lundi 19 juillet 2010 par Le Patriote

Le Dr Lemassou Fofana engage le dialogue direct avec Laurent Gbagbo, auto-proclamé disciple de Soundjata. Cette chronique hebdomadaire lui permettra de rappeler à Laurent Gbagbo quelques traits du grand combattant que fut le Lion du Mandingue.

Doxologie :
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ;
Salut à vous, Soundjata, l'enfant de la femme buffle ;
Le digne époux de l'arrière petite fille de Siamofing Bamba, le visiteur des lieux saints ;
A vous, le protecteur de la veuve et de l'orphelin ;
A vous, l'ami des savants, le défenseur de la foi et de la liberté ;
Je vous salue, Soundjata, vous grâce à qui, la forêt et la savane ne se tourneront pas le dos.
Comme je vous l'ai promis, j'ai décidé de dialoguer avec vous sur la mise en ?uvre des résolutions (énoncées) de votre Kurugan Fugan de 2001. A cette occasion, je vous avais demandé la permission, car qui suis-je, moi qui n'ai même pas encore eu l'insigne d'honneur d'obtenir le turban des Namoutigui, de m'adresser à vous, le défenseur des savants.
Mais, comme vous le savez, j'ai, par la grâce du Très Haut, eu l'honneur de faire figurer dans mon iznad (chaine de transmission du savoir), des doctes de notre discipline, l'histoire.
Ma vanité s'appuie sur les maîtres suivants :
A Abidjan, j'ai souvenance d'avoir obtenu mon ouird des maîtres tels Pierre Kipré, Christophe Wondji, Henriette Dagri Diabaté, Professeur Renault, Memel Fotey, Jean Noel Loucou, Joachim Boni, Diabaté Tiègbè Victor, Nicole Sanvitti, Kodjo Niamkey Georges, Simon Pierre Ekanza
A Paris, je me flatte d'avoir complété mon ouird par les enseignements des savants Jean Devisse, Dominique et Janine Sourdel, Pierre Chaunu, Michel Terrasse, Philipe Bruneau, Jean Pierre Chrétien .
Par ailleurs, grâce au Très Haut, j'ai eu l'occasion d'assister aux Tasfir (conférences) des Professeurs Jean Gagnepain et Yves Copens au Collège de France sur la théorie de la médiation et sur l'aventure de l'homme.
Enfin, lorsque vous étiez Directeur de l'IHAAA, c'est avec fierté que le Talibé que je suis, se rendait au quartier Biafra, à Treichville, pour écouter vos Tasfir intitulés les causeries de l'IHAAA .
C'est donc fort de la baraka de tous ces savants que l'humble talibé se permet de revisiter avec vous les principaux énoncés de votre Kurugan Fugan.
Ne maîtrisant pas la rigueur méthodologique des maîtres que je citais supra, je m'appuierai, pèle mêle sur les 44 énoncés de la charte du Manding pour échanger avec vous, Mari-Djata, le refondateur.
Dans l'énoncé n°5 de la charte de Kurugan Fugan, il est dit : chacun à droit à la vie et à la préservation de son intégrité physique . Cet énoncé, Soundjata, enfant de la femme buffle, expression achevée du droit à la vie, constitue le fondement d'un principe universel que les constitutionnalistes actuels et les défenseurs des droits de l'Homme n'ont fait que reprendre dans la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen.
Durant toute votre lutte héroïque pour une alternative démocratique , vous n'avez cessé de répéter ce principe universel. Et grâce au combat des forces du progrès, nous avons obtenu, dans notre constitution de juillet 2000, cette quête légitime de dignité.
Oh grand Soundjata, merci de nous avoir redonné notre droit à la vie. Honneur à vous, le protecteur de la veuve et de l'orphelin.
Mais Soundjata, lors de votre grande bataille de Kirina, en octobre 2000, des néo-sosso se sont infiltrés parmi les les dignes porteurs de carquois et ont souillé votre prise de pouvoir par des exécutions ignobles que la mémoire collective a retenues sous le nom de charnier de Yopougon : des jeunes enfants dans la fleur de l'âge ont été raflés, avec pour seul vêtement, la tenue d'Adam, fusillés et jetés dans une forêt comme un tas d'immondices.
Face à l'émoi suscité par une telle cruauté, les avis ont divergé. Pour vos adversaires, les néo-sosso ont agi sous vos ordres ; quant à vos défenseurs, ils ont soutenu qu'il s'agissait d'un suicide collectif commandé par le gourou des Républicains à l'instar de celui des 914 adeptes du temple du peuple de Jonestown, en 1978. Dans tous les cas, il s'agissait d'une ?uvre diabolique savamment orchestrée pour ternir votre image de défenseur de la veuve et de l'orphelin.
