lundi 1 février 2010 par Le Patriote

La pression internationale se renforce sur la Côte d'Ivoire, appelée à organiser rapidement un scrutin présidentiel reporté depuis 2005, mais dont la préparation s'est depuis peu sérieusement enrayée, avec une controverse sur la liste électorale. Plutôt que de renouveler comme d'habitude, pour six mois, le mandat de la force de l'ONU présente dans le pays, le Conseil de sécurité des Nations unies a choisi jeudi, de lui donner simplement quatre mois supplémentaires. Objectif: pousser à la tenue de l'élection "d'ici au 31 mai", échéance pour un "réexamen entier" des mandats de l'Opération de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) et de la force française Licorne qui l'appuie. Samedi dernier, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon s'est montré encore plus pressant, jugeant "vitale" la tenue du scrutin "avant fin mars 2010". Six fois reportée depuis la fin du mandat du président Laurent Gbagbo en 2005, l'élection est censée clore la grave crise née du coup d'Etat manqué de septembre 2002 qui a coupé le pays en deux. L'ultimatum de l'ONU, relayé par le patron de la Banque mondiale en visite cette semaine à Abidjan, intervient alors que la présidentielle reste officiellement prévue pour "fin février-début mars", période fixée fin 2009. Mais le processus électoral, déjà passablement laborieux, a été depuis lors, bouleversé par une crise imprévue.

Depuis le 9 janvier en effet, la Commission électorale indépendante (CEI) qui a la haute main sur l'organisation du scrutin, est accusée par le président Gbagbo et ses partisans, de "fraude" dans l'élaboration de la liste des votants. La CEI s'est défendue de toute faute, mais a dû reconnaître un "dysfonctionnement manifeste" après qu'un fichier "parallèle" d'électeurs - à usage purement "interne" selon elle - s'est retrouvé dans ses antennes locales. L'enjeu est de taille: parvenir à une liste électorale consensuelle qui conjure, au moins en partie, les contestations post-scrutin qui replongeraient la Côte d'Ivoire dans les violences. D'un caractère très sensible, cette crise a sérieusement affecté la préparation du scrutin. Sur décision du Premier ministre et chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro, le travail de la CEI sur la liste a dû faire l'objet d'un réexamen. Mais cette tâche a pris du retard. Une prorogation attendue du traitement des contentieux sur la liste, réclamée par le camp Gbagbo pour valider plus d'électeurs, n'a toujours pas été annoncée. "On stagne", se lamente une source diplomatique occidentale. "La machine est en panne", ajoute un expert, pour qui le processus est suspendu à l'évolution judiciaire de "l'affaire". Sur instruction du ministre de l'Intérieur, un proche de M. Gbagbo, une enquête a en effet été ouverte sur la présumée "fraude" à la CEI. Dans l'attente de ses résultats - censés être dévoilés très prochainement - la tension, soudain accrue, ne baisse pas. Le camp présidentiel semble désormais tenir pour acquise une démission du chef de la CEI, Robert Beugré Mambé, qui s'y refuse fermement. L'opposition, dont M. Mambé est membre, accuse en retour, le pouvoir de viser un nouveau report de l'élection. Elle soupçonne Laurent Gbagbo de vouloir faire traîner les choses jusqu'au cinquantenaire de l'indépendance ivoirienne en août. Voire jusqu'en octobre, qui le verrait boucler 10 ans de présidence, échéance symbolique qui, dans la classe politique est l'objet de bien des fantasmes.

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