lundi 12 avril 2010 par Le Nouveau Réveil

Mon général !
J'ai lu avec émerveillement, les propos que tu nous as servis, dans "Le Nouveau Réveil" du mercredi 7 avril 2010 n° 2489 lorsque tu recevais tes mamans, tes s?urs, les femmes du Rhdp. J'ai failli tomber à la renverse. J'ai remis trois fois mes lunettes, pour bien m'assurer qu'il s'agit du Philippe Mangou que j'ai connu à l'Efa, puis au BB ou bien s'il s'agit d'un autre Mangou.
Mon frère ! Je suis surpris par ton inélégance, et ta discourtoisie, vis-à-vis de ces pauvres dames qui se sont déplacées pour te faire une leçon de 1ère année, dans les écoles de guerre voire en prépa à St-Cyr. Tu as tout dit sauf ce qui est vrai. Tu as dit à ces dames " qu'elles ne connaissaient pas l'histoire de ce pays, erreur! As-tu pris le temps de dévisager toutes ces dames que tu rencontrais ce jour-là ? Je ne le pense pas. Oui ! Tu as 38 ans d'armée, disons plutôt d'armes " Nous nous connaissons. Philippe, tu n'as jamais sauvé la République. Ceux qui ont sauvé la République, j'en fais partie, mais un adage dit : " Fais et laisse dire ". Les héros qui ont sauvé la République sont mes frères Gohoré, Creppy, Remark et autres. Te souviens-tu des échauffourées qu'il y a eues à la place d'armes de la Firpac ? Ce jour-là, si Dieu n'était pas avec la Côte d'Ivoire, tout allait brûler. Le colonel Boti Bi Goré avait décidé de faire avec le général Guéi. Tu dis dans ton intervention que " le cousin du général Guei était venu nous voir pour qu'on aille contre Bédié ", nous nous sommes opposés. En parlant de nous, de qui parles-tu ? Car, les vrais officiers qui avaient pris position sont encore en vie sauf mon frère que je n'oublierai jamais, feu Remark (paix à son âme), grand soldat, courageux, connaissant les travers de l'armée comme ses dix doigts. C'est parce que Remark est mort que ceux qui ont tenté le coup d'Etat l'ont réussi. Ce n'était que des caporaux, des hommes du rang et quelques sous-officiers, où étais-tu ? Arrête de te vanter. Ce n'est pas le Sergent Boka qui nous a conduits au " cagnafan ". Pardon, disons à la Mama, tu me disais sans cesse : " Mon colo, c'est fini pour nous. Si Guéi revenait, il ferait de nous des boucliers humains ". Je te rassurais en ces termes, " Mon petit, calme-toi, Guéi sera tellement pris par ces jeunes gens qu'il ne se souviendra pas des prisonniers que nous étions. En te lisant, j'ai vu en face de moi un militant du camp présidentiel. Non, ces propos ne sont pas dignes d'un officier, truffés qu'ils sont de contre-vérités grossières. Tu es de quelle promotion de l'Ecole de guerre, sinon de St-Cyr ? Mon frère, nous nous connaissons dans cette armée, où ce sont les enveloppes bourrées de billets de banques qui règlent tout. Pour ma part, j'ai honte d'être militaire ivoirien. Nous devrions raser les murs après la débâcle qu'on nous a infligée à Tiébissou, à Bouaké, à Sakassou, à Vavoua, à Daloa. Arrêtons de gesticuler inutilement. Qui sont ceux que nous qualifions de rebelles aujourd'hui ? Ce sont ces soldats qui étaient sous nos ordres : le Sgt IB était à la Gsp, spécialiste des arts martiaux ; Issiaka Wattao, également sportif et cuisinier ; Tuo Fozié, grand athlète ; Morou Ouattara, boxeur, au Gdfm ; Chérif S., lui aussi à la Firpac etc, etc. sauf Soumaila Bakayoko qui était au génie à Bouaké. Nos soldats nous ont humiliés, rentrons dans nos coquilles et cherchons à aller à la paix. Nous sommes fatigués. Ce qui était posture est mué en réalité. Fais tienne cette parabole. Je suis de loin ton aîné dans les armes et aussi dans la vie. Mon grade de colonel-major me suffit largement à la retraite. On dit chez nous " que la bouche d'un vieillard sent peut-être mauvais mais pas ses paroles ". Alors, relis ton intervention. Que de contradictions ! Revois ta copie. L'armée mérite mieux que cela. Hé oui, que ne nous disaient-ils pas les généraux, Thomas D'Aquin, Ibrahima Coulibaly, Colonel Oulaï Zahon Gaston, Colonel Sam Koffi, Colonel Fanny, Colonel Médiombo, j'en passe. Ces valeureux soldats qui ont porté l'armée sur les fonts baptismaux et qui ont fait que notre armée, quand bien même sans équipement en son temps, était respectée dans la sous-région. Cadet Mangou, tu es pressé, trop pressé. Sois heureux, ne regrette rien, n'attends rien, ce qui doit t'arriver est écrit dans le livre que feuillette au hasard le vent de l'éternité. Mon cher cadet, sachons raison garder. Sais-tu que pour que l'opposition accepte son entrée au gouvernement le Premier ministre Soro a usé de toutes les diplomaties jusqu'à la prosternation ? Le gouvernement est le dernier souci de l'opposition, Général ! Si tu es vraiment une foudre de guerre, va désarmer les Forces nouvelles ! Et puis à t'écouter, tu es un ennemi de l'Apo. Et si l'opposition refusait d'entrer dans le gouvernement, qu'est-ce qui adviendrait de l'Apo ? Voyons bien : en cinq ans, tu as franchi toutes les étapes pour être général de division. Et puis, tu sais comment le colonel Kessé Antoine est arrivé à la tête du BB ! Quand toi, tu es devenu l'adjoint, ce sont les divergences dans la façon de conduire notre armée qui ont opposé Guéi à Doué à l'époque tout puissant commandant du BB. Alors, on a préféré trancher en faveur du plus gradé en affectant Doué en Chine. Tu parles de Djédjé Mady qui s'est agenouillé devant les Fn pour faire amende honorable. Qu'est-ce qui est déshonorant dans ce geste ? Bien au contraire, c'est parce que tu as été incapable, parce que tu as échoué que Djédjé Mady a posé ce geste. Pour le militaire que je suis, j'ai honte de tes propos.