Mais grand maître, je vous sais incapable d'ordonner un tel crime, vous qui n'avez qu'un seul leitmotiv : agir pour les libertés . Et dans ma naïveté candide, j'étais convaincu que vous, Mari-Djata, l'enfant de la femme buffle, vous ne laisserez jamais un membre de votre peuple bafouer impunément l'énoncé n°5 du Kurugan Fugan.
Et je n'ai pas eu tort car, en homme d'honneur, vous avez instruit notre justice afin que la lumière soit faite sur le charnier de Yopougon . Je vous ai salué Mari-Djata lorsque vous avez refusé que des étrangers , ces éternels donneurs de leçon de la communauté internationale aient voulu nous humilier en s'accaparant ce dossier comme si, nous héritiers du berceau de l'humanité étions incapables de dire le droit. Je vous ai soutenu car, comment osent-ils, au nom du droit à l'ingérence, s'immiscer dans nos affaires internes, eux :
Descendants de Néron et de Caligula ;
Inventeurs de l'inquisition et du bûcher pour hérésie ;
Inventeurs du commerce triangulaire et de l'apartheid ;
Exterminateurs des amérindiens ;
Inventeurs des pogromes juifs et des fours crématoires ;
Auteurs du drame d'Hiroshima ;
Concepteurs des travaux forcés et des déportations massives ;
Qui ont assisté impuissants à la destruction de Kong ;
Qui ont assisté impuissants au drame de Srebrenica ;
Comment des héritiers de tels drames ont-ils eu l'outrecuidance de douter de votre impartialité, vous, Mari-Djata, le défenseur de la veuve et de l'orphelin.
Oh Mari-Djata, vous ne m'avez pas déçu ; vous avez exigé un procès concernant ce crime du charnier de Yopougon .
Mais Mari-Djata, les néo-sosso vous ont défié. En effet, au cours du procès étalé sur plusieurs semaines, ils vous ont menacé, vous, l'enfant de la femme buffle, de vous destituer si d'aventure le droit était dit. Et la suite, tout le monde la connaît. Le procès des inculpés a été, de l'avis des 16 clans de porteurs de carquois, des 5 clans de marabouts, des 4 clans de Niamakala et même des clans des esclaves de votre empire, ce procès fut une mascarade inacceptable pour les hommes dignes. Ce procès fut une humiliation car, par votre silence, vous avez donné raison à nos ennemis et vous avez été complice de la violation de l'article n°5 de Kurugan Fugan.
Nous, humbles citoyens qui avions placé toute notre confiance en vous, nous étions très amers, surtout que peu de temps après cet épisode douloureuse de notre histoire, les mêmes néo-sosso rééditaient leur exploit en décembre 2000 ;
Oh Mari-Djata, l'enfant de la femme buffle, souvenez-vous qu'en plein mois de Ramadan, mois béni de Dieu, les néo-sosso s'adonnaient à leur jeu favori à l'issue d'une marche de protestation de certains de vos concitoyens :
On raconte qu'ils auraient souillé vos instructions en violant, à l'aide de matraques, des femmes mariées et des jeunes filles à l'école de police, au camp de gendarmerie Agban, dans les rues et dans les commissariats ;
On raconte également qu'ils auraient brûlé des lieux de prières (les demeures du Très Haut), déchiré la parole de Dieu (le saint quoran) et posé des actes dans ces lieux saints que la décence m'interdit de nommer;
On raconte encore qu'ils auraient mis nu des ulémas et des imams en plein mois de Ramadan, devant des femmes toutes aussi nues, en proférant des propos ignobles à leur endroit ;
Et on raconte, et on raconte ! que tous ces actes seraient commis en votre nom, vous, Mari-Djata, le protecteur de la veuve et de l'orphelin.
Vous savez, je n'ai jamais cru en ces ragots, car je reste persuadé que vous, le digne époux de la descendante du saint Siamofing Bamba, vous ne pouvez tolérer de telles ignominies.
Oh Soundjata, lion de forêt et de la savane, au moment où vous venez d'annoncer que très bientôt, vous nous solliciterez le renouvellement de votre pacte avec votre peuple, donnez instruction à votre justice afin que la lumière soit faite, que le droit soit dit et que les innocents soient rétablis dans leurs droits.
Je sais que vous en êtes capable, vous qui avez dompté la mort, vous qui n'avez qu'une seule ambition : agir pour les libertés .
Salut à vous, grand maître et que le Très Haut vous inspire
Lemassou FOFANA
al-Muqaffa

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