samedi 22 mai 2010 par Nord-Sud

Traoré Mariam alias Mariam Dollar est un nom qui restera gravée dans la mémoire de beaucoup de personnes. Elle s'est distinguée dans l'arnaque et l'escroquerie. Sur la trace de cette femme à plusieurs visages.

Kédjébo N'Zi Pierre chef de service dans une station à Soubré, n'est pas prêt d'oublier son calvaire. S'étant épris de dame Traoré Mariam alias Mariam Dollar , il est mené par le bout du nez au point que celle-ci arrive à lui soutirer la somme de 3 millions de Fcfa. La scène remonte à février 2008. Retour sur une affaire pince-sans-rire d'escroquerie. J'étais en service au mois de décembre 2007. Traoré Mariam m'a approché pour me dire que, lors d'un contrôle routier, des agents de police ont constaté la fin de validité de la visite technique de sa voiture. Elle me demande de lui délivrer cette pièce, je lui ai dit que je ne pouvais pas sans avoir vu l'état de son véhicule. Satisfaite, nous avons gardé le contact. Une fois, à Abidjan, j'ai tenté de la joindre et c'est deux jours après qu'elle me rappelle. Elle m'a donné rendez-vous chez elle au quartier Koweit de la commune de Yopougon. Elle était accompagnée d'une fillette de 9 ans, lorsqu'elle est venue me chercher devant la pharmacie située non loin de chez elle. A la maison, elle m'a proposé de la boisson, j'ai refusé. C'est ce café que j'ai bu qui a été sans doute mon malheur. J'étais comme envoûté et ne comprenais plus rien.

La stratégie

Elle m'a demandé de l'aider à ouvrir un compte bancaire pour y domicilier de l'argent appartenant à ses enfants qu'elle a hors foyer. J'ai encore refusé. Le même jour, elle m'a harcelé avec cette affaire de compte. Je lui ai donné rendez-vous à mon chantier au quartier Toit-Rouge de la même commune. Une fois sur les lieux, elle me dit qu'elle a 15 millions Fcfa en famille. Et que si je l'aidais à les récupérer, en retour j'aurais 5 millions Fcfa ; mais pour ce faire, il fallait faire des sacrifices. Nous avons fait des sacrifices à hauteur de 426.000 Fcfa. Avant de retourner chez moi, elle a pris en plus des 426.000 Fcfa, 105.000Fcfa . Et d'indiquer : je lui ai même fait écrire une reconnaissance de dette. C'est alors que son mari surgit en disant que j'ai soutiré 3 millions de Fcfa à sa femme et me somme de les lui rembourser sinon, je serais conduit au poste de police. Il m'a relâché après avoir communiqué au téléphone avec son ami procureur. Mariam, revient à la charge le lendemain pour s'excuser mais me demande de libérer le document signé.
Le lundi matin j'ai été à ma banque où j'ai décaissé les 3 millions Fcfa. Le 4 février 2008, elle m'a donné rendez-vous dans la forêt du Banco. Et tut d'un coup surgissent son mari et ses acolytes. Elle sort de ma voiture pour se joindre à eux et ils démarrent en trombe. Je n'avais que mes yeux pour pleurer , raconte Kédjébo amèrement. Un autre lieu, résultat identique. Port-Bouët a été aussi dans le viseur de cette arnaqueuse. Dans ce quartier, bercé par le littoral, Mariam Dollar a laissé des traces profondes. Dao Bintou, commerçante de pagne, a eu le malheur de la croiser sur son chemin. Cette spécialiste du vol par la ruse a pompé une bonne partie de sa marchandise exposée au magasin. Elle n'en croit pas ses yeux. La voleuse a réussi à lui soutirer 16 complets de pagnes. Le préjudice subi est évalué à 580.000 Fcfa. Dao Bintou qui en a gros sur le c?ur, raconte sa misère. J'avais perdu ma nièce quand elle est venue me rendre visite. Elle m'a dit qu'elle avait besoin d'un pagne appelé pagne du jardinier . Elle savait que j'avais un magasin de pagne. Elle me demande de la conduire chez le tailleur afin qu'elle puisse me le montrer. J'ai donc demandé à ma servante de l'accompagner. Elles sont allées après dans mon magasin et elle a remis une boule de pagne à ma servante qui l'a rendue ensuite muette.

Une fois au magasin, elle dit à ma servante que je l'ai autorisée à lui donner des pagnes. Et, elle en a pris 16. Elle demande toutefois à ma servante de l'accompagner pour qu'elle lui remette l'argent. Mais en le chemin, elle abandonne ma servante à un endroit dangereux de Port-Bouët appelé Tofiato , explique Bintou, désemparée. L'ancienne capitale politique de la Côte d'Ivoire n'a pas échappé au plan démoniaque de Traoré Mariam, qui ne manque pas d'idées pour dépouiller ses victimes de leurs biens. A Grand-Bassam où elle s'y rend, elle a aussi laissé un goût amer aux populations. Guéné Dramane ancien vendeur a été plumé sans pitié. Aujourd'hui, il est sur le carreau payant cash sa naïveté. La voleuse a réussi à lui soutirer 200.000 Fcfa avec un scénario qu'elle a bien ficelé.

