lundi 19 juillet 2010 par Nord-Sud

Depuis le 09 janvier 2010, Nda Nguessan a ajouté une seconde corde à son arc. A 34 ans et coiffeur de profession, il vient d'accéder au rang de braqueur. En effet, à la date sus indiquée, Nda attend 4h du matin pour faire son baptême de feu dans sa toute nouvelle profession. Muni d'un poignard et d'une torche solidement fixée au front à la manière d'un chasseur de gibier,Nda fait irruption au domicile de dame Koné, pendent que son mari est absent. La maîtresse des lieux sent la présence d'un individu dans sa chambre. Elle ne peut le dévisager parce que la famille Koné dort la lumière éteinte. Qui est là s'inquiète-t-elle. Convaincu qu'à cette heure-là elle n'attend aucun visiteur. La réponse du noctambule est à la forme impérative. Couche-toi, si tu parles, je te tue , s'impose-t-il sous la menace de son arme blanche. Pendant qu'il pointe la torche aveuglante sur le visage de sa victime, son acolyte posté à l'entrée principale, veille au grain. Nda tient aussi toute la maisonnée en respect. Cet avantage lui permet de fouiller de fond en comble meubles et chaises. Il a fouillé ma valise, celle de mon mari et s'est emparé de tous nos biens , dénonce la victime. Sûr de lui, Nda se permet même de donner des ordres aux enfants de Koné qui, réveillés par les bruits de l'agresseur, ont demandé à aller uriner. Quand ma fille voulait pisser, il a exigé qu'elle le fasse dans un vase de nuit qu'il est allé lui-même chercher dans un coin de la maison , explique la mère des enfants. C'est à croire que Nda connaît les coins et recoins de la maison. Le bilan de sa perquisition est abondant. Des bazins, des pagnes non cousus, des complets d'habits Plus une importante somme d'argent sortie de la valise du mari. J'ai perdu la somme de 350 mille francs en espèces , se plaint le mari face au juge. Le forfait accompli, le jumeau Nda (nom porté par les jumeaux en pays baoulé) abandonne sa victime toute tremblante de peur. Au lever du jour, elle en informe son voisinage et ses parents. Dont sa s?ur qui vit a Ouragahio. C'est d'ailleurs, cette dernière qui, un jour, découvre les habits de dame Koné en train d'être bradés. Se faisant passer pour une cliente, elle s'approche de l'étal pour mieux identifier les vêtements de dame Koné. Cette dernière est alertée. Elle arrive sans tarder à Ouragohio où elle confirme l'évidence des faits. La gendarmerie intervient alors pour arrêter le vendeur qui, à son tour, dénonce Nda Fulgence. Je suis vendeur de friperie. Mon livreur se nomme Dao ; c'est avec lui que je prends les habits pour les revendre en détail , se justifie-t-il. Puis d'expliquer que la dernière livraison remonte au 30 décembre 2009. C'est dans cette livraison là que se trouvaient les vêtements que dame Koné revendique. Alors que c'est le 9 janvier qu'elle a perdu ses habits suite à un braquage. A l'analyse des propos du prévenu, Dao lui aurait livré les objets volés alors que le vol lui-même n'est pas encore commis. Cette incohérence est tout de suite relevée par le tribunal. Dao n'est donc pas celui qui a livré la marchandise volée. Surtout que le bandit n'arrive pas à localiser Dao. Un autre indice insoupçonné vient renforcer davantage la culpabilité de Nda. Il s'agit de son timbre vocal. Je reconnais distinctement la voix. Bien qu'il ait opéré dans le noir, il parlait beaucoup. Son physique peut m'échapper mais pas sa voix. C'est bien lui mon agresseur , insiste l'agressée. Le prévenu a épuisé toutes ses cartes de défense sans réussir à convaincre le tribunal. Reconnu coupable, il est sévèrement puni. 20 ans de prison, 10 ans de privation de droit. 5ans d'interdiction de paraître sur le territoire national autre que son lieu de naissance et 500 mille francs d'amende aux titres des dommages et intérêts à payer au couple victime.

Alain Kpapo à Gagnoa

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