jeudi 29 juillet 2010 par Le Patriote

Le candidat arrivé troisième au premier tour de la présidentielle en Guinée, Sydia Touré, a annoncé mercredi à Conakry son ralliement au deuxième tour à Cellou Dalein Diallo, arrivé en tête devant l`opposant historique Alpha Condé.

Lors du premier tour organisé le 27 juin, Sydia Touré avait rassemblé 13,62% des suffrages, arrivant derrière Alpha Condé (18,25%) et Cellou Dalein Diallo (43,69%). La date du deuxième tour n`a pas encore été fixée.

Au cours de la signature d`un accord de ralliement avec Cellou Dalein Diallo, M. Touré a précisé avoir fait ce choix "après avoir comparé les programmes des deux candidats au second tour", "la proximité de vision", mais "aussi la possibilité de collaborer et de travailler ensemble".

"Nous avons mis en avant notre besoin commun de faire en sorte que notre pays la Guinée puisse enfin démarrer un développement économique et social viable", a-t-il dit, ajoutant que : "c`est la raison essentielle de notre choix".

Il a rappelé que Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre (2004-2006), est quelqu`un qu`il "connaît bien", avec lequel il a "travaillé pendant trois ans".
MM. Touré et Diallo ont été membres du même gouvernement de 1996 à 1999, du temps de la présidence de Lansana Conté, décédé en 2008.

Le 27 juin, les Guinéens avaient participé dans la liesse à la première élection libre depuis l`indépendance en 1958 du pays, qui n`a connu depuis que des régimes dictatoriaux et militaires.

Mais la plupart des partis avaient ensuite dénoncé des irrégularités ou des fraudes massives.

La chambre constitutionnelle de la Cour suprême, chargée de statuer sur les recours déposés, avait annulé, pour "irrégularité avérée", de très nombreux votes. Et le taux de participation, qui était de 77% selon les résultats provisoires, est tombé à 52% selon les résultats définitifs.

Le candidat arrivé quatrième, l`ancien premier ministre Lansana Kouyaté, qui avait obtenu 7,04% des voix, n`a pas encore donné ses consignes de vote.

Sié Poda Souleymane (Pdt de la JRGN) : Gbagbo prépare une nouvelle guerre

Ancien militant actif du Rassemblement des jeunes républicains (RJR), Sié Poda Souleymane avait rompu les amarres avec ses camarades pour rejoindre la Refondation et soutenir Gbagbo, en créant la Jeunesse pour la renaissance du grand nord (JRGN).

Deux ans plus tard, il se dit plus que déçu. L'expérience a tourné court. Il avoue se démarquer du clan présidentiel. () On ne peut pas être avec des gens qui ignorent souvent que tu es du Nord, qui insultent tes parents en ta présence en les traitant de tous les noms, dénonce-t-il.

Le Patriote: Vous avez tenu une conférence de presse samedi dernier à Yamoussoukro, au cours de laquelle vous vous êtes démarqué du camp présidentiel et de Laurent Gbagbo, que vous souteniez après avoir pris vos distances avec le RJR dont vous étiez un membre influent.

Sié Poda: J'ai effectivement tenu une conférence de presse samedi dernier, à Yamoussoukro. Je réaffirme mon engagement à ne plus soutenir le président Laurent Gbagbo et le FPI. Ce parti est tribaliste. A notre conférence de presse, nous avons donné les raisons de notre action.

LP: Pouvez-vous nous rappeler ces raisons?

SP: La toute première raison concerne d'abord le contentieux sur la liste électorale provisoire blanche. Nous avons des camarades et amis ainsi que des parents qui, aujourd'hui, sont exclus de cette liste par les ex-camardes du FPI, les traitant d'étrangers, de fraudeurs. Or pour nous, être ressortissant du Nord de la Côte d'Ivoire n'est pas synonyme de fraude. Pourquoi accuse-t-on toujours les gens du Nord sans argument et sans preuves ? Nous croyons que ces gens-là ont un objectif clair : tailler la liste électorale à leur mesure en vue des élections, rayer tous les noms des nordistes.

Malheureusement, nous ne pouvons pas soutenir cela. Etant donné que nos propres parents s'y trouvent. Ce sont eux qu'on accuse. Les ressortissants du Nord ne sont pas les seuls qui font frontière avec les autres pays. Il y a les ressortissants du Sud est et de l'Ouest montagneux. Nous trouvons ces accusations inadmissibles et inacceptables. Nous ne pouvons pas aller demander à nos propres parents de soutenir Laurent Gbagbo, l'aider, le voter pour être à la tête du pays depuis deux ans et voir tout ce travail que nous avons abattu réduit à néant, parce que des gens tapis dans l'ombre ne veulent pas que cette crise prenne fin et qu'on aille aux élections. Des élections historiques, indépendantes, libres ouvertes et transparentes. C'est pourquoi, ils trouvent des artifices depuis des mois. Dans ces conditions, je ne peux pas continuer à soutenir un tel régime qui dénie à nos parents leurs droit élémentaires. Ce serait suicidaire de soutenir et collaborer avec des gens qui veulent spolier nos parents de leur nationalité. Parce qu'ici, ce n'est pas la carte d'électeur qui nous préoccupe. Mais la nationalité qui est primordiale.