La scène se passe à Grand-Bassam, le 17 juin 2009, pendant qu'il était au magasin, elle l'approche en lui faisant croire qu'elle a 600.000 Fcfa à échanger. La mayonnaise prend aussitôt. Guéné Dramane de son côté croit à une bonne affaire. Surtout par ces temps où la monnaie ne court pas les rues. La voleuse le conduit à Belleville un quartier de Grand-Bassam derrière un maquis. Non loin de là, il y a une cour avec plusieurs entrées. Elle me demande de lui remettre l'argent pour en faire la monnaie. Ce que j'accepte à condition qu'elle entre dans la cour en même temps que moi . Mariam Dollar, qui n'est pas asséchée d'idées, explique à Guéné Dramane que le propriétaire de la cour ne veut pas de visiteurs pour cause de braquage dont il a été visité. Le jeune mord à l'hameçon. Mais il attendra longtemps devant la cour, point de Mariam dollar. J'ai attendu longtemps et je me décide enfin à entrer dans la cour.
C'est plutôt une vieille femme que j'ai aperçue. Je lui demande si elle avait vu une dame. Elle m'a répondu par l'affirmative. Elle me dit toutefois que la dame en question est plutôt venue commander de l'eau. Et qu'elle serait passée par une autre issue de sortie. J'étais mortifié. Et j'ai été renvoyé , raconte-t-il encore sous le choc au poste de police. Ce même scénario, elle l'a repris avec Ahua Assamoi Sylvain, un habitant de la même localité, gérant d'un supermarché. Dans la même période, elle cible cette fois l'un des supermarchés de la ville. Elle s'y présente et propose de leur faire la monnaie. J'ai demandé à la caissière de lui remettre la somme de 380.000 Fcfa. Ce qu'elle fit. La dame me demande de la suivre jusqu'à la mosquée centrale de la ville. Une fois sur les lieux, elle me demande de l'attendre devant la mosquée. L'argument qu'elle avance, est que je ne suis pas musulman. Elle finit par me convaincre. Je finis par accepter. Près de 5heures d'horloge d'attente et point de Traoré Mariam. Je retourne bredouille au supermarché , se souvient-il. A Bonoua, Mariam Dollar a aussi écumé les populations.
Dembélé Amara, adjoint de l'imam de cette mosquée, en a fait les frais. Il a été gardé au poste de gendarmerie toute une journée. Il s'est endetté pour débourser les 540.000 Fcfa à deux jeunes qu'elle aurait bernés. Ces deux jeunes sont des représentants de l'un des syndicats des transporteurs. Tout comme lui, deux bouviers Barry Oumarou et Ouédraogo Mamadou ont fait la prison pour avoir été roulés par la coquine Mariam. Tout commence le 1er décembre à 12 heures 40, quand Traoré Mariam épouse Allégbé se présente au commissariat de Grand-Bassam et porte plainte contre Barry Oumarou pour escroquerie portant sur la somme de 1million 200.000 Fcfa. Voici comment elle a monté son manège. Cela fait 1 mois que je suis venue à Bonoua vendre des marchandises notamment des bijoux. C'est ainsi que j'ai croisé Oumarou. Ce dernier voulait acheter ma marchandise. Je lui ai confirmé l'authenticité des bijoux. Il m'a dit en retour qu'il ne pouvait pas acheter faute de moyens. Toutefois Oumarou me dit qu'il y a un Blanc qui est dans le commerce de l'or. Oumarou me propose de trouver 1kg d'or. Nous avons pris rendez-vous le lendemain. Il m'a remis un sachet noir avec des scotches. J'ai voulu aller chez le bijoutier pour la vérification de l'authenticité de l'or. Oumarou a refusé. Il m'a envoyée chez Seydou un autre bouvier qui a donné son parc à b?ufs comme garantie. Or, c'était du faux or, raconte-t-elle au poste de police. Le 30 novembre, poursuit-elle, elle est au marché de Grand-Bassam quand elle aperçoit Oumarou à bord d'un véhicule mais celui-ci réussit à fondre dans la nature.

La scène au poste de police

Le lendemain, elle souligne l'avoir revu. Je me suis présentée à lui en lui faisant croire que je voulais acheter du bétail. Lui ne m'a pas reconnue, je lui ai demandé chemin faisant de m'accompagner pour prendre mes pièces au commissariat. Une fois devant le commissariat, je lui ai dit de m'attendre et c'est comme ça qu'il s'est retrouvé dans les murs de la police, raconte-t-elle au poste de police. La police tombe dans son jeu et met Barry Oumarou au cachot. Ce dernier n'a pas le temps de réaliser ce qui lui arrive, qu'il est capturé par la police. Toutefois, Barry Oumarou est à son tour auditionné. Mais il ne réussira pas à se tirer d'affaire. Je ne reconnais pas les faits, a-t-il dit.
Dimanche 7 décembre 2009, la cour du commissariat de Grand-Bassam est pleine de visiteurs. La raison de cette ambiance inhabituelle, n'est pas à chercher ailleurs. C'est que des éléments du commissaire Adou ont fait une grosse prise. Il s'agit de Traoré Mariam alias Mariam dollar , épouse Allegbé. La liste de ses victimes est longue. Plus d'une cinquantaine de victimes l'ont désignée. La police décide d'ouvrir une enquête pour faire la lumière sur cette affaire, qui n'a ni tête, ni queue. C'est au cours des investigations qu'elle apprend que c'est par le même scénario utilisé à Yopougon qui a conduit Ouédraogo Mamadou, bouvier à l'abattoir de Port-Bouët, en prison. Il a été accusé d'escroquerie portant sur la somme de 3 millions Fcfa. Et, c'est la même dame qui serait le maître d'?uvre de cette fausse accusation. Dès lors, la police a commencé à la pister jusqu'au jour où elle tombe dans les mailles du filet de la police. Puis déférée.

Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam

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