lundi 14 juin 2010 par Fraternité Matin

Le colonel N'Golé Mongomin, directeur général du Fonds de prévoyance militaire (Fpm), est accusé par la haute hiérarchie militaire de détournement de la somme de 120 millions de Fcfa destinée au payement des soins des militaires blessés de guerre. Sitôt arrivé de France où il était en vacances, il a été arrêté chez lui, dans la matinée du vendredi 11 juin, par les enquêteurs du Groupe de recherche de la gendarmerie nationale. Lesquels ont agi sur instruction du commissaire du gouvernement, le Lt/colonel Ange Kessi Kouamé Bernard. Qui, lui-même, a été préalablement saisi de la plainte du Chef d'état-major des armées (Cema), le général de division Philippe Mangou. De quoi s'agit-il ?

Selon le chef du parquet militaire, le colonel Ange Kessi, qui nous a reçu samedi à sa résidence, les sommes supposées détournées, proviennent d'un don d'une enveloppe globale de 220 millions de Fcfa du Chef de l'Etat, le Président Laurent Gbagbo en faveur des militaires blessés de guerre.

Par le biais du directeur des services de santé des armées, le général de brigade Guéi, la garde et la gestion de cet argent ont été confiées par le Cema au Dg du Fpm depuis 2003.

Le général Philippe Mangou, ayant constaté que la prise en charge médicale des bénéficiaires du don ne s'est pas faite comme convenu, a invité le colonel N'Golé à lui faire le point de sa gestion. En dépit de toutes les relances à lui faites, le Dg du Fpm serait resté sourd aux injonctions de la hiérarchie militaire. Résistance qui, évidemment, va attiser les soupçons de détournement à son encontre.

A cela va s'ajouter la situation des militaires mis à la retraite en décembre dernier. Ceux-ci n'ont pu avoir leurs primes que par l'action conjuguée du Cema et du ministre de la Défense. C'en était trop pour le patron des armées, le général Philippe Mangou qui va, non seulement saisir le parquet militaire pour que la lumière soit faite sur l'utilisation du don du Chef de l'Etat, mais encore ordonner un audit administratif sur la gestion du Fpm.

Parallèlement à l'audit qui a abouti au relèvement de leurs fonctions du Dg et du Pca du Fpm qui ont été remplacés par des intérimaires, le parquet militaire, saisi de l'affaire des 120 millions de Fcfa, poursuivait allègrement son enquête.

Nos recherches confirment qu'il y a eu bel et bien détournement. Nous étions sur le point de l'arrêter lorsqu'il s'est rendu en France. Il est rentré sans même savoir qu'il a été démis de ses fonctions. Pour le moment, nous ne sommes qu'au stade des accusations. Il revient au mis en cause de justifier l'utilisation qu'il a faite des 120 millions de Fcfa. L'ex-président du conseil d'administration du Fpm, le général de brigade aérienne Kissi Koabénan Amani Raymond, serait lui aussi dans le collimateur du parquet militaire. Etant entendu que l'audit effectué aurait révélé un trou de plus de quatre milliards de Fcfa.

En attendant, le colonel N'Golé Mongomin, placé en détention à la Maison d'arrêt militaire d'Abidjan, comparaîtra ce matin devant le juge d'instruction militaire en charge du dossier.

Landry Kohon

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023