lundi 10 mai 2010 par Nuit & Jour

Président du Rassemblement des Jeunes républicains (RJR) et actuel porte-parole du Rassemblement des jeunes pour la paix et la démocratie (RJDP), Karamoko Yayoro s'est ouvert à Nuit & Jour à propos de la marche projetée par les Houphouétistes le 15 mai 2010. Il parle surtout de l'itinéraire de cette manifestation, des dispositions pratiques prises par le RHDP et jette également un regard critique sur la situation sociopolitique du pays.

Monsieur le président en exercice du RJDP, pouvons-nous savoir si votre manifestations prévue pour le 15 mai prochain est toujours maintenue ou pas ?

Je voudrais tout d'abord remercier votre quotidien Nuit & Jour qui dans un environnement concurrentiel difficile, se bat pour se maintenir tout en respectant les règles de l'éthique et de la déontologie. Pour revenir à votre question, je dirai que depuis quelques semaines, nous sommes en train de faire de la sensibilisation et la mobilisation par rapport à notre marche du 15 mai 2010. Nous avons jusque-là effectué toutes les démarches qu'il faut et pas plus tard que la semaine dernière, nous étions au ministère de l'Intérieur afin qu'ensemble, nous déterminions l'itinéraire à suivre. Le vendredi dernier, nous avons fait le point au directoire du RHDP qui, je vous le rappelle, a décidé que désormais, toutes les manifestations se fassent de façon collégiale, et nous attendons la réunion de nos quatre leaders prévue ce lundi pour dégager la position à suivre. Pour nous, il n'y a pas d'antinomie dans ce que nous faisons. Car nous jeunes nous faisons le travail de sensibilisation et de mobilisation et le dernier mot revient à nos leaders.

Donc vous voulez dire qu'il y a des chances que cette manifestation soit reportée ?

Je n'ai pas dit cela. C'est lequel des mots prononcés qui parle de report de cette manifestation ? Je dis que c'est le directoire qui décide de la conduite à tenir, sinon, la marche est bel et bien maintenue. Maintenant, il appartient au directoire du RHDP de nous donner les dernières consignes.

Vous projetez cette manifestation pour arracher une date des élections au Président Gbagbo. Pourtant, un chronogramme électoral vient d'être dressé par la CEI et la Primature. Est-ce que cela ne suffit pas pour annuler votre marche ?

Nous sommes en train de travailler pour faire sortir définitivement le processus de l'impasse. Il ne s'agit donc pas de nous tendre des bistouilles parce que nous sommes aujourd'hui fâchés. Vous savez bien que les jeunes ont décidé de prendre désormais leurs responsabilités et c'est ce que nous allons faire. Parce qu'il y va de l'avenir de la Côte d'Ivoire. Donc nous ne voyons pas pourquoi nous devrons annuler notre marche à cause d'un chronogramme qui a été d'ailleurs rejeté par le RHDP.

Le RJDP dit que cette marche a pour but d'arracher une date des élections au Président Gbagbo, or, d'aucuns avancent qu'à partir du 15 mai, tant que le chef de l'Etat sera au Palais, les manifestants seront toujours dans les rues. Est-ce que vous pouvez nous donner un éclairage sur cette situation ?

Pour l'heure, notre marche vise à arracher la date des élections, celle de la publication de la liste électorale définitive, de la distribution des cartes d'électeurs et des cartes nationales d'identité. C'est cela le sens et l'objectif de notre manifestations. Toutes les autres considérations ne nous intéressent pas et n'émanent pas de la direction du RJDP et du RHDP.

Cette manifestation s'étendra sur combien de jours ?

Pour l'heure, c'est le 15 mai un point, un trait. Aujourd'hui, il y a beaucoup de supputations autour de la durée de cette marche. Notre marche est prévue pour le 15 mai et le jour où nous envisageons d'organiser une autre manifestation qui s'étendra sur plusieurs jours, nous le ferons savoir aux Ivoiriens.

Avec la récente découverte d'armements à Anyama, est-ce que l'on ne serait pas tenté de dire que cette manifestation est une insurrection contre le régime du Président Gbagbo ?

Nous ne sommes pas une force armée. Vous savez bien que le RDR est un parti politique légalement constitué qui ambitionne de prendre le pouvoir par la voix des urnes. Il en est de même pour le PDCI, l'UDPCI et le MFA. Moi, je souhaite qu'il n'y ait pas d'amalgames entre notre marche et la découverte de ces armes. Parce que la police, la gendarmerie et autres doivent continuer de faire leur travail. Et ce n'est pas parce qu'on a découvert des armes à Anyama que nous devrions être tenus pour responsables ou ceci cela. Cela voudrait dire que si demain on arrête des braqueurs et qu'il doit avoir une manifestation, on doit surseoir à cela ? Nous, nous ne nous sentons pas concernés par cette situation et je profite d'ailleurs de l'occasion pour féliciter les FDS pour le travail qu'elles abattent quotidiennement et je souhaite qu'elles fassent en sorte que la marche du 15 mai soit sécurisée afin que les Ivoiriens puissent venir faire valoir leurs droits.

Donc contrairement à ce qui se raconte ce n'est pas une marche dirigée essentiellement contre le régime du Président Gbagbo ?

Comment peut-on diriger une marche contre le Président de la République ou son régime ? Nous, nous voulons travailler pour la Côte d'Ivoire, arracher une date des élections, c'est tout ! C'est pourquoi nous avons lancé un appel à la partie saine du FPI, celle qui aspire à la paix et à la vraie démocratisation de Côte d'Ivoire. Celle qui veut qu'il y ait la justice sociale et l'équité dans le pays. A cette partie du FPI, nous lui demandons de se joindre à nous le 15 mai afin que nous puissions enfin, avoir une date claire et nette des élections. Sinon, notre marche n'est nullement dirigée contre le chef de l'Etat.

Et si à l'issue de cette marche vous n'obtenez pas la date des élections, qu'allez-vous faire ?

Dans ce cas-là, nous aviserons. Car pour nous, rien ne doit être un obstacle à la démocratisation de notre pays.

Si c'est pour arracher une date des élections, n'aurait-il pas été plus sage de manifester devant la CEI qui est habilitée à choisir une date ?

La CEI fait des propositions, elle ne fixe pas la date des élections. Or, jusque-là, nous nous rendons compte que ses propositions sont chaque fois perturbées par le chef de l'Etat. Aujourd'hui, la réalité est que nous sommes impatients, nous voulons aller aux élections et il faut qu'on y aille. Et c'est pour cela que nous voulons directement interpeller le chef de l'Etat qui est le vrai décideur.

Et s'il y a une contremarche de la part des patriotes , ne craignez-vous pas d'éventuels affrontements ? Qu'est-ce qu'ils ont à voir avec notre marche ? Pourquoi feraient-ils une contremarche ? S'ils le font, cela deviendra la règle dans ce pays et désormais, nous aussi allons tout mettre en ?uvre pour boycotter les autres manifestations qui se feront en Côte d'Ivoire.

Quel est l'itinéraire de votre marche du 15 mai ?

Pour le moment, nous n'avons pas encore déterminé l'itinéraire et je pense qu'il revient à nos leaders de le faire. Mais, je vais cependant trahir un secret, c'est que notre marche va se terminer à la place de la République au Plateau. Et cette fois, je pense qu'elle ne sera pas déclarée zone rouge comme le 24 mars 2004. C'est donc là que nous allons tenir notre Giga-meeting et j'invite tous les Ivoiriens, tous les Républicains, les Démocrates, tous ceux qui aspirent à voir une Côte d'Ivoire rayonnante à se joindre à nous ce jour-là, pourqu'ensemble, nous arrachions une date des élections et qu'enfin, notre pays que nous aimons tant, sorte de cette situation difficile qui n'honore personne.

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