lundi 19 juillet 2010 par Le Nouveau Réveil

Théophile Kouamouo, Stéphane Bailly et Saint-Claver Oula sont depuis le vendredi dernier à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan(Maca) sur instruction du procureur de la République, Tchimou Raymond. Au lendemain de ce mandat de dépôt, les organisations professionnelles de la presse à savoir le Gepci, l'Olped, l'Ojpci, l'Unjci, l'Upf et le Synapp-ci se sont immédiatement réunies à la Maison de la presse pour une concertation. Au terme de cette rencontre qui a duré plusieurs heures, ces organisations professionnelles de la presse ont fait une déclaration commune dans laquelle elles ont d'abord condamné la décision du procureur de la République. Ensuite, ces structures ont exigé la libération sans condition des confrères et enfin, ont soutenu les journalistes dans leur volonté de ne pas livrer la source de leur information. Ci-dessous, la déclaration desdites organisations.

les Faits
Le mardi 13 juillet 2010, Stéphane Guédé, directeur de publication du Nouveau Courrier", Théophile Kouamouo" directeur de la rédaction et gérant, Saint Claver Oula, rédacteur en chef dudit quotidien, ont été interpellés par la police criminelle sur ordre du procureur de la République près le tribunal de première instance d'Abidjan et gardés à vue à la direction de la police criminelle. Au cours de leur audition, le procureur leur a demandé de lui livrer la source de l'information dont leur journal s'est fait l'écho relativement à l'enquête sur la filière café-cacao. Nos confrères ont naturellement refusé au regard de la déontologie du métier de journaliste et la loi sur la presse.
Le procureur a alors décidé de poursuivre nos trois confrères pour vols de documents administratifs. Ainsi" depuis le vendredi 16 juillet, soit après 4 jours de garde à vue" les journalistes ont été déférés devant le Parquet" mis sous mandat de dépôt et écroués à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA).
Parmi les trois prévenus, Oula St Claver est très malade.

Notre Analyse
Informées, toutes les organisations professionnelles du secteur de la presse, notamment le Groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire (GEPCI), l'Observatoire de la liberté de la presse, de l'éthique et de la déontologie (OLPED), l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI), l'Organisation des Journalistes Professionnels de Côte d'Ivoire (OJPCI), le Syndicat national des agents de la presse privée de Côte d'Ivoire (SYNAPP-CI), l'Union de la presse francophone (UPF), section Côte d'Ivoire, se sont saisi de la question et ont engagé des discussions avec le procureur de la République et ses services. Malheureusement, toutes ces démarches se sont heurtées à un mur d'intransigeance.
Manifestement, le procureur de la République, ignorant volontairement la lettre et l'esprit de la loi sur la presse, entend la contourner en évoquant un délit de droit commun pour maintenir nos confrères dans les liens de la prévention.
Nous observons que depuis la promulgation de la loi N°2004-643 du 14 décembre 2004 portant régime juridique de la presse, le procureur de la République a souvent usé de man?uvres dilatoires pour se soustraire de ladite loi qui n'autorise pas la privation des libertés pour délits de presse. Ce qui constitue une véritable atteinte à la liberté de la presse.

Notre Position
Le Groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire (GEPCl), l'Observatoire de la liberté de la presse, de l'éthique et de la déontologie (OLPED), l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI), l'Organisation des Journalistes Professionnels de Côte d'Ivoire (OJPCI), le Syndicat national des agents de la presse privée de Côte d'Ivoire (SYNAPP-CI), l'Union de la presse francophone (UPF), section Côte d'Ivoire:
-Condamnent une fois de plus la propension du procureur de la République à agir chaque fois, en violation flagrante de la loi.
-Exigent la libération sans condition et sans délai de nos confrères.
-rappellent que la protection des sources du journaliste est au c?ur de la liberté de la presse et de la liberté d'expression de façon générale. Par conséquent, les organisations professionnelles soutiennent sans réserve les confrères dans leur refus de livrer leur source.
-S'étonnent qu'au moment où des enquêtes sont en cours pour élucider un certain nombre d'affaires d'Etat, une présomption de vol de documents administratifs conduit de facto nos confrères en prison.
-S'insurgent contre le fait que pour une affaire liée à l'exercice du métier de journaliste, il soit fait état d'un délit de droit commun là où l'on aurait dû évoquer un délit de presse.
-Tiennent pour responsable le procureur de la République de ce qui pourrait arriver à Oula St Claver, très malade.
-Demandent au Président de la République, au Premier ministre, au ministre de la Justice, au ministre de la Communication, à toutes les autorités religieuses, à la société civile d'?uvrer dans le sens de la libération de nos confrères et du renforcement de la liberté de la presse en Côte d'Ivoire.
Fait à Abidjan le 17 juillet 2010

Pour le GEPCI
Le président
Denis Zion Kah

Pour l'OLPED
Le Président
Zio Moussa

Pour l'UNJCI
Mam Camara

Pour l'OJPCI
Le 4eme vice-Président
Souleymane T. Senn

Pour le SYNAPP-CI
Le 1er Secrétaire Général adjoint
Glodé Francelin

Pour l'UPF section Ci
Président exécutif
Adama Koné











Incarcération des responsables du quotidien "Le Nouveau Courrier" : Le Midh condamne

Le mardi 13 juillet 201O, le journal ivoirien " Le Nouveau Courrier " publiait dans ses colonnes, un document intitulé " Le livre noir de la filière café-cacao, Le Nouveau Courrier s'est procuré le dossier chaud de TCHIMOU à GBAGBO. Des milliards détournés, des accusations précises, des comptes à l'étranger cités. Ac-ca-blant ! "
Suite à cet article, trois journalistes du journal " Le Nouveau Courrier " ont été convoqués par le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance d'Abidjan-Plateau. Sommés de dévoiler leur source d'informations, ces journalistes, conformément aux prévisions de la législation en vigueur en Côte d'Ivoire, y ont opposé un refus. Le Procureur de la République a alors ordonné leur mise à disposition de la Police criminelle aux fins de diligenter une enquête pour vol de documents selon notre source d'informations. Gardés à vue depuis le 13 Juillet 2010, ils ont été déférés devant le Parquet d'Abidjan-Plateau le 16 juillet 2010.
Le Mouvement Ivoirien des Droits Humains (MIDH) constate avec beaucoup d'amertume que les actes du Procureur de la République sont attentatoires à la liberté de la presse.
Le MIDH condamne fermement cette qualification qui heurte l'esprit et la lettre de la Loi 2004-643 du 14 décembre 2004 portant régime juridique de la presse en Côte d'Ivoire.
Le MIDH condamne sans réserve l'arrestation de journalistes dans l'exercice de leur mission d'informer la population et exige leur libération immédiate et inconditionnelle. Le MIDH invite prestement le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance d'Abidjan- Plateau à se conformer à la législation gouvernant la presse en Côte d'Ivoire notamment aux règles liées à la dépénalisation du délit de presse.

Fait à Abidjan, le 16 juillet 2010
POUR LE MIDH
Le Président
Me TRAORE Drissa

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