Tu vois, je m'emploie, à m'adresser à toi, parce que, tu n'as jamais sauvé la République, ni sous Houphouët-Boigny, ni sous Bédié où tu ne décideras de rien, et si cela avait été vrai, n'es-tu pas le beau d'Angama Koffi, voire de Bédié, où est le mal ? Ce jour-là, Akouédo était divisé en deux. Les pro-putschistes conduits par le colonel Kessé Antoine et autres dont je tais volontiers les noms et ceux qui étaient pour la sauvegarde de la République, en tête, le colonel Boti-Bi Goré, un intellectuel, pur et dur. Le commandant Remark, le colonel Baya, à ne pas confondre avec le général M'bahia Philippe. Où étais-tu quand, à la place d'armes de la Firpac, le capitaine Creppy criait à tue tête : " Le coup d'Etat ne passera pas ? " Oui, les vrais héros, on les a connus ! Et puis revenons, tout près de nous, à la crise de Bouaké. Si tu étais un vrai stratège, tu aurais pu prendre Bouaké, malgré la destruction de nos avions. Je t'ai supplié de nous laisser entrer. Nous étions à quelques encablures de Bouaké, sur la route de Sakassou, lorsque par message radio, tu m'as intimé l'ordre de retirer les troupes. J'ai été déçu, et voilà qu'après que certains de nos élèves nous eurent humiliés, on te donne des étoiles, avec lesquelles tu menaces tout le monde. J'ai le c?ur qui saigne. Sois réaliste. Pour tout bon militaire, élu impartial, la défense des citoyens et du territoire doivent être son leitmotiv. Laisse la politique aux politiciens : que fais-tu à la télévision ? Tu parles d'un peuple belliqueux. Détrompe-toi, le bellicisme n'a jamais été le fort de l'Ivoirien. La paix, rien que la paix. L'amour, c'est ce qui constitue l'Houphouétisme. Des soldats, disons des soudards à la gâchette facile tirent à balles réelles sur d'innocents citoyens, suite aux ordres que tu leur donnes. Ils n'ont eu aucune formation de base. A voir, un soldat se mettre au garde-à -vous, on se croirait sur des planches de théâtre. Toujours mal habillés, nos soldats sont devenus des clochards de la société. Voilà, mon général, ce qu'on te demande de rectifier, de corriger : redonner à notre armée, ses lettres de noblesse qui faisait d'elle l'armée la plus disciplinée dans la sous-région. Notre armée n'existe que de nom. Les grades n'ont plus de valeur. En cas de guerres, on ne reste pas dans son salon climatisé et puis un matin, un décret sort de je ne sais quel bureau pour te placarder sur les épaules des étoiles. Une chose est sûre, chaque Ivoirien a, au moins, un parent dans notre armée. Une minorité ne tiendra pas éternellement la majorité sous son joug. On tue délibérément, on saccage, on nomme à des postes juteux, selon les patronymes. Dans l'armée, c'est le désordre organisé. Un caporal, en un an de fonction, peut devenir, subitement, lieutenant on ne sait par quel tour magique, parce qu'il vient de là-bas, suivez mon regard Le langage qu'on entendait n'est pas fait pour arranger les choses. Où allons-nous avec ces comportements d'irresponsables ? Chacun de nous a sa langue de serpent, sinon vipèrine, qui sait aussi menacer et lancer des piques Philippe. Tu es militaire comme moi. Henri IV disait : "Le meilleur moyen de se défaire d'un ennemi est d'en faire un ami"
Ex : Doué Mathias :
A bon entendeur, salut !
Ton aîné, frère d'armes
M.T, colonel-major à la retraite
A bientôt !

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