jeudi 29 juillet 2010 par L'intelligent d'Abidjan

48 heures après leur libération, les journalistes du quotidien ?'Le Nouveau courrier'' ont animé, hier mercredi 28 juillet 2010, à la Maison de la presse Abidjan-Plateau une conférence de presse pour justifier leur acte. Ils ont profité pour demander le limogeage du procureur Tchimou F. Raymond.

Le mardi 13 juillet dernier, les responsables de ?'Le Nouveau Courrier'' ont publié dans leur journal le réquisitoire du parquet sur l'enquête café-cacao. Suite à la publication de ce document, le procureur de la République, Tchimou Raymond a intimé l'ordre aux responsables dudit quotidien de se rendre au parquet d'Abidjan. Et ce, par le biais de sa secrétaire et de son substitut. Le procureur Tchimou, précise Saint Claver Oula, aurait demandé de révéler la source (Ndlr : de donner le nom de la personne qui a fourni le document). Comme vous le savez, le métier nous l'interdit. Comme un médecin qui a prêté serment pour le métier qu'il a choisi de ne pas déroger au secret professionnel. Nous aussi avons dit que nous n'étions pas prêts à révéler nos sources.

Mais le procureur Tchimou a voulu que ce soit de façon fraternelle. Quand il a vu notre durcissement, il a tapé du point sur la table. Et il nous a livrés, à la Police Criminelle. C'est ainsi qu'on nous y a conduits. Pendant plusieurs heures, de 14 heures à 23 heures le même mardi. On a été auditionné tour après tour , a expliqué le rédacteur en chef de le ?'Nouveau courrier''. Et de poursuivre : Les policiers en sont arrivés à la confrontation. Ils ont remarqué que nos propos ne variaient pas. Chacun est resté figé sur sa déclaration. C'est ainsi que le procureur Tchimou Raymond a donné l'ordre de nous écrouer au violon de la police criminelle . Au nom des trois (3) confrères de ?' Le Nouveau courrier'', Saint Claver Oula a fait savoir qu'ils ont subi les mêmes sévices corporelles et morales que leurs codétenus. On n'avait pas de traitement particulier au violon de la Police Criminelle. Nous avons connu le ?'blindé'' que tous les bandits de grand chemin redoutent. Sur le plan moral, on avait affaire à des tortionnaires. On nous faisait arrêter pendant des heures alors que mon état de santé nécessitait que je me repose , relata-il avec beaucoup de larmoiements. Après trois (3) jours, le procureur de la République a demandé que les journalistes soient déférés au violon du parquet. A l'en croire, le chef d'accusation était ?'vol'', tout simplement. Et plus tard, deux autres chefs d'accusations sur le mandat de dépôt (divulgation d'information couverts par le secret et vol de document administratif), dira-t-il, ont été ajoutés au parquet avant notre départ pour la Maca (Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan), le 16 juillet 2010. On a été mieux traité à la Maca qu'au violon de la Police criminelle , a révélé Saint Claver Oula.

La liberté de la presse, une réalité utopique en Côte d'Ivoire?

Selon les confrères de ?' Le Nouveau Courrier'', leur arrestation pose le véritable problème de la liberté de la presse en Côte d'Ivoire. Quel que soit votre bord politique, quel que soit votre ligne éditoriale, il faut qu'on soit solidaire. Nous voulons interpeller nos confrères. Nous sommes dans un Etat où on veut opposer des forces. Si nous laissons une brèche, les gens vont frapper. Sans tenir compte de la loi qui régit notre corporation. C'est pourquoi, nous devons rester solidaires, a-t-il exhorté. Ils se sont félicités des actions entreprises par les organisations de la presse nationale et internationale, et surtout du Comité ivoirien pour la Défense des Droits des Journalistes pour leur Libération. Pourquoi veut-on contourner la loi parce qu'un journaliste a fait son travail ? Et leur administrer un traitement qu'il ne mérite pas ? Nous disons non ! L'expérience que nous venons de vivre renforce notre conviction. Nous avons côtoyé des personnes qui ne méritent pas d'être à la Maca, qui y sont. Nous avons vu le visage hideux de l'injustice , s'est-il offusqué.

Le limogeage du procureur Tchimou réclamé

Les confrères disent être déterminés à se payer la tête de leur tortionnaire. Le procureur Tchimou nous a pris deux semaines de nos vies pour rien. Et après, il nous libère en disant qu'on a rien fait. C'est pourquoi nous appelons le Président de la République à limoger Tchimou Raymond, qui est dangereux pour la République, qui est dangereux pour les journalistes et qui est dangereux pour nos lois. Tchimou Raymond est dangereux pour la démocratie. SEM Laurent Gbagbo a dit qu'en Côte d'Ivoire, on ne mettra pas un journaliste en prison. Pourquoi lui, le procureur, l'a fait ? Il y a des lois qui sont votées en conséquence, notamment la loi sur la presse.

Et comme Tchimou ne s'est pas inscrit dans cette vision donnée par le Président de la République, il faut qu'il limoge le procureur Tchimou , a souhaité le rédacteur en chef de ?' Le Nouveau courrier'', Saint Claver Oula

K.Patrick

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