LP: Vous ne saviez pas que ce régime était porté sur l'exclusion avant de vous y engager ?
SP: Après la guerre, nous avons connu beaucoup de balbutiements, beaucoup d'accords. Notamment celui de 2007 signé à Ouaga. Ce dernier accord nous a réconforté parce que Gbagbo a tendu la main au secrétaire général des Forces nouvelles, qui est devenu par la suite Premier ministre. Nous avons interprété ce geste comme un acte de paix. C'est pourquoi nous avons créé la Jeunesse pour la renaissance du grand nord en vue de soutenir Laurent Gbagbo. A un moment donné on a cru qu'on pouvait construire la Côte d'Ivoire non pas sur des bases ethniques, mais en faisant appel à toutes ses filles et à tous ses fils. Que toutes les ethnies se résumeraient à la nationalité ivoirienne, au détriment des groupes ethniques ; que les Ivoiriens, qu'ils soient du sud, du nord, de l'ouest ou de l'est se reconnaîtraient dans le creuset de la Nation ivoirienne et non par la tribu ou l'ethnie. Malheureusement, nous nous sommes trompés.

LP: Regrettez-vous aujourd'hui ce soutien que vous avez apporté au régime?

SP: Je ne parlerai pas de regret, mais d'amertume. Je suis très remonté et amer d'avoir, à un moment donné, contribué à ce combat. Ce que je ne peux pas faire dans ce combat, et c'est cela qui m'amène à me démarquer, c'est que je ne peux pas soutenir des gens qui cherchent à exclure nos parents. Des gens qui cherchent à arracher la nationalité de nos parents. Et je vais plus loin, des gens qui ignorent souvent que tu es du Nord et qui insultent tes parents en ta présence.

LP: Quelles seront maintenant vos nouvelles actions?

SP: Tout d'abord, nous sommes en train de travailler, de nous organiser sur le terrain, en appelant tous les jeunes de Côte d'Ivoire à faire bloc. Parce que ce que nous voyons, c'est une seconde guerre qui est en train de se préparer. Si rien n'est fait maintenant, elle sera peut-être plus grave que la précédente. Donc nous appelons tous les jeunes de Côte d'Ivoire, nos mamans et nos papas, à s'organiser pour refuser l'exclusion des Ivoiriens sur la liste électorale. En ce qui nous concerne, nous nous organisons pour faire barrage à l'arbitraire. Nous n'allons pas accepter qu'un de nos camarades soient exclus. Nous savons de quoi nous parlons. Nous ne laisserons pas passer cela. Parce qu'il s'agit de nos droits. Nous sommes dans une logique où nous croyons en une Côte d'Ivoire sans distinction de ses fils et filles, qu'elle soit religieuse ou régionale. Parce que ce sont l'affairisme, le clientélisme, le tribalisme qui ont détruit la Côte d'Ivoire. Ce pays est complètement pourri, tout le monde le sait. Il y a la corruption à tous les niveaux. Ce sont les mêmes propos que nous dénonçons aujourd'hui que le président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly s'est mis à dénoncer. Mais il y a eu un lynchage médiatique et même politique de la part de ses amis du camp présidentiel. A un moment donné, cela a pris une allure très tribale. Il a été traité de tous les noms. Nous croyons que cela doit prendre fin en Côte d'Ivoire.

LP: Justement, quels commentaires faites-vous de ce conflit Tagro-Koulibaly?
SP: Ce que Mamadou Koulibaly a dit, est la stricte réalité. Tous les Ivoiriens le savent.

Nous-mêmes, nous le savons avec des preuves. Aujourd'hui, on voit que le ministre de l'Intérieur est au centre de ces accusations. Même si c'est une enquête du Procureur qui l'a soit disant blanchi, personne ne peut nier qu'il y a une cooptation politique dans les autres administrations, ce n'est pas seulement à l'Ecole de Police. Cela est très dangereux pour la Côte d'Ivoire. Voyez aujourd'hui, l'Ecole est morte de sa belle mort. L'administration ivoirienne n'existe plus. Mais est ce que vous savez pourquoi l'école et l'administration ivoirienne sont mortes? C'est à cause du népotisme et le tribalisme. Vous voyez des personnes qui perdent tout leur temps à faire du militantisme au lieu d'enseigner les enfants. Ils passent leur temps à racketter les entreprises au lieu de travailler. Ils le font parce qu'ils se disent qu'ils ont des parapluies politiques qui les protègent. Tout cela doit prendre fin. Ce que Mamadou Koulibaly a dit est la vérité. Il a tout notre soutien. Nous qui sommes des enfants de pauvres, où allons-nous trouver de l'argent pour payer les concours d'entrée à l'Ecole de Police ou à l'ENA? Il faut que cela change pour le bien-être de la population ivoirienne et non pour le bien-être d'une ethnie ou d'une région.

LP: Avez-vous fait votre mea culpa?

SP: Je ne parlerai pas de mea culpa, mais je voudrais dire que nous allons repartir sur de nouvelles bases.

LP: Qu'entendez-vous par ?'partir sur de nouvelles bases?''

SP: Ce que je peux vous dire, c'est que j'ai toujours eu de l'admiration pour le Docteur Alassane Dramane Ouatatara. Je ne suis pas dans son intimité, mais je l'ai connu personnellement parce qu'on a eu le temps de faire certaines choses pour le RDR. Il est candidat du RDR. Aujourd'hui, en vous parlant, je ne suis pas militant du RDR. Mais, nous sommes des Ivoiriens et les candidats aux élections, nous allons nous prononcer sur eux, leur programme, dans peu de temps, dans les jours à venir. A travers nos actions et nos actes, nous allons apporter notre soutien à celui qui va dans la logique de ce que nous recherchons pour la Côte d'Ivoire.

Ibrahima B. Kamagaté

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