vendredi 30 juillet 2010 par Le Nouveau Réveil

Il faut que l'Etat fixe ses objectifs avant de trouver les moyens pour y aboutir. C'est le diagnostic que fait le président de la Fédération ivoirienne de Judo. Pour le président Isaac Angbo, c'est à ce prix que le sport ivoirien mettra fin à ses nombreuses participations sans succès aux compétitions internationales.

Que bilan peut-on faire de cette saison sportive qui se termine maintenant ?
Notre objectif, pour cette saison, était d'abord de respecter le calendrier. à ce niveau, nous notons qu'à l'exception de deux compétitions qui n'ont pas trouvé de preneur, toutes les activités au programme se sont déroulées aux dates indiquées. Ce qui veut dire que la fédération a atteint une maturité au plan de l'organisation. Au niveau des résultats sportifs, il y a un progrès. En 2008, nous avions disputé et perdu 7 finales de Bronze. En 2009, ce fut identique. En accord avec la Direction technique nationale, nous avons amené en préparation à Strasbourg en France 10 athlètes pendant deux mois. Au championnat d'Afrique, nous avions eu 3 demi finales perdues, 5 médailles disputées avec 2 succès. Il faut continuer le travail et garder le cap.

D'où tirez-vous les ressources financières pour respecter toutes ces activités programmées ?
Ce sont les aides apportées par des tierces personnes et structures. J'ai pour adage de dire qu'il n'y a rien de plus gratuit que de demander. Moi, je prends l'initiative avant de passer au financement. Dieu merci, tout se passe comme je le souhaite. Ma gratitude à certaines structures comme Peace and sport, Pnud et autres.

Est-ce que aujourd'hui vous avez donné une dimension nationale au judo ?
On n'est sûrement pas à ce niveau, mais rassurez-vous : c'est mon objectif à venir et le projet que j'ai proposé à Peace and Sport, c'est de faire en sorte que le championnat de Côte d'Ivoire en 2013 puisse regrouper des clubs venant de toutes les régions de Côte d'Ivoire

Autrement dit, l'avenir du Judo ivoirien est sur la bonne voie depuis votre arrivée ?
Je préfère laisser les autres le dire. Moi, lorsque je prenais les rênes de cette fédération, mes objectifs étaient d'accroître le nombre de clubs, accroître le nombre de licenciés et améliorer les résultats sportifs. Accroître le nombre de clubs nécessitait du matériel. On avait du matériel stocké depuis 1999 qui n'était pas déployé. Avec les différents dons reçus par-ci par-là, nous avons commencé à déployer. De moins de 20 clubs, nous sommes arrivés à 24 clubs. Beaucoup sont en attente parce qu'ils n'ont pas pu s'affilier avant la date butoir de 30 Novembre dernier.

Pensez-vous que votre ancien statut d'ancien champion d'Afrique vous a beaucoup apporté dans l'exercice de votre fonction de président de fédération ?
J'avais moi-même sous-estimé cet aspect mais j'avoue que je me suis rendu compte que le nom Angbo Isaac m'a ouvert assez de portes. Peace and Sport a été plus à l'aise de savoir qu'il composait avec un champion d'Afrique. Cela a donc été utile pour le Judo et pour la jeune équipe que j ai eu l'honneur de conduire.

Autrement dit, vous êtes partant pour briguer un autre mandat ?
C'est un processus. On ne vient pas juste pour donner et puis partir. On vient pour atteindre certains objectifs. Et l'un de notre objectif, c'est de faire en sorte que cette large base qu'on initie au Judo puisse y demeurer longtemps dans la pratique pour en faire des champions de haut niveau. Car notre Judo est pauvre. Lorsque vous faites une compétition de seniors, ils sont moins de 50, lorsque vous faites une compétition de cadets et minimes, ils sont autour de 70 et lorsque vous faites une compétition de moins de 12ans, ils sont 450.Il y a donc quelque chose qui ne vas pas. Il faut mener une politique qui permet aux pratiquants de rester jusqu'à la catégorie senior et à nous de les suivre.

Quelle est cette politique ?
Généralement, avant, l'enfant vient au Judo par ses parents. Aujourd'hui, nous offrons le Judo gratuitement dans les quartiers des parents démunis et l'enfant vient parce qu'il a quelque chose à gagner, il a une occasion de s'épanouir et d'être des hommes célèbres demain.

Quelques sont vos projets à long terme pour le Judo ?
La grève de 2002 nous a éloigné d'un bon niveau. Le niveau aujourd'hui du Judoka ivoirien n'est pas bon. Il faut travailler pour y remédier. L'élite actuelle a déjà beaucoup de défauts qu'on essaie de combler mais qui les rattrapent toujours dans les moments décisifs des combats, notamment au niveau des finales. On va continuer de faire avec. Mais la base que nous sommes en train de former est une base avec des objectifs de vainqueur mais pas de voyageur.

Le Judo ivoirien pour les médailles au plan international, ce sera donc pour quelle année ?
Je pense qu'à partir de 2014-2015, nous allons commencer à chercher les médailles d'Or au niveau africain. Et puis mettre en place une politique du monde à partir de 2016 ; Ces enfants qu'on sort maintenant dans les quartiers sont des bagarreurs qui vont se sentir au niveau de ceux qui vont convoiter les médailles jeux olympiques parce que la Côte d'Ivoire a les moyens de former les champions. Et pour former les champions, il faut être au contact du haut niveau.

Il a été beaucoup question des Etats Généraux du sport. Pensez-vous qu'aujourd'hui, cela soit nécessaire pour permettre aux sports dits mineurs d'avancer en qualité ?
Ce n'est seulement pas les sports dits mineurs, le football aussi a intérêt à avancer. Aujourd'hui, le football s'est mis dans une position où il n'est plus question de participer à un mondial sans la Côte d'Ivoire. C'est donc tous les sports qu'on doit avancer. Mais tout est une question d'objectif. Si vous voulez que le sport ait des résultats, il aura des résultats parce que l'Etat s'est donné cela comme objectif. Il appartiendra à l'Etat d'avoir un droit de contrôle sur les activités et autres projets des fédérations. Je pense d'abord l'objectif avant l'investissement. En Côte d'Ivoire, on investit pour dire qu'on était là-bas. Non, il faut être là-bas parce qu'on a un objectif. Soit parce qu'on a les moyens pour être premier ou se frotter pour être premier prochainement. Malheureusement ici, on est toujours surpris. Or en sport, il y a la médaille du devoir et la médaille de l'exploit. Est-ce qu'on veut aller aux Jo pour des médailles, alors on travaille dans ce sens. C'est de ça qu'il s'agit si nous voulons avoir des lauriers avec le sport.
Interview réalisée par DB

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