Dans exactement trois jours, la Côte d`Ivoire indépendante et souveraine aura 50 ans. Mais ce qui devrait être une célébration nationale, un évènement qui rassemble toutes les filles et tous les fils de la Côte d`Ivoire pour prendre un nouveau départ après avoir tiré les leçons du passé est tout simplement dévoyé. Le cinquantenaire est une affaire d`un clan, un instrument de promotion politique d`un homme dont l`ambition de refonder un pays qu`il n`a pas bâti a viré au cauchemar.
Dans un entretien qu`il nous a accordé hier, le Général Ouassénan Koné qui fut désigné le 07 août 1960 à 00 heure pour descendre le drapeau français et faire monter pour la première fois le drapeau ivoirien exprimait sa déception devant ce qui se passe à Yamoussoukro.
On parle de la Côte d`Ivoire comme un pays sans histoire, comme si on voulait amputer une partie de l`histoire de ce pays. Car pour bâtir cette nation, il y a eu des hommes et des femmes qui se sont battus, qui ont travaillé. Aujourd`hui, ils sont encore-là pour la plupart. Quelle leçon veut-on tirer de l`histoire de ce pays quand ceux-là ne sont pas associés ou simplement placés au c?ur de l`évènement ? Gbagbo était dimanche dernier au Bénin pour participer aux festivités des 50 ans de ce pays. Aux côtés du président Yayi Boni, il a pu voir le doyen Mathieu Kérékou, Nicéphore Soglo et bien d`autres personnalités qui ont fait l`histoire du Bénin indépendant. Comment se fait-il qu`en Côte d`Ivoire, on ait transformé cet évènement en une messe pour le parti au pouvoir ? Si on devrait effacer ce que le Pdci-Rda avait construit en 40 ans et pour ne laisser que ce que le Fpi et Gbagbo ont ajouté en 10 ans de pouvoir, qu`est-ce que les refondateurs seraient en train de célébrer actuellement ?
Les Ivoiriens et le cinquantenaire de Gbagbo
Dans quelles conditions les Ivoiriens vont-ils célébrer les 50 ans de leur indépendance ? Il faut le dire, le pays présente un bien piètre visage. La Côte d`Ivoire est certainement l`unique pays qui va fêter ses 50 ans de souveraineté alors que ses populations sont dans le dénuement le plus total. Un pays où les citoyens n`ont pas de titre d`identité. 50 ans après leur indépendance, les Ivoiriens n`ont pas de cartes d`identité qui leur permettent de s`identifier et se distinguer des autres. 50 ans après l`indépendance, certains habitants de la capitale économique sont obligés de recourir à l`eau de puits pour approvisionner leurs ménages en eau. Des femmes avec des cuvettes sur la tête se promènent dans tout Abidjan pour chercher de l`eau. Un pays qui était confronté tantôt à un délestage parce que le régime Fpi avait oublié de faire les investissements nécessaires pour l`entretien et l`accroissement des capacités énergétiques de la Côte d`Ivoire.
Un pays qui fait partie des plus pauvres au monde, où les épidémies sévissent, où le chômage grimpe, où l`enseignement au rabais a pignon sur rue, un pays sans route, sans avenir en un mot. Et pourtant, l`on a claqué plus de 20 milliards de francs pour inviter des soi-disant universitaires et experts à venir faire de grands discours sur la Côte d`Ivoire et son avenir, comme si les Ivoiriens étaient incapables de se retrouver pour réfléchir sur ce qu`ils veulent faire pour leur pays les 50 prochaines années. On claque des milliards alors que le peuple a besoin de moins que ça pour changer son quotidien.
Qu`est-ce qu`on va fêter ce 07 août ? Au Burkina voisin, les festivités ont été reportées pour se donner le temps d`achever des réalisations que ce pays est en train de faire à Bobo Dioulasso et qui seront présentées au monde entier en décembre prochain. Chez nous, qu`est-ce que Gbagbo va présenter au monde après ses grands discours?
Akwaba Saint-Clair