mardi 25 mai 2010 par Le Journal De L'Economie

C'est la première fois, depuis 1998 que la croissance du Produit intérieur brut (PIB) ivoirien (+3,8%) dépasse la pression démographique (2,85%). De bonnes augures pour l'inversion de la
tendance continue à la paupérisation.

C'est au moment où la conjoncture internationale est des plus tendue que la Côte d'Ivoire réalise ce petit exploit. En effet, alors que le Pib au plan mondial chutait à -0,8%, le commerce mondial lui régressait à -12,3%. La Côte d'Ivoire réalise une croissance de 3,8% contre une progression démographique de 2,85%. Un tel ratio n'avait jamais été atteint depuis 1998. Selon les données de la Direction générale des affaires économiques, cette performance a pu être réalisée grâce à la production agricole, aussi bien de rente que vivrière (boostée par une bonne pluviométrie) qui a bénéficié d'un réengagement de l'ensemble des partenaires bilatéraux. Les secteurs de l'industrie et du tertiaire ont, eux aussi, bénéficié de cette même implication de la communauté financière internationale, qui a abouti à l'adoption d'un programme triennal de réduction de la pauvreté et d'un allègement intérimaire de la dette extérieure. La croissance ivoirienne a pu se construire aussi grâce au redressement des cours mondiaux au 2e semestre des produits d'exportations dont les principaux sont le cacao, le caoutchouc et l'huile de palme. Le premier qui a connu une progression de 5%, malgré une campagne 2008-2009 en baisse (-11,5%), a été avantagé par les cours mondiaux élevés. Le café connaît depuis quelque temps un nouveau cycle de production. Il a progressé de 113% en 2009 (140 000 tonnes contre 68 000 tonnes en 2008), imité par l'anacarde (+9%) et l'hévéa (+4%) portés, eux, par l'extension de leurs surfaces. Le sucre (+9%) et le coton graine (+12%) ne sont pas restés en dehors de cette bonne productivité dans le secteur agricole. Seuls l'ananas (-21%) et la banane (-3%) n'ont pu suivre cette marche, poursuivant leur tendance baissière des cinq dernières années.

Une production industrielle en hausse de 4,8%

L'extraction minière, l'agroalimentaire et le bois sont les principaux catalyseurs de la croissance de l'indice de la production industrielle. En hausse respectivement de 11,4%, 17,8% et 4,3%. Auxquels il faut ajouter l'énergie, électricité- eau, en progression de 2,1% en 2009. L'extraction minière a été tirée par l'extraction pétrolière (+12,2%) et aurifère (+145%), même si la production gazière a connu un léger repli à -0,4%. La production des produits pétroliers a elle aussi connu une petite baisse du fait des tensions de trésorerie qu'a connu la SIR, consécutivement à l'effondrement mondial des marges de raffinage et une importante créance sur l'Etat. Les autres composantes du secteur industriel que sont le BTP, les matériaux de construction, le couple textile- chaussure, la chimie, la composante auto- mécanique- électricité ainsi que les autres industries, ont été en retrait.

Le secteur tertiaire, lui a été soutenue par le transport maritime (une hausse de +7,2% du trafic des marchandises) et le commerce hors produits pétroliers, dont l'indice du chiffre d'affaires s'inscrit en hausse de +12%. Explications : dynamisme du secteur primaire, redressement de l'activité manufacturière, reprise de l'activité commerciale (hors produits pétroliers) et densification du trafic de marchandises vers les pays de l'hinterland (+58,4%) pour le transport maritime. Et une forte demande intérieure stimulée par les revenus du cacao aux producteurs ainsi que la reprise de la distribution dans les zones ex-assiégées.


4 847 milliardsd'exportation contre 3 280 milliards F CFA d'importation

En 2009, les exportations se sont accrues de 10,2% pour atteindre la barre des 4 847 milliards FCFA contre un fléchissement des importations (-7%) à 3 280 milliards. Soit un solde commercial de 1 567 milliards, en hausse de 80% par rapport à 2008. Une conjugaison de l'effet volume (+11,4%) favorisé par la baisse des prix et la chute des prix des produits importés, en rapport avec la récession mondiale.

Cette embellie de la situation économique de la Côte d'Ivoire aurait pu se poursuivre pour cette année 2010 s'il n'y avait pas eu ce déficit d'électricité qui a généré d'importants délestages depuis le début d'année et qui devrait courir jusqu'à la fin du premier semestre. Il n'y a pas que ce facteur qui va freiner la dynamique observée dans l'activité économique. La dégradation du climat politique aussi. L'objectif de croissance du PIB fixé à 4% par les autorités en début d'année a déjà été revu à la baisse à 3%.


Par Jean-Louis GBANGBO
Jean-louis.gbangbo@jde-ci.com

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