mardi 4 mai 2010 par Nord-Sud

Ils sont venus du Niger, du Sénégal, du Ghana, du Burkina Faso, etc, pour aider leurs pairs Ivoiriens à réfléchir aux moyens, pour l'Afrique, d'obtenir son indépendance économique après cinquante ans d'indépendance politique. Eux, ce sont les intellectuels qui, pendant trois jours, ont décortiqué le thème : Les conditions économiques de l'indépendance à l'ère de la mondialisation : Mythes et réalités en Afrique de l'Ouest , à travers 24 communications, sept ateliers et trois séances en plénières. La gestion des ressources naturelles (la mer, les fleuves, le pétrole), la modernisation des cultures d'exportation, notamment le café et le cacao, la création d'une monnaie autre que le franc Cfa, ont été au centre des échanges. Des réflexions qui s'imposent dans la mesure où, comme le dit l'adage, qui veut aller loin ménage sa monture. Un demi-siècle après son indépendance, comme l'ont reconnu les participants eux-mêmes, le continent n'a pas bien avancé. Elle (l'Afrique) cherche sa voie, a estimé Pierre Kipré, le président de la commission nationale. Pour le Pr Makhtar Diouf de l'Université Chieck Anta Diop, même si l'Afrique n'a pas reculé, elle n'a pas beaucoup avancé. Elle stagne . Il s'agit donc, avec ces assises, selon Pierre Kipré, de léguer aux générations futures, un héritage de développement qui fera leur fierté: Dans cinquante ans, nous ne devons plus tendre la main.
Le pari est grand et il semble être partagé par plus d'un. En témoigne l'union du corps préfectoral et des élus de la région du Bas-Sassandra autour du comité d'organisation. L'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France n'a pas manqué de les féliciter pour leur mobilisation. Autre bon point, la pertinence des échanges. Contrairement au premier pré-colloque qui s'est tenu à Abengourou, Pierre Kipré s'est réjoui de la qualité des propositions faites. A y voir de près, cela pourrait s'expliquer par la dépolitisation des échanges. La rencontre de la Cité de Saint-Pierre étant économique, les participants, des praticiens, se sont voulus plus pragmatiques que politiques.
Monsieur cinquantenaire n'a pas fait que se féliciter des résultats des travaux. Il a promis que les résolutions n'iront pas mourir dans les tiroirs du siège du comité sis à Cocody. La commission nationale a l'intention, à la fin, à la fois des études, des pré-colloques, du colloque, de faire un document de synthèse accompagné d'un plan d'action sur cinquante ans , a-t-il argué dans notre édition du jeudi 29 avril. De quoi rassurer ceux qui s'inquiétaient de voir l'argent du contribuable jeté par la fenêtre.

Toutefois, si les autorités administratives ont soutenu la cérémonie, le perceptible désintérêt de la population était surprenant. Plus d'un membre de la délégation, venue de la capitale économique, s'est vu poser cette question : Qu'est-ce qui se passe au centre culturel (où se sont déroulées les cérémonies d'ouverture et de clôture, ndlr) ? Un problème d'information ? La volonté des organisateurs d'axer la rencontre sur les réflexions leur aurait-elle fait oublier la nécessité d'impliquer la population ? En tout cas, le constat était clair : la présence de la télévision nationale pour des émissions a été insuffisante pour passer le message. Avant le colloque de Yamoussoukro, la commission nationale déposera ses valises à Gagnoa et Daloa pour développer d'autres thèmes. Toujours en vue de définir les chantiers à construire pour les cinquante années à venir.

Bamba K. Inza

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