par Abidjan.net

La Banque africaine de développement (BAD) a rendu public, son rapport sur les perspectives économiques 2023 en Afrique, ce mercredi 24 mai 2023, en marge de ses assemblées annuelles qui se déroulent en terre égyptienne. A l'instar de la thématique des travaux desdites assemblées, le rapport sur les Perspectives économiques en Afrique 2023 a porté sur « Mobiliser les financements privés en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ». 

Ainsi, le rapport relève que "les économies africaines restent résilientes face à de multiples chocs" tout en décrivant que « la publication des Perspectives économiques en Afrique 2023 intervient à un moment où les pays africains sont confrontés à de multiples chocs, tels que les effets de la pandémie de Covid-19, les perturbations des chaînes d?approvisionnement exacerbées par l?invasion de l?Ukraine par la Russie et le resserrement des conditions financières mondiales. »

Puis d?ajouter que « ces chocs ont entraîné une réduction du taux de croissance réel du produit intérieur brut (PIB) du continent de 4,8 % en 2021 à 3,8 % en 2022. Cependant, les économies africaines restent résilientes avec une croissance moyenne qui devrait se stabiliser à 4,1 % en 2023-2024 ».

Ces perspectives de croissance sont toutefois soumises à d'importants risques de dégradation dus, notamment à quatre principaux facteurs. Premièrement, à une croissance mondiale modérée qui pèse sur les exportations africaines et à la persistance de conditions financières mondiales tendues qui exacerbent les coûts du service de la dette, à deuxièmement, des pertes et dommages importants dus aux événements climatiques extrêmes fréquents qui accentuent les pressions budgétaires, à troisièmement, l'invasion prolongée de l'Ukraine par la Russie qui a accru l'incertitude mondiale, et enfin, aux perturbations persistantes des chaînes d'approvisionnement mondiales. D'autres facteurs incluent des risques géopolitiques élevés en raison des élections nationales à venir dans certains pays.

Les Perspectives économiques en Afrique 2023 soulignent l'urgence d'accélérer l'action climatique et les transitions vertes pour stimuler le développement inclusif et durable du continent. Les nouvelles études de la Banque basées sur les dernières contributions déterminées au niveau national (CDN) soumises par les pays africains estiment que le financement du secteur privé devra augmenter de 36 % par an jusqu'en 2030 pour combler le déficit de financement climatique du continent, évalué en moyenne à 213,4 milliards de dollars américains par an. Cela sera important pour répondre aux besoins de financement climatique du continent, estimés à 2800 milliards de dollars sur la période 2020-2030, soit 250 milliards de dollars par an. Débloquer le financement climatique privé nécessitera de s'attaquer aux obstacles liés à la demande et à l'offre tout en développant des instruments de financement innovants pour exploiter les énormes opportunités d'investissement du continent dans le climat et la croissance verte.

Le rapport souligne également le rôle important de l'énorme capital naturel de l'Afrique, évalué à 6200 milliards de dollars en 2018, pour combler le déficit actuel de financement climatique et promouvoir les transitions vers une croissance verte. Grâce à une gestion durable, l'abondant capital naturel de l'Afrique peut être transformé en actifs financiers pour compléter le financement de l'adaptation et de l'atténuation des changements climatiques, ainsi qu'en investissements qui soutiennent les transitions vers une croissance verte. Cela nécessitera le déploiement de politiques et d'instruments appropriés, y compris des instruments fiscaux, pour mieux comprendre la valeur réelle du capital naturel de l'Afrique et renforcer le contenu local et la valeur ajoutée. Il s?agira également de renforcer les capacités institutionnelles pour combler les lacunes en matière de gouvernance qui ont empêché le continent d?exploiter pleinement le potentiel de ses richesses naturelles, et de créer des chaînes de valeur et des marchés régionaux pour bénéficier des synergies interrégionales.

Robert KRA, à Sharm-EL-Sheick (Egypte)

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