Aux douanes ivoiriennes les problèmes de personnes prennent le dessus sur les revendications corporatistes et syndicales. Ce qui se passe actuellement au sein de cette régie financière présente le décor d` "un coup d`Etat". La conférence de presse tenue par le collectif des syndicats agents des douanes tard le soir du lundi 8 août 2010 au siège du Syconad-Ci (Syndicat de la coordination nationale des douanes de Côte d`Ivoire) est édifiante.
A en croire Gnapi Vincent et Monpo Seidou, respectivement, Sg du Sylad-ci et du Syd-ci qui ont coanimé une conférence de presse, la Dga des douanes ivoiriennes, le colonel Yao N`Dré est l`instigatrice de la grève du Sddd (Syndicat de la défense des droits des douaniers) du lundi 8 août 2010 qui a paralysé les services douaniers."Nous sommes indignés et surpris par le comportement de la direction générale des douanes qui a suscité par la voix de Mme Yao N`Dré, directeur général adjoint des douanes, la fermeture des services", a indiqué Vincent Gnapi, président permanent du collectif, affirmant par ailleurs que le Synad-Ci dirigé par Henry Siriki, le Syconad-Ci dont l`intérim est assuré par Philippe Ziagbo, l`Usyd-Ci de Hermann Bah Guey, l`Unad-Ci représentée par Kouassi Yao et le Syd-Ci du secrétaire général Seidou Monpo "ne se sentent pas concernés par cette grève à laquelle le collectif n`a pas été associé". En revanche, le collectif a appelé "à la vigilance" face à ce qu`il a qualifié de "manigance" qui, selon lui, "vise simplement à affaiblir le collectif et par ricochet à émietter la lutte syndicale" en douanes.
La position des syndicats
L`ensemble des six syndicats se réserve le droit d`organiser une assemblée générale extraordinaire pour expliquer les non-dits de cette grève "suscitée par la directrice générale adjointe". Pour le collectif des syndicats des douanes, rien ne peut expliquer de tels troubles qui tournent autour de neufs revendications qui ne sont pas nouvelles dans la mesure où depuis 2009, les six syndicats ont décidé d`aider la direction générale des douanes à atteindre ses objectifs "en optant pour la voie de la négociation et du dialogue franc". Mieux, précisent ses responsables, "ce que réclame le Sddd, ce sont des revendications qui sont sur la table de négociation depuis que nous observons le silence, pour lesquelles nous avons pu obtenir de la direction de nombreux avantages, notamment, la prime trimestrielle, les primes de responsabilité, le paiement du Ts (Temps supplémentaire) sur le territoire national, la prime de sujétion et risques, la gratuité du transport public etc." Pis, ils ont du mal à expliquer comment