lundi 12 juillet 2010 par Fraternité Matin

Conseiller culturel du gouverneur du District d'Abidjan, Paul Dagri est professeur de musicologie à l'Institut national supérieur des arts et de l'action culturelle (Insaac) et à l'Institut des sciences et techniques de la communication (Istc). Il est une signature connue et reconnue de l'industrie musicale ivoirienne. Revenir, quelques semaines après la célébration de la Fête de la musique, le 21 juin, sur cette communication, répond à un souci à la fois didactique et opératoire pour la viabilité de ce secteur dans l'économie nationale, 50 ans après l'indépendance et dans la perspective du demi-siècle à venir.

Aussi et paraphrasant Jacques Attali in Une brève histoire de l'avenir (Paris, Fayard, 2009), Paul Dagri, argue-t-il que c'est aujourd'hui que doit se construire ce que sera le secteur de l'industrie musicale de 2050 et se préparer ce qu'il sera en 2100 et après. Une telle posture incline à mettre en adéquation formation et réalités du terrain du showbiz, vitrine de l'industrie musicale. D'où le choix par lui fait, de disserter sur La problématique de la formation des professionnels et de la formation au professionnalisme dans le secteur de l'industrie musicale en Côte d'Ivoire. Si Paul Dagri postule que la formation des professionnels et la formation au professionnalisme dans le secteur de l'industrie musicale doivent permettre de produire des musiques capables d'informer, animer, éduquer la population à de nouvelles manières de faire, à une nouvelle compréhension de ce qu'elle-même (la population) peut faire pour améliorer ses conditions de vie. Il conclut que de ce point de vue, l'industrie musicale peut servir d'outil de développement, c'est-à-dire, permettre un boom d'emplois fiables, donc de lutter durablement contre la pauvreté, produire des ?uvres à même de booster l'image de marque du pays et garantir des succès mondiaux. Mais différents paliers sont à franchir pour s'affranchir de l'amateurisme. En d'autres termes, le musicologue soutient qu'en plus du talent, un environnement professionnel incluant une parfaite connaissance et une intégration harmonieuse des différents corps de métiers de cette industrie doit être établi.

Pour y parvenir, Dagri, définissant le corpus conceptuel des métiers liés au champ musical, fait remarquer qu'au-delà de l'artiste, à proprement parler, il y a toute une chaîne de métiers, allant de l'équipementier-fabricant, à l'attaché de presse, en passant par les critiques, régisseurs, arrangeurs, infographes, tourneurs, chorégraphes Dont chacun a son importance dans la vitalité du secteur. Si la formation permet à chacun d'avoir un background théorique et pratique, l'attitude professionnelle, à en croire Dagri, a contrario, implique pour l'opérateur culturel qui baigne dans l'industrie musicale de maîtriser son art, s'imprégner du code de déontologie, d'acquérir une éducation morale, de fortifier le mental. Il en résulte, pour s'inscrire dans une optique de performance et d'excellence, de s'ouvrir à l'extérieur, surtout, dans un contexte musical mondialisé, avertit Dagri. Et le professeur de s'interroger et d'interroger: A quoi cela sert-il de maîtriser son art si l'on n'est pas professionnel? D'autant plus qu'avec les Technologies de l'information et de la communication et les applications multimédias, il existe une synergie virtuelle à même de minimiser les coûts de production et d'optimiser les partages d'expériences.

Toutefois, dans ce contexte d'uniformisation des cultures dans cette mondialisation de l'industrie musicale, affirme Paul Dagri, il appartient à chacun de conserver des traits distinctifs de sa culture originelle, aux fins d'une identité remarquable propre qui fonderait le ciment de son succès, aussi bien endogène qu'exogène.

RéMI COULIBALY

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