hiérarchie de l'immeuble vitré de Treichville. Certains ouvrages sont utilisés au-delà de leur capacité technique. Quand un réseau alimentant un quartier est endommagé, dit-il, il devient impossible de reprendre l'alimentation de ce quartier par les réseaux voisins qui sont eux-mêmes déjà saturés. Conséquence, la zone reste sans électricité jusqu'à la réparation définitive de l'ouvrage. Nous faisons appel à un délestage tournant pour éviter de pénaliser un ensemble important d'abonnés pour une longue période. Ce délestage est opéré lors des pannes qui surgissent sur le réseau de distribution au niveau notamment du réseau de transport ou sur la chaîne de production, ajoute-t-il. Selon lui, les causes qui induisent ces pannes récurrentes sont essentiellement dues au déséquilibre entre la consommation et la production. Peut-être également à cause de la canicule qui provoque l'explosion des trans­­formateurs. Autrement dit, le fond du problème est que la croissance soutenue de la demande (environ 5% par an depuis quelques années) n'a pas sa correspondance au niveau de l'offre. Tandis que la consommation augmente, en effet, le parc de production, lui, stagne quasiment. Pour une puissance installée de 1.210 Mégawatts, la puissance disponible pointe équivaut à 859 Mégawatts contre une demande nationale qui culmine à 876 Mégawatts. Cela fait un déficit de 17 Mégawatts. C'est cette érosion de la marge de réserve qui conduit aux différents délestages. Pour rattraper le retard et être en mesure de suivre le rythme de progression de la demande, affirme M. Kouassi, la Côte d'Ivoire a besoin de 250 milliards Fcfa d'investissements supplémentaires. Cette bagatelle devrait être affectée aussi bien à la construction de nouveaux ouvrages thermiques qu'à l'amélioration des conditions de transport (maillage) et de distribution (ligne, câbles, transformateurs) de l'énergie. Une lueur d'espoir : Ciprel devrait accroître sa capacité de 111 Mégawatts en 2010. Ce qui favorisera un retour d'équilibre, mais un équilibre précaire à 991 Mégawatts disponibles contre 968 demandés. Par ailleurs, il n'y a pas que les ennuis financiers. Il y a aussi les difficultés liées à l'incivisme de certains individus avec notamment la fraude, le vol, le vandalisme et les occupations anarchiques.

Lanciné Bakayoko

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