jeudi 29 juillet 2010 par Nord-Sud

Dans la nuit du jeudi 8 juillet vers 2h30, Krémé Pascal a failli laisser sa peau. Il a reçu au total seize coups de couteau au cou, au dos, aux pieds, à la hanche et à la main gauche. Le gang de cinq individus armés de couteaux lui en voulait terriblement mais le vigile de 36 ans a vaillamment résisté à leur attaque. Rencontré mercredi dernier à son domicile à Sagbé Palmeraie, un quartier de la commune d'Abobo, Pascal porte encore des blessures à peine cicatrisées. Il explique son calvaire de cette nuit alors qu'il revenait de la veillée funèbre de son cousin. Je traversais le terrain Tangara (du nom de l'artiste reggae rappelé à Dieu, Ndlr) précisément au niveau du dépôt de charbon, juste à côté des rails. Deux individus armés de couteaux ont surgi d'une cachette. Ils se sont rués sur moi. Nous avons lutté et au moment où je prenais le dessus, trois autres sont sortis de la pénombre pour prêter main forte à leurs complices. J'étais donc au milieu des bandits, tous armés de couteaux et de canifs. Ils m'ont frappé. Ils m'ont piqué seize fois avec leurs armes blanches. Avant de partir, ils m'ont dépouillé de mon téléphone portable, de mes chaussures de marque Sebago, de ma carte magnétique et de la somme de 450Fcfa. Il y avait du sang sur tout mon corps , raconte Pascal, père de deux filles. Ensanglanté, il court chercher de l'aide non loin de la mosquée Blanche où se déroulait la veillée mortuaire. Selon lui, son cousin décédé était un militaire. Donc, je me suis adressé aux militaires qui étaient là. Mais ils m'ont conseillé de me rendre à la brigade de gendarmerie d'Abobo. Ce que j'ai fait. Je perdais du sang. Là-bas, je n'ai trouvé personne du moins j'ai frappé le portail, on ne m'a pas répondu. Il était 3 h lorsqu'on m'a évacué à l'hôpital Félix Houphouet-Boigny pour recevoir les soins , nous dit-il. Deux jours après les faits c'est-à-dire le 10 juillet, Pascal porte plainte contre x, pour vol de nuit en réunion à main armée et coups et blessures volontaires, à la brigade de gendarmerie où il est reçu par l'adjudant Yao et le Mdl/c Kouakou. Quatre jours plus tard, Pascal saisit la police criminelle. Sa plainte est enregistrée sous le numéro OP n°3440/DPC/MC du 14 juillet 2010 à 7h30.

Terrain Tangara, un nid de bandits

Depuis lors, il n'y a rien. Mais les agressions continuent chaque nuit au même endroit. Nous sommes en insécurité totale. A partir de 21h, il est dangereux de traverser ce terrain. La bande constituée généralement de trois individus opère à l'arme blanche. C'est la peur et l'angoisse que nous vivons depuis plusieurs mois , s'inquiète Traoré Aboubacar, enseignant en communication dans une grande école de la place. Lui aussi a été victime du gang. Le 25 mai à 22h30 alors qu'il rentrait à la maison, Traoré a été pris à partie par trois chenapans justes après le fameux dépôt de charbon. Sous la menace de leur attirail, les malfrats lui ont fait sa fête en le délestant de son téléphone portable, de ses chaussures et de la somme de 37750Fcfa. Ils m'ont presque déshabillé. Après leur forfait, ils ont pris la fuite mais je suis revenu sur les lieux de l'agression en compagnie de mes amis. J'ai retrouvé mes pièces d'identité. Et le lendemain, j'ai porté plainte au commissariat de police du 21ème arrondissement. On m'a remis un op c'est-à-dire numéro d'opération. Mais mes agresseurs courent toujours. Pis, ils continuent de semer le malheur au sein de la population. Nous sommes angoissés. Nous avons peur pour notre sécurité , s'alarme l'enseignant de 40 ans et père de quatre enfants. Peur, angoisse. Ce sont les mots qui reviennent à la bouche des habitants du quartier Sagbé Palmeraie. Me Rabet Madou, 45 ans, clerc d'avocat, se rappelle comme si c'était hier son agression le 11 juillet au même endroit vers 22h. Entre le garage auto et le dépôt de charbon, deux individus armés de bâton lui fracasse le nez d'un coup sec avant de lui arracher son argent. Madou se débat entre les gangsters et réussit à s'échapper et court chercher de l'aide. Mais les malfaiteurs avaient déjà disparu avec leur butin dans la nuit noir. J'ai aussi porté plainte au commissariat de police du 21ème arrondissement. Mais il n'y a pas de suite , regrette-t-il. Qu'à cela ne tienne, rétorque Aboubacar. Selon lui, ils ne s'avouent pas vaincu car la population s'organise pour mettre fin aux actes de ces vauriens. Le 18 juillet, il y a eu une grande réunion avec le chef central. Nous sommes en train de faire signer des pétitions. Il y a une centaine de signatures recueillies. Ces pétitions ne visent qu'à interpeller les autorités policières sur l'enfer que nous vivons , nous déclare Traoré Aboubacar. Comme ces trois cas plusieurs personnes sont victimes chaque jour d'agressions témoigne dame Akissi Kouamé. Joint par téléphone hier, Toé Lazare, chef central de Sagbé Palmeraie, nous indique que les cas d'agressions sont devenus monnaie courante. Il se plaint de la recrudescence des baraques qui, à ses yeux, sont la cachette de bandits. Nous avons approché le commissaire du 21ème arrondissement. Il envoie des éléments pour patrouiller dans le quartier. Mais ils sont en nombre insuffisant. Et puis, les patrouilles ne sont pas fréquentes. Donc, après leur départ, les voleurs reviennent attaquer. Il y avait un comité de surveillance mais il n'a pu résister car les populations n'ont pas adhéré , souligne M.Toé. Le sentiment d'insécurité est partagé par les populations. Coulibaly Karim, gérant de cabine téléphonique, affirme que les nuits sont devenus depuis le mois d'avril un cauchemar dans la mesure où pas plus tard qu'hier (mardi) deux jeunes gens ont été agressés au niveau des rails. Les bandits leur ont arraché tout après les avoir molestés avec leurs gourdins . Kouakou Dominique, président des jeunes de Sagbé Palmeraie, ne dit pas autre chose. Nous sommes en insécurité. La police évoque le problème de locomotion et de l'accessibilité du quartier , dit-il. Interrogé sur la question de l'insécurité à Sagbé Palmeraie, le commissaire de police Adé Yapi Alexis, chef du service du commissariat du 21èmearrondissement, nous déclare ceci : J'ai pris contact avec ma hiérarchie. Le chef du district de police d'Abobo, Kouka Michel, premier responsable de la sécurité, me charge de vous dire de vous mettre en rapport avec le directeur général de la police nationale . Si le commissaire Adé n'a pas souhaité s'exprimer sur la question de l'insécurité grandissante à Sagbé Palmeraie, le commissaire Logbo, chef de district adjoint d'Abobo, affirme que le lundi 26 juillet ils ont organisé des rafles à travers la commune. Soixante personnes ont été arrêtées. Malheureusement, des cas que vous avez évoqués, sont des cas isolés. Nous allons mettre un accent particulier sur ce quartier. Je demande aux victimes qu'elles nous approchent pour trouver une suite à leur plainte , nous confie le commissaire de police.

Bahi K.

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