lundi 10 mai 2010 par Fraternité Matin

Le ministre de l'Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, est un homme peu bavard : il projette et présente toujours l'image d'un grand timide. En réalité, il est fondamentalement un homme réservé, une synthèse de modestie et de confiance en soi, en ses capacités. Lundi dernier, dans le vol d'air France ralliant Paris à abidjan, il s'est départi, un tant soit peu, de son humilité quasi maladive, pour nous parler de son travail et des résultats escomptés pour la Côte d'Ivoire. avec la satisfaction du devoir bien accompli, il nous a annoncé qu'une très belle surprise arriverait des Etats-Unis d'où il rentrait, après les assemblées annuelles du Fmi et de la Banque mondiale. Deux jours après, la bonne nouvelle est tombée : 45 milliards d'appui budgétaire accordés par la Banque mondiale à la Côte d'Ivoire.

A Washington, le ministre Charles Diby Koffi n'a pas parlé seulement d'économie. Il a dû, avant tout, rassurer les plus hautes autorités de ces institutions internationales sur la situation politique et la sortie de crise. Dans le compte rendu de notre envoyé spécial paru dans Fraternité Matin du mardi 27 avril, le ministre a expliqué les efforts entrepris (après la crise née des dissolutions de la Cei et du gouvernement) par la Cei, le gouvernement et le Chef de l'Etat pour tenir obligatoirement les élections avant la fin de cette année. rassurés par ces propos, les responsables du Fmi et de la Banque mondiale ont décidé d'accompagner et de soutenir fortement la Côte d'Ivoire dans son processus de sortie de crise.

Les hommes politiques ivoiriens, tous les partenaires engagés dans la réalisation technique des différentes opérations et la Commission électorale indépendante doivent savoir qu'ils jouent ensemble leur dernière carte. Ils doivent avoir en mémoire que la confiance est comme la virginité : une fois perdue, il est impossible de la retrouver. C'est pourquoi il serait catastrophique de griller le joker Charles Koffi Diby. Il apparaît encore aux yeux de nos partenaires au développement comme un homme de parole, une signature crédible. Il a, pour lui, la chance d'être adossé à un pays solide et d'avoir su marquer de son empreinte son ministère. En effet, en dépit de la crise qui a terni l'image du pays et la partition du territoire en deux, avec les conséquences qu'on imagine en termes d'évasion financière, fiscale et de pillages éhontés dans la zone Cno, les réformes hardies du ministre de l'Economie et des Finances ont sauvé la Côte d'Ivoire d'une banqueroute que l'on disait programmée.

Aujourd'hui, même si les routes, les écoles, les centres de santé et diverses infrastructures présentent de réels signes de dégradation avancée, il faut avoir le courage de reconnaître
que, du fait de la guerre, la situation aurait pu être pire. Loin de connaître l'apocalypse annoncée par les oiseaux de auvais augure, notre pays, grâce au travail de titan accompli
sans fanfaronnade, par le ministre Charles Koffi Diby, demeure debout, et poursuit, en se conformant à une gestion budgétaire rigoureuse, sa marche en avant.

Des résultats probants ont déjà été obtenus. a preuve, l'année dernière, la Côte d'Ivoire a atteint pour la première fois depuis 1998, un taux de croissance de 3,8%. Ce chiffre est
supérieur à l'évolution de la croissance démographique qui est de 3,5%. Il faut savoir également que le taux d'inflation est le plus bas de l'Uemoa, union qui compte des pays présentés comme des modèles de vie moins chère. Voilà de quoi ramener à plus de réalisme ceux qui font une fixation sur le seul exemple du prix du carburant au Mali, au Burkina Faso, au Sénégal, au Togo, au Bénin, au Niger, etc.

Les Ivoiriens se comportent en afrique comme les Français en Europe : râleurs, contestataires, réfractaires à toute réforme. Ils campent sur un conservatisme désuet et alignent les grèves tout au long de l'année. Comme les Français, ils n'aiment pas beaucoup le travail, mais veulent des richesses pour améliorer leur pouvoir d'achat. Combien d'entre nous savons que 800 milliards de francs de notre dette ont déjà connu une annulation intermédiaire en guise d'encouragement
aux efforts accomplis sans tapage en vue de la restauration des grands équilibres ?
MM. Dominique Strauss Khan et robert Zoellick (du Fmi et de la Banque mondiale) sont venus en Côte d'Ivoire pour annoncer que les vannes vont s'ouvrir pour une nouvelle pluie de milliards sur ce pays. a une seule condition : l'organisation des élections.

Cette démarche des institutions de Bretton Woods est aussi, quelque part, à mettre à l'actif de Diby. Par ailleurs, en reconnaissance à ses mérites assumés dans une parfaite discrétion, des députés de notre assemblée nationale, toutes tendances confondues, ont décidé de lui rendre
hommage. Ils sont allés lui manifester leur admiration et leur satisfaction, jeudi dernier, à l'auditorium de l'immeuble Sciam. avant l'hommage des parlementaires, c'est le mensuel britannique The Bankers qui le désignait meilleur ministre de l'Economie et des Finances africain de l'année. Diby Koffi incarne la bonne compréhension de la politique. Technocrate, il a accédé à la fonction de DG du Trésor à la suite de l'appel à candidatures initié par Gbagbo dès son arrivée au pouvoir. Pressenti par Charles Konan Banny pour être ministre, il a hésité à
prendre ce poste. C'est le Président Gbagbo qui l'a convaincu d'accepter.

De quel bord politique est Diby ? Personne ne s'en préoccupe. Même pas le Président Gbagbo qui subit des pressions des camarades de parti, désireux d'occuper ce poste éminemment
stratégique. L'essentiel n'est-il pas qu'il fasse bien pour son pays ce qu'il doit ? Combien de ministres ont-ils cette grande compréhension de la mission d'Etat ? Combien, parmi eux, ont-ils cette grandeur d'esprit et cette liberté de pensée ? Combien ne se sentent-ils pas inféodés au point de perdre, entre leurs partis et l'Etat, le sens de la mesure et le discernement ? Merci Diby et bravo d'être si particulier, si singulier ! Votre parti, c'est la Côte d'Ivoire.

C'est ici le lieu d'appeler les Ivoiriens à interpréter les signes et les signaux. Habituellement, les Institutions de Bretton Woods attendent la normalisation complète dans un pays avant d'y engager un programme d'annulation de sa dette. La tendance a toujours été jusque-là au rééchelonnement. Et chaque fois que le processus conduisant à l'annulation est enclenché, le diable apparaît. Sous forme d'un coup d'Etat, d'une rébellion, d'une guerre. L'admission de la Côte d'Ivoire à l'initiative Ppte et surtout les progrès rapides observés dans l'exécution de ce
programme doivent nous interpeller. Pourquoi notre pays bénéficie-t-il tant du soutien et de la compréhension de la communauté internationale ? Pourquoi un pays supposé en guerre a-t-il obtenu un programme avec le point de décision dès le premier jour ? Surtout, nous devons nous garder d'enrayer la belle dynamique amorcée. Cette semaine, Pierre Fakhoury va remettre officiellement la partie rénovée de l'Hôtel Ivoire aux autorités. Le Port autonome d'abidjan, surfant sur la crédibilité et la solidité de notre économie, vient de lancer un emprunt pour financer en partie ses travaux d'extension et de modernisation.
A l'évidence, des frémissements positifs sont nettement perceptibles. Il serait criminel de saborder tous ces projets porteurs d'emplois et de richesses par des marches et grèves intempestives.

jean-baptiste akrou

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