mardi 2 février 2010 par Le Nouveau Réveil

Depuis le 18 janvier dernier, le ministre de l'Intérieur Désiré Tagro a écrit aux préfets et sous-préfets pour leur demander de reprendre en mains le processus en recevant les réclamations à lui transmettre. Si dans la grande majorité des villes ivoiriennes, la volonté de Tagro n'est pas suivie, il se trouve quand même des localités dans lesquelles cette correspondance curieuse fait des vagues. Les membres du corps préfectoral tentent de se substituer par tous les moyens aux structures appropriées.

En demandant au corps préfectoral de "sensibiliser les populations et les inviter à déposer dans les brefs délais auprès des sous-préfets de leur circonscription toutes réclamations à savoir les omissions de nom, les inscriptions de personnes étrangères sur la liste électorale, ainsi que les erreurs sur les noms, et/ou sur les dates et lieu de naissance. Le sous-préfet devra adresser toutes les réclamations et dénonciation au procureur de la République sous le couvert du préfet de département et le préfet fera la synthèse de ces requêtes qu'il transmettra au procureur de la République avec copie au cabinet du ministre de l'Intérieur", le ministre rouvrait ainsi le contentieux alors même que depuis le 09 janvier, il était arrêté, conformément au chronogramme de la CEI, seul organe habileté, au regard de la loi, à organiser et à suivre le processus électoral.

Dans la logique donc de ce que Tagro demande à l'administration territoriale, bien de préfets et sous-préfets, sous la houlette des barons locaux du FPI tentent de tripatouiller par tous les moyens la liste électorale. Soit pour y retirer des noms ou pour y ajouter des noms.

A San Pédro et à Grand Béréby, la presse a récemment révélé que le sous-préfet central, M. Djiké Raymond Claude, a cautionné, avec l'appui du député FPI, la tentative de récupération du processus, en faisant signer des requêtes de radiation des centaines d'électeurs qui ne seraient pas Ivoiriens, en même temps que d'autres requêtes d'ajout des "oubliés" sont signés. A Duékoué, le FPI fait signer, à travers son fédéral, par 5 individus des requêtes de radiation de plus de 2500 hommes. A Bloléquin, le secrétaire général de la préfecture, M. Zahouéla a convoqué dans la soirée du jeudi dernier des chefs de villages (dont ceux de Bloléquin, de Yoya, de Goya ; de Djoya Dokin) pour leur remettre deux sortes de fiches. Les fiches blanches sont à remplir avec les noms des Ivoiriens qui ne seraient pas sur la liste provisoire et la fiche grise à remplir avec les noms des non-ivoiriens qui seraient sur la liste. Une fois remplies, ces fiches devaient lui être retournées. Il dit avoir eu des instructions du ministère de l'Intérieur par le biais du responsable régional de l'ONI, M. Déza. A M'bahiakro, selon ce que nous avons appris hier, le sous-préfet, M. Alain Djédjé, le 27 janvier dernier à 18 heures, s'est rendu au siège local de la CEI, pour dire : "désormais, c'est nous qui avons en charge la gestion du contentieux, selon le ministre Désiré Tagro, car, Mambé a fauté".

En agissant ainsi, ces autorités préfectorales se présentent comme des complices actifs de la violation de la Constitution de 2000 qui institua la Commission électorale indépendante et du décret de Gbagbo qui l'a mis en place. Mais aussi et surtout, elles se présentent comme des obstacles à la réalisation du chronogramme électoral et au travail de la CEI. Elles foulent aux pieds l'accord politique de Ouagadougou (dont Tagro est le maître d'?uvre pour le camp présidentiel) et elles défient les Résolutions 1842 et 1911 du Conseil de Sécurité de l'ONU qui ont décidé "que toute menace contre le processus électoral en Côte d'Ivoire, en particulier toute attaque contre toute atteinte portée à la Commission électorale indépendante chargée d'organiser les élections, ou à ses activités ou celle des opérateurs agrées. Constitue une menace contre le processus de paix et de réconciliation nationale", et rappellent que le Conseil de Sécurité "est parfaitement prêt à imposer des sanctions ciblées en vertu du paragraphe 20 de sa Résolution 1893 (2009), notamment à l'encontre de personnes dont il se sera avéré qu'elles menacent le processus de paix et de réconciliation nationale en Côte d'Ivoire" Les préfets et sous-préfets, à la suite de leur ministre, à qui ils veulent coûte que coûte obéir, s'exposent ainsi aux sanctions des Nations Unies.

Eddy PEHE

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