lundi 19 juillet 2010 par Nuit & Jour

Alors qu'il représentait naguère, une alternative crédible dans la bataille de succession à Bédié à la tête du PDCI-RDA, Charles Konan Banny s'est désormais discrédité par son passage à la primature et, surtout, son récent coup de force au sein du vieux parti. Le cinglant revers qu'il a subi, mercredi dernier à Cocody, montre bien que l'ex-gouverneur de la BCEAO a considérablement réduit ses chances de contrôler l'ancien parti unique et, au-delà, la Côte d'Ivoire qu'il ambitionne de diriger au haut sommet.

Charles Konan Banny a-t-il réellement eu le nez creux en décidant, courant 2005, de diriger la primature en remplacement de Seydou Elimane Diarra ? En tout cas cette question, beaucoup d'Ivoiriens se la posent depuis quelques temps. Car, s'il est vrai que son passage à la primature lui permis d'accroitre son empire financier, il n'en demeure pas moins vrai qu'il traine depuis lors, un lourd boulet qui s'apparente à un délit de faciès. En effet, pour la commun des mortels, la nomination de Charles Banny à la primature l'a plutôt desservi, du moins politiquement. D'autant plus que désormais, il donne de lui, l'image d'un homme indécis qui manque réellement de courage. On se rappelle d'ailleurs qu'alors que les résolutions 1633 et 1721 du Conseil de sécurité des Nations Unies lui donnaient la possibilité de prendre des décrets en conseil de ministre ou de gouvernement pour booster le processus de paix qui avait pris du plomb dans l'aile, le natif de Morofè s'en était montré incapable. Pis, l'ex-DG de la RTI, M. Kébé Yacouba qui avait été limogé pour avoir fait passer un communiqué de la primature sur les antennes de la télévision ivoirienne n'a pu être réintégré par Charles Konan Banny. En sus, l'ex-gouverneur de la BCEAO s'est aussi montré incapable à sanctionner Pierre Djédjé Amondji, Gnamien Konan et Marcel Gossio réintégrés dans leurs fonctions après une suspension de trois (3) mois. Et, pour boucler la boucle, lui qui déclarait naguère que personne ne peut m'humilier a été proprement évincé de son poste en dépit de la résolution 1721 dont il se targuait d'en être le dépositaire.

Banny, un éternel indécis

En plus, politiquement, Charles Konan Banny n'a pas connu un bien meilleur sort. Nonobstant les incessants appels des Kouakou Abonouan Louis dit Ampirus , Jean-Philippe Kouamé, Octave Boni, Brigitte Kané et autres qui lui demandaient de venir prendre le contrôle du PDCI en agonie après le coup de force de décembre 99, Banny n'a pas réagi. Pas plus qu'il n'a osé lever le petit doigt lorsque le SG du PDCI, Alphonse Djédjé Mady a pris le risque de lancer les conventions éclatées en vue de désigner le candidat du PDCI-RDA. Là encore, il a entretenu un mutisme de carpe, synonyme de résignation. Au surplus, après son éviction de la primature, Charles Konan Banny avait d'abord fait allégeance à Bédié à Cocody avant d'aller lui confirmer son soutien inconditionnel à Daoukro. Et c'est du reste, au nom de ce soutien qu'il n'a pas fait acte de candidature à la présidentielle prévu le 29 novembre 2009. Mais curieusement, le même Banny qui avait juré fidélité et loyauté à Bédié se retrouve aujourd'hui dans une position de déstabilisation du vieux parti. En effet, depuis quelques temps, des jeunes du PDCI ne s'embarrassent plus de fioritures pour réclamer un nouveau congrès à Bédié, en dépit de la décision du bureau politique de 2009 qui l'a maintenu à ce poste jusqu'à la future présidentielle. Pendant que l'establishment du vieux parti l'accusait d'être le principal instigateur de cette fronde contre N'zuéba, Charles Banny s'est encore terré, jusqu'à sa sortie de mercredi dernier au siège du PDCI à Cocody (Abidjan). En convoyant des éléments de la FESCI pour huer le Président de son parti, le natif de Morofè a démontré qu'il est réellement le principal soutien de la rébellion contre Bédié. Une situation qui l'a désormais mise dans une posture de déstabilisateur du vieux parti. Or en politique, cela se paye cash. Aujourd'hui, tous ces faits semblent avoir jeté le discrédit sur Charles Banny qui voit désormais ses chances de succéder à N'zuéba s'amenuiser. L'ex-Gouverneur de la BCEAO paye ainsi le prix de sa naïveté politique. Et tout pourrait lui arriver dès lors.

Michel Ziki

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