lundi 3 mai 2010 par L'expression

L'autorité des chefs traditionnels et autres guides religieux est entachée. Les têtes couronnées ne sont plus les bienvenues dans la décrispation du climat politique entre le chef de l'Etat et son opposition coalisée au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Pour la marche prévue le 15 mai, le Rhdp n'entend plus recevoir de leçons des chefs traditionnels et des hommes de Dieu. Pour, dit-on, les amadouer à l'effet de surseoir à leurs manifestations de rues. Vendredi 30 avril, à San Pedro, dans une salle du Rotary, pleine à craquer, Jean Blé Guirao, ulcéré par les man?uvres indignes de leur rang de garants de la cohésion sociale, les a publiquement dénoncés. Quand Gbagbo tourne les acteurs de la crise en bourrique, louvoie avec la date des élections, ils restent muets comme des carpes. Chaque fois que nous voulons protester pour exprimer notre ras-le-bol, ils freinent notre élan. Par courtoisie pour eux, nos leaders ont avalé des couleuvres. Nous avons été floués dans toutes ces médiations, fulmine-t-il. Et de poursuivre: face à l'ouragan qui va emporter Gbagbo le 15 mai, ils se sont mis en branle. A preuve, des lettres fusent de partout pour nous croiser et, sûrement, nous dissuader de marcher. La médiation de ces faux chefs est désormais vouée à l'échec car nous ne lâcherons pas du lest cette fois-ci, a martelé Blé Guirao.
C'est en mission dans le Bas-Sassandra pour sonner la mobilisation autour de la marche des 15, 16, 17 mai que le messager du directoire du Rhdp a désavoué les gardiens de la tradition, les pontifes, et les oulémas injustes, partiaux et corrompus.
Le chef de la délégation du Rhdp, dans son adresse aux militants, a passé en revue la situation sociopolitique (cherté de la vie, chômage, délestage, l'école, le report successifs des élections, les tueries de militants) pour aboutir à la conclusion que les Ivoiriens ont perdu toute leur dignité, sous la refondation. Ce n'est pas une fatalité, le temps est venu de vous lever et défendre votre dignité , a-t-il galvanisé. Blé Guirao est convaincu que du 15 au 17 la Côte d'Ivoire sera libéré. Car, ponctue-t-il, Gbagbo va partir ou va fixer la date du 1er tour de l'élection présidentiel.
La récente sortie du ministre de l'Intérieur, aux yeux de l'ex-patron de la jeunesse du parti arc-en-ciel, est inconvenante et injustifiée. A l'argument de la force que s'apprête à brandir le 1er policier, la figure de proue de la lutte juvénile lui oppose l'argument du droit. Selon Guirao, la Constitution consacre les marches, les sit-in, comme des moyens légaux de protestations en démocratie. Pour cette raison, déduit-il, toute immixtion de Tagro dans la tenue de la marche qui ne vise pas à discuter des modalités d'encadrement des marcheurs sera, prévient-il, considérée comme une provocation. La nouvelle de la présence des présidents Bédié, Alassane, Mabri, Anaky a ravivé d'un cran l'ardeur militante des houphouétistes. Le quatuor de présidents, à en croire Blé Guirao, viendra doper l'engagement des marcheurs pour, dit-il, arracher le pouvoir d'Etat des griffes de Gbagbo.
La veille, Blé Guirao de l'Udpci et Sadié Arsène du Mfa ont procédé à l'investiture des bureaux des coordinations Rhdp de San Pedro, Soubré, Tabou, Sassandra, Guéyo. Georges Denise, coordonnateur général du Bas-Sassandra, a pris l'engagement de faire de la marche du 15 un succès. Car, prophétise-t-il, quelque chose va se passer.

Dosso Mourlaye
Correspondant régional

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