jeudi 1 juillet 2010 par Nord-Sud

Fermés au début de la crise de septembre 2002, les bureaux de la Cnps et son partenaire la Coopec n'ont pas encore rouvert leurs portes. Les pensionnaires (environ 150 retraités ? tous du privé) de la région du Denguélé sont astreints à des voyages multiples avec leur corollaire de tracasseries.

Lorsque pour se faire payer sa maigre pension, on doit dépenser tant d'énergie et d'argent pour le transport, au final, on ne gagne presque plus rien. C'est cela notre triste réalité. Le retraité qui fait cette confidence se nomme Abdoulaye D. Les longues distances qu'ils parcourent, relate-t-il, contribuent à dégrader fortement la santé de ces anciens agents du privé. Des retraités qui sont à Tienko à environ 100 km d'Odienné, doivent en plus de cette distance, emprunter des routes très dégradées pour se rendre à Daloa où se trouve l'agence de la Cnps (Caisse nationale de prévoyance sociale). Cela fait vraiment pitié. J'ai vu des vieillards succomber sur la route, témoigne le chauffeur d'un minicar reliant l'axe Odienné-Minignan.

Dans une ambulance

Les sommes déboursées atteignent 16.000 Fcfa sans compter les frais d'hébergement et de nourriture durant ces séjours à Daloa. Quant à ceux qui continuent de prendre leurs pensions à Abidjan, ils déboursent 20 mille francs pour le transport. Là encore, c'est non compris les frais d'hébergement, de nourriture et de déplacements à l'intérieur de la capitale économique. Pour un retraité dont le gain mensuel s'élève entre 19 mille et 50 mille francs, il est préférable de renoncer au déplacement mensuel et attendre d'accumuler plusieurs mois avant de descendre sur Abidjan. Comme d'autres, j'attends plusieurs mois avant de venir chercher ma maigre pension. Mais, les agents à la caisse nous le reprochent. Lorsque nous attendons six mois, l'agent-payeur ne nous reverse que deux mois, en nous demandant de revenir prochainement. L'on évoque généralement un problème de disponibilité de liquidité sans tenir compte des longues distances parcourues, regrette Ibrahim Touré dit Fah, secrétaire général des retraités du Denguélé. Le comportement de ces agents frise le mépris, soutient un retraité. Avant d'évoquer la mésaventure de l'un de ses anciens collègues. Il ne connaissait personne à Daloa lorsqu'il s'y est rendu pour toucher son dû. Il pensait pouvoir retourner le lendemain à Odienné. Finalement, il a fait 16 jours. Il dormait à la gare routière. Et tenez vous bien, on ne lui a reversé en fin de compte que 40 mille Fcfa sur un total de 100 mille, explique notre interlocuteur. Le Secrétaire général des retraités du Denguélé exige que les agents de la Cnps fassent preuve d'humanité à l'endroit de ses membres. Koné Mamadou, ex-employé de la Cnps aujourd'hui retraité explique comment il a été traité avec désinvolture par ses ex-collègues lorsqu'il est allé toucher sa pension. Arrivé au guichet, l'on me dit que mes papiers ne sont pas à jour. Quand j'ai indiqué le nom de celui à qui j'avais remis mes papiers, on m'apprend que ce dernier avait été remplacé et qu'il fallait que je recommence toute la procédure. Comme je n'avais plus d'argent, j'ai plaidé pour qu'on me reverse au moins un mois pour que je puisse regagner Odienné. Mais, ils ont refusé. Je suis allé voir le Secrétaire général de la préfecture de Daloa, pour qu'il intervienne.

Révoltés contre la Cnps

Mais, ses efforts ont aussi été vains. C'est finalement à crédit que je suis revenu à Odienné, se remémore douloureusement Mamadou. Malgré leur âge très avancé, certains retraités se voient obligés de se déplacer jusqu'à Daloa pour fournir leur certificat de vie (réclamé chaque an) à la Cnps. Selon Brahima Diarrassouba dit Tp, un autre responsable de l'organisation locale des retraités, une solution avait été trouvée pour les malades. Ceux-ci établissaient une procuration au nom d'un membre de leur famille qui faisait toutes les courses. Mais, cette mesure aurait pris fin suite à un remaniement au sein de l'organisme de prestation des retraités du secteur privé à Daloa. L'on demande que les malades se présentent physiquement. C'est ainsi que nous avons souvent requis les services d'une ambulance du Chr pour y conduire les malades. Pourtant, avant, nous collections les papiers des personnes frappées d'incapacité pour faire les démarches à leur place, se rappelle Tp. Qui se réjouit de la sollicitude spontanée du Dr Soro, directeur du Chr. Pour mettre fin à ces déplacements en ambulance, Mme Yaba née Niagra Madeleine, directrice régionale de la Cnps de Daloa, annonçait le 17 novembre dernier, lors d'une visite aux retraités du Denguélé, qu'elle contacterait les responsables de la Coopec afin de plaider pour l'ouverture d'une agence à Odienné. En attendant, elle a conseillé aux retraités d'ouvrir un compte d'épargne à la Baci (Banque atlantique de Côte d'Ivoire). Une banque qui a ouvert ses portes depuis mai 2009 à Odienné. Mme Kaba Sogbè, chef de la section prestation, membre de la délégation, promettait ce jour, aux retraités que désormais la Cnps enverrait des agents pour collecter les différents dossiers. Elle a indiqué la possibilité de se faire servir à la Coopec de Touba située à 150 km. Ce jour-là, pour montrer leur bonne foi, la directrice régionale et son équipe ont procédé à la collecte des dossiers, notamment le certificat de vie. Malheureusement, certains retraités n'ont pu saisir cette occasion. D'autres refusent tout autre compromis en exigeant le retour de la Cnps et de la Coopec. Que la Cnps revienne. Nous ne voyons plus de raison pour justifier leurs craintes. Le préfet est là avec tous les sous-préfets. Que le Dg de la Cnps fasse diligence, supplie le doyen Koné Mamadou. Si pour les retraités du secteur privé les difficultés sont légion, ce n'est pas le cas chez ceux du public qui reçoivent leurs prestations via la Caisse générale de retraite des agents de l'Etat (Cgrae). Depuis le retour du trésor public dans la capitale du Denguélé, les anciens fonctionnaires sont servis sur place.

Tenin Bè Ousmane à Odienné

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