jeudi 31 décembre 2009 par Le Patriote

Malgré les espoirs des artistes et autres créateurs, la Côte d'Ivoire culturelle a été recroquevillée sur elle ?même durant ces douze derniers mois. Sans un réel événement d'envergure internationale.

La mort du Masa (Marché des Arts du Spectacle Africain) se sent déjà ! Depuis 2007 et une édition spéciale du reste très timide, la Côte d'Ivoire n'abrite plus d'événement culturel majeur. Et donc cette année encore, n'eût été l'organisation de la 7ème édition du Festival de la Route des Reines et Rois (FESTIROIS), la Côte d'Ivoire n'aurait pas enregistré une seule activité culturelle de poigne ouvrant le pays sur l'extérieur. Le Pr Urbain Amoa, Recteur de l'Université Charles Louis de Montesquieu (UCLM) et Directeur du Festival, a cette année opté pour l'itinéraire Dabou- Kong. Ce périple a permis, à plus d'une vingtaine de rois, chefs coutumiers et intellectuels de haut vol d'ici et d'ailleurs de rallier le Sud au Nord de la Côte d'Ivoire du 2 au 9 août dernier. Parrainée par le Dr Alassane Dramane Ouattara, le Festirois 2009 a permis, aux têtes couronnées, au nombre desquelles Sa Majesté Nanan Adjahouto Dodo, Roi des Ahizô, par ailleurs, Premier Vice- Président du Conseil supérieur des Rois du Benin ; Nanan Lawson VIII du Togo et à des éminences grises d'Afrique de découvrir la beauté, les us et coutumes des peuples de Côte d'Ivoire Sans oublier une kyrielle d'intellectuels qui ont réfléchi, sous la conduite de Me Titinga Pacéré à la création d'une Chambre des Rois, Chefs, Dignitaires de coutumes d'Afrique, assortie d'un Code de conduite pour la dignité de ces dépositaires de la loi coutumière. Et le Dr Alassane Ouattara, en acceptant de parrainer cette édition, partageait ainsi sa convergence de vue avec Urbain Amoa. Car, dans le programme de gouvernement de M. Ouattara, une place prépondérante est accordée aux garants de la tradition qui, selon lui, sont un véritable levain de l'unité nationale.
Au-delà du Festirois arrive, en seconde position la musique qui a plus ou moins su adoucir les m?urs dans une Côte d'Ivoire à quelques pas du bout du tunnel après sept ans de crise.

Meiway, Magic System et Tiken Jah sauvent les meubles
Au titre des spectacles ayant, quand même, revalorisé l'image de la Côte d'Ivoire, au plan musical, il faut citer la deuxième édition du Festival des Musiques Urbaines de la Ville d'Abidjan (FEMUA). Organisé à Marcory- Anoumabo (Abidjan), les 11-12 et 13 avril 2009, ce festival a été l'occasion, pour A'Salfo et ses camarades de faire venir des stars comme Didier Awadi, Claudy Siar, King Mensah à Abidjan. Au total, ce sont près d'une centaine d'artistes qui ont communié avec le public pendant trois jours. Magic System vient tout juste d'obtenir son treizième Disque d'Or, consolidant ainsi son rang de meilleur groupe Afro- caribéen des dix dernières années.
Avec les magiciens du zouglou, il faut citer Frédéric Ehui Meiway, qui a donné deux spectacles époustouflants les 18 et 19 décembre derniers, au Palais de la Culture, pour ses 20 ans de carrière. A noter également, en arts plastiques, les Guyzagn qui récompensent les jeunes plasticiens prometteurs.
Mis à part ces spectacles, il faut noter les concerts du nouveau porte- flambeau du reggae ivoirien, Tiken Jah, à Abidjan, à Bouaké et tout récemment à Korhogo.

Michael manque déjà !
Sur le plan international, la mort, le jeudi 25 juin, Michael Jackson des suites d'une crise cardiaque a plongé le monde entier dans l'émoi. Depuis, ses fans continuent de le pleurer.
En 2009, le cinéma ivoirien a sombré dans une léthargie. Seule étincelle dans cette grisaille, le concours de court métrage "Clap Ivoire", qui a vu le triomphe pour sa 9ème édition de Solange Houessenon ( Côte d'Ivoire), lauréate du grand prix du documentaire avec son film "Brûle en moi", lorsque Samson Adjaho (Bénin) mettait dans son escarcelle le Prix de la Fiction.

Les Droits de l'Homme n'ont pas été oubliés
Avec Clap Ivoire, il faut compter "Ciné Droit libre " qui devient un rendez-vous incontournable désormais pour les cinéphiles ivoiriens. La deuxième édition de ce festival s'est déroulée du 5 au 9 septembre dernier à Abidjan, avec le soutien du Goethe Institut Côte d'Ivoire. Piloté par le journaliste Sangaré Yacouba, ce festival donne à voir des films parias, censurés pour la plupart sur de nombreux écrans. Ces films, qui ont la particularité de mettre à nu le piétinement, par les gouvernants, des droits humains, sont projetés en présence des réalisateurs qui échangent avec le public.
Au niveau des arts de la scène, c'était pratiquement le flop. Sauf que la troupe Kagnondé (C'est ainsi que l'on danse) de la Chorégraphe Péhoula Zéréhoué qui a représenté la Côte d'Ivoire aux derniers Jeux de la Francophonie à Beyrouth au Liban.
Aussi, l'autre activité de scène qui a tout de même honoré la Côte d'Ivoire, c'est le Festival Wassa qui était à sa quatrième édition. Organisé par l'Ivoirienne Martha Diomandé, Présidente de l'Association Zassa Culture (ACZA) qui regroupe des Français et des Africains, ce festival a offert une tribune d'expression aux artistes ivoiriens à Rennes en France du 27juin au 9 juillet 2009. Le cinéaste ivoirien Honoré N'Zué et les artistes Yodé et Siro ; Boni Gnaoré et la conteuse Woupi Kohou ont dignement représenté la Côte d'Ivoire.
En 2009, les artistes n'ont pas fait que chanter et danser. Ils ont hélas aussi pleuré. Avec le rappel à Dieu de certains d'entre eux, notamment la talentueuse chorégraphe Péhoula Zéréhoué, Directrice de Kagnondé.
Comme elle, Benjamin Django, comédien, s'est aussi endormi pour l'éternité, après une lutte âpre contre un mal pernicieux qui le rongeait.
2009 aura été marquée aussi par la rétrocession du Bureau ivoirien du Droit d'Auteur (BURIDA) aux artistes avec l'élection de Gadji Céli à la présidence du conseil d'Administration. Cette année, la Culture ivoirienne n'a pas resplendi. Peut-être qu'en 2010, elle sera meilleure. C'est tout le mal qu'on lui souhaite à l'orée de cette nouvelle année.
Jean- Antoine Doudou

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