vendredi 5 mars 2010 par Nord-Sud

Malgré les efforts déployés par la Compagnie ivoirienne d'électricité pour minimiser l'impact des délestages provoqués par l'Etat, le constat reste le même. Une partie de la population en veut à l'opérateur.

Les conséquences de l'avarie survenue sur l'une des turbines de la centrale thermique d'Azito sont incalculables. La production électrique a décroché et la fourniture en courant est devenue quasiment aléatoire. Le déficit provoqué par cette panne est de 150 mégawatts. Mais en période de pointe, il peut culminer à 250 mégawatts. Face à la réduction des capacités de production, l'Etat et la Compagnie ivoirienne d'électricité ont aménagé un programme national de délestage. Ce programme, selon l'autorité publique, est bâti sur un certain nombre de critères objectifs dont le poids économique, le caractère névralgique des sites, etc. Autant dire que la durée du rationnement dans les différentes zones se mesure à leur importance. Ce message, pourtant clair, a du mal à traverser la cité de la Nawa où les lampes s'éteignent, chaque jour à partir de 18 heures pour se rallumer le lendemain à 9 heures. En effet, les populations de Soubré estiment que le régime qui leur est appliqué, n'est pas supportable. Nous acceptons les désagréments mais le rythme qui nous est imposé, est frustrant d'autant que les localités voisines ne sont pas affectées à ce niveau, s'offusque le préfet de département Georges Gueu Gombagui, au cours d'une réunion avec les responsables de la compagnie à Soubré. L'administrateur civil affirme que la période d'interruption du courant porte un coup dur à l'activité économique sur son territoire et cause un préjudice énorme aux élèves qui n'arrivent plus à apprendre leurs leçons. Les populations voulaient se soulever mais nous avons réussi à circonscrire leur colère, assure-t-il. Effectivement, la section locale de la Fédération des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (Fesci) s'est montrée très active ces derniers temps. Les velléités de vandalisme sont de plus en plus prononcées et le mouvement ne cache plus son intention de passer à l'offensive. Le délégué départemental Roland Bêh a avoué que son mouvement prépare un raid contre les installations de la Cie et pourquoi pas une descente punitive à Yacolidabouo, le village du président du conseil d'administration du groupe Marcel Zadi Kessi. C'est d'ailleurs ces menaces qui ont obligé le préfet à solliciter auprès de l'opérateur, une rencontre d'échan­ges avec les populations. Pour le jeune Bêh, la Cie doit tout mettre en ?uvre pour minimiser les incidences du délestage et satisfaire les attentes des populations locales en leur permettant d'avoir de l'eau et de l'électricité. Si rien n'est fait, nous allons passer à l'action , a-t-il râlé malgré les éclairages éblouissants des dirigeants de la compagnie. En effet, le secrétaire général, Mathias Kouassi, a expliqué que le déficit d'électricité est consécutif aux retards d'investissements que l'Etat aurait dû réaliser. Ce qui entraîne un déséquilibre entre l'offre et la demande avec un profil de consommation nettement en hausse. Un manque de prévision des autorités qui met à nu de réels problèmes de gouvernance au sommet. A cela s'ajoutent les impacts climatologiques. Cet aspect n'est pas négligeable, et le gestionnaire du réseau souligne souvent l'assèchement des barrages. Conséquence, la disponibilité de l'énergie hydraulique s'est un tant soit peu étiolée. Quant aux autres modes tels que la biomasse, le photovoltaïque, le géothermique, ils ne sont pas effectifs ici. Dans tous les cas, ces modes présentent d'importantes contraintes techniques et apportent des réponses limitées. La Fesci et le Cojep de Soubré auront-ils la compréhension nécessaire pour renoncer à leur funeste projet ?

Lanciné Bakayoko, envoyé spécial à Soubré

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