lundi 19 juillet 2010 par Notre Voie

Le procureur de la République près le tribunal de première instance d`Abidjan-Plateau, M. Raymond Tchimou Féhou, s`est prononcé hier en fin de journée, à notre demande, sur l`affaire des trois journalistes du quotidien Le Nouveau Courrier arrêtés pour vol de documents administratifs relatifs aux emprisonnements dans la filière café-cacao. Notre Voie : On vous accuse, s`agissant des trois journalistes du Nouveau Courrier que vous avez arrêtés, d`avoir abandonné exprès le délit de presse au profit d`un délit de droit commun. Est-ce vrai ? Raymond Tchimou Féhou: Lorsqu`un journaliste commet une infraction, vivant dans une cité qui a ses règles et lois, nous sommes obligés de faire respecter cette loi. Ce n'est pas parce qu`un journaliste l`est en tant que tel qu`il doit se permettre de fouler au pied les lois de la République. Il y a le délit de presse. C`est le seul délit qui existe dans la cité. En dehors il y a des délits commis par voie de presse, il y a le délit de droit commun. Donc, on ne peut pas m`obliger à abandonner un délit de droit commun pour forcément accepter un délit de presse. Il m`appartient en tant que tel, représentant du Parquet de qualifier les faits qui sont portés à ma connaissance. Certains disent, c`est parce qu`il n`y a pas de plainte préalable. La Commission d`une infraction dans le cas de vol n`est pas lié à l`existence d`une plainte préalable. On vérifie si l`espèce existe. Si effectivement les faits entrent dans le cadre d`une infraction, on vérifie qui en est l`auteur. On vérifie s`il existe des preuves. Et s`en tient à ça. Et la personne est poursuivie. En Côte d`Ivoire, il n`y a pas de mandat de perquisition. Il y a la perquisition tout court. Et les règles de cette perquisition, à partir du moment où un fait est commis, il appartient aux enquêteurs de vérifier s`il existe des pièces qui peuvent effectivement permettre de vérifier l`existence de l`infraction. Les officiers de police judiciaire vont effectivement dans les lieux utiles aux heures légales pour perquisitionner. Il est donc bon de savoir que le Parquet a retenu dans son appréciation un délit de droit commun, le vol. Vous n`allez jamais voir dans un pays européen ou américain, un journaliste aller voler les pièces de la justice ou du Parquet. Et même s`il arrivait à le faire, sa déontologie ou sa loi doit l`amener à attendre qu`il ait une décision qui soit rendue avant de publier. Vous n`allez pas le voir en train de plaquer, mot pour mot, page par page une telle décision non encore rendue. J`estime que les journalistes doivent apprendre à respecter la loi du pays. Le journaliste n`est pas un extra-terrrestre. C`est son devoir de connaître les lois du pays. Un journaliste dans sa liberté ne doit pas marcher sur la liberté des autres. La gravité des faits ici est telle que, cela m`amène à agir comme je l`ai fait. Le réquisitoire qui a été fait concerne les rapports entre le juge d`instruction et le procureur de la République. Ce réquisitoire n`est pas tombé dans le public. Même les avocats des accusés ou des inculpés n`ont pas connaissance des réquisitoires. L`ordonnance même prise par le juge d`instruction ne donne que le contenu. Mais le texte en lui-même n`est pas donné aux parties. C`est lorsqu`on vient à l`audience que les avocats peuvent faire une demande au procureur pour avoir une copie de ces décisions. Donc à ce stade, c`est soumis au décret. Aucun individu n`a le droit de prendre ce document tant qu`il n'en est pas destinataire. Or les seuls destinataire, c`est le procureur et le juge d`instruction. Le greffier même, s`il se permettait de vendre ce document, serait poursuivi au même titre que le journaliste. N.V. : Comment allez-vous démontrer ce vol ? R.T.F. : On va démontrer ça à l`audience. Le vol, c`est la soustraction frauduleuse d`un document ou d`un objet, d`un bien qui n`appartient pas à l`auteur. Qui le détient. Quand il y a une remise volontaire, il n`y a pas de vol. Quand il y a soustraction frauduleuse, il y a vol. Mais les démonstrations se feront à l`audience. On a assez de preuves. N.V. : Quelle est la suite immédiate de l`affaire de ces trois journalistes déférés à la MACA depuis vendredi dernier ? R.T.F. : Il y a une demande de mise en liberté qui a été portée à notre connaissance . Dès demain (aujourd`hui NDLR), les journalistes seront devant le tribunal correctionnel pour que le tribunal statue sur leur demande de mise en liberté. Propos recueillis par Félix Teha Dessrait dessrait@yahoo.fr

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023