mardi 8 décembre 2009 par Notre Voie

Les greffiers des tribunaux ont décidé, peut-être sans le vouloir, de gripper le système des réclamations sur la liste électorale provisoire. Depuis le lundi 30 novembre dernier, tous les greffes sont fermés pour cause de grève et les tribunaux paralysés sur toute l'étendue du territoire ivoirien. Aujourd'hui encore, neuf jours après le déclenchement de ce mouvement d'arrêt de travail, les portes de nombre de tribunaux restent hermétiquement fermées aux usagers de la justice.

Selon les informations parvenues à certaines rédactions de la presse nationale, les greffiers seraient fâchés contre les magistrats. Ces derniers, expliquent-on, auraient fait entrave à la signature d'un décret présidentiel destiné à améliorer les conditions de vie des greffiers. Les magistrats auraient empêché la prise de cette décision parce que, apprend-on, elle viserait à mettre sur pied d'égalité magistrats et greffiers. Vrai ou faux, les tribunaux sont paralysés et, depuis plus d'une semaine, de nombreux usagers sont désemparés. Parmi ces usagers, il y a notamment des pétitionnaires inscrits sur la listes des cas litigieux et qui entendent figurer sur la liste électorale. Dans les zones rurales, les populations non informées de cette grève affluent de villages lointains pour déposer, en vain, des demandes de certificat de nationalité afin d'accomplir leurs réclamations d'inscription sur la liste électorale provisoire d'où elles ont été recalées.

M. Robert Beugré Mambé a donc trop vite parlé. Le lundi 30 novembre dernier, jour du déclenchement de la grève des greffiers, sortant d'une audience chez le président de la République, le président de la Commission électorale indépendante (CEI) a confié fièrement à la presse qu'il n'y aura pas de prorogation du délai de 30 jours imparti pour faire les réclamations d'inscription sur la liste électorale. L'homme n'a même pas jugé nécessaire de nuancer sa déclaration en tenant compte de possibles aléas indépendants de sa volonté, comme cette grève qui dure depuis bientôt dix jours. De toute évidence, avec cet arrêt de travail dont personne ne garantit la date de la fin, le président de la CEI doit revoir sa copie. Si le président Mambé n'a pas envie de proroger les 30 jours accordés aux réclamants dans le contentieux autour de la liste électorale provisoire, que fera-il des pétitionnaires contrariés par la grève des greffiers à travers tout le pays ? L'affichage de la liste électorale a officiellement commencé le dimanche 22 novembre 2009. Et, dans la plupart des cas, les pétitionnaires rejetés doivent fournir un certificat de nationalité pour voir leurs cas réglés. La proposition d'organisation du premier tour de l'élection présidentielle ivoirienne dans la période de fin février début mars 2010 tient justement compte d'un délai de 30 jours normaux pour parachever le règlement du contentieux électoral. L'arrêt de travail des greffiers en cours creuse déjà un trou béant de près de dix (10) jours dans le nouveau calendrier électoral.

César Etou
cesaretou2002@yahoo.fr

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023