mardi 4 mai 2010 par Le Nouveau Réveil

Nous fêtons aujourd'hui la 17ème Journée mondiale de la liberté de la presse, en ce lundi 3 mai 2010, dans une Côte d'Ivoire qui, bien que secouée par une situation sociopolitique difficile sans précédent, engendrée par la rébellion du 19 septembre 2002, demeure la locomotive de la sous-région ouest-africaine en bien des domaines, notamment dans le domaine de la presse. Et, c'est dans ce contexte qu'il est donné au Groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire (GE PCI), ainsi qu'aux autres organisations du secteur de la presse de se pencher sur le thème : " Les médias ivoiriens : les acquis de 50 ans et les combats de demain ". En cinq minutes !
En cinq minutes seulement, donc, puisque c'est le temps qui nous est imparti, nous allons nous livrer à un survol, très rapide de notre sujet.
Les médias ivoiriens : les acquis de 50 ans et les combats de demain.
Oui, en 50 ans, les médias ivoiriens ont glané des acquis. Sans être exhaustif, je dirais que déjà en 1990, avec le retour de la Côte d'Ivoire au multipartisme, ce fut aussi l'ouverture médiatique. Six ans après, on dénombrait 187 titres sur le marché ivoirien, paraissant régulièrement et épisodiquement. Au demeurant, le gain de la presse ivoirienne ne se chiffre pas seulement en nombre et en multiplicité de titres. C'est surtout un marché économique, florissant en des moments avant la crise du 19 septembre 2002 avec la division du pays en deux. A titre d'exemple, le chiffre d'affaires global de la presse, tant nationale qu'internationale, vendue en Côte d'Ivoire, au cours de l'exercice 1994/95, a généré 6 milliards 800 millions de francs CFA.
Indirectement et modestement, pourrions-nous dire, la presse contribue à lutter contre le chômage des jeunes diplômés ivoiriens.
Au titre des acquis, je citerai, surtout, la loi du 14 décembre 2004 portant régime juridique de la presse en Côte d'Ivoire. Grâce à cette loi, la presse passe de l'informel à un stade de secteur formel. Désormais, n'importe qui ne devient plus journaliste et n'importe qui ne crée plus une entreprise de presse, la loi définissant des critères pour exercer ces deux métiers : le métier de journaliste et le métier d'éditeur de presse. Pour tout dire, la loi du 14 décembre 2004 rétablit l'ordre dans ce secteur d'activité et clarifie les droits et devoirs du journaliste, mais aussi ceux de l'Etat.
Au nombre des acquis, le GEPCI mentionnera la suppression des peines privatives de liberté pour délit commis par voie de presse en attendant qu'on aboutisse un jour à une dépénalisation totale des délits de presse. Notons aussi la mise en place effective de la Commission paritaire de la carte nationale d'identité du journaliste professionnel. Il faut également parler des aides indirectes de l'Etat tel le Fonds de soutien au développement de la presse (FSDP). A ce niveau, il faut souligner la mise en place du Conseil de gestion de ce fonds au sein duquel siègent les représentants de toutes les associations professionnelles du monde de la presse ivoirien. Ce Conseil de gestion du Fonds de soutien au développement de la presse a aidé, en 2009, dix (10) rédactions d'entreprise de presse et des associations professionnelles de la communication, selon des critères définis, en les dotant de matériel roulant et de matériel informatique, sans oublier la subvention financière de deux (2) millions allouée aux associations professionnelles (Gepci, Unjci et Synappci). La session qui s'ouvre va mettre l'accent sur la direction exécutive sur FSDP et sur de Fonds de garantie.
Aussi, grâce à des négociations menées par le Groupement des éditeurs de Côte d'Ivoire, l'Etat a-t-il consenti des exonérations d'impôts pendant trois ans (2008-2011) aux entreprises de presse.
Enfin, au titre des acquis, le GEPCI mentionnera la Convention collective révisée, signée en février 2008, qui, une fois tous les paramètres maîtrisés, sera appliquée et permettra, dans les tout prochains jours, aux patrons de presse d'améliorer le statut social de leurs collaborateurs que sont les journalistes et les professionnels de la communication afin que ceux-ci vivent convenablement de leur métier.
Mesdames et messieurs, malgré les quelques acquis mentionnés, la liberté de la presse est, dans une certaine mesure, sous une chape de plomb. Le Groupement des éditeurs de Côte d'Ivoire (GEPCI) voudrait citer des entraves qui constituent des freins à l'épanouissement de la liberté de la presse en Côte d'Ivoire.
Nous n'avons de cesse de dire que sans la liberté économique, toute autre forme de liberté est un leurre. Et la liberté éditoriale des journaux ivoiriens n'échappe pas à cette réalité. C'est pourquoi, nous demandons à l'Etat de clarifier la situation sur la taxe sur la publicité prélevée depuis 1996. Ce que les entreprises cotisent doit être reversé au Conseil de gestion du Fonds de soutien au développement de la presse. L'Etat doit aussi aider les entreprises au niveau de l'impression et de la distribution des journaux. L'Etat doit penser ici et maintenant à mettre en ?uvre l'article 101 de la loi portant régime juridique de la presse afin qu'une partie de l'argent frais soit injecté dans les entreprises de presse légalement constituées. D'autres éléments constituent des entraves à l'expression de la liberté de la presse dans notre pays. Le Conseil national de la presse (CNP), organe de régulation, doit s'adapter à la loi 2004-463 du 14 décembre 2004. Tous les conseillers, pour donner au CNP une dynamique nécessaire, doivent être nommés, par décret, au même titre que le président et le secrétaire général. Le GEPCI note également que le non accès de tous les journalistes aux sources de l'information publique est une menace sérieuse pour la liberté de la presse. Il faut des mesures législatives pour corriger cette entorse. En outre, les éditeurs de presse souhaitent que le président de la République saisisse l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse pour faire achever le débat sur la dépénalisation des délits de presse, ou la suppression de la peine privative de liberté, en choisissant, comme le suggère l'UFP, l'option des peines pécuniaires raisonnables.
Je ne saurais parler des entraves à la liberté sans mentionner la sécurité des journalistes et des professionnels de la communication et la sécurisation des entreprises de presse. Il est bon de souligner, à ce niveau, les descentes musclées de certains éléments des Forces de défense et de sécurité, de certains éléments incontrôlés de la FESCI et de l'UNESCI dans des rédactions, pour se faire justice, en lieu et place d'un procès ou d'un simple droit de réponse. Nous notons également le cambriolage nocturne des entreprises de presse par des inconnus. Des enquêtes ont été ouvertes par la police, mais n'ont jamais été bouclées

Mesdames et messieurs,
Les maux sont nombreux qui jouent contre la presse et donc contre la liberté de la presse. Le GEPCI mentionnera, pour finir, la partition du pays en deux. Les conséquences sont désastreuses pour la libre circulation de nos journaux sur toute l'étendue du territoire national. Que ce soit au Sud ou au Nord, la liberté de la presse est souvent violée, prise en otage, donc sa situation est précaire, pour ne pas dire, hypothéquée.
Pour conclure, le GEPCI fait observer que les Nations Unies, en proclamant le 3 mai, " Journée mondiale de la liberté de la presse", rappellent qu'une presse libre, pluraliste et indépendante est une composante essentielle de toute société démocratique.
Le défi de toute nation, et la Côte d'Ivoire n'échappe pas à cette logique, est de faire en sorte que la liberté de la presse soit préservée pour l'épanouissement des hommes et des femmes qui peuplent la planète Terre.
Bonne " Journée mondiale de la liberté de la presse " en Côte d'Ivoire.
Je vous remercie.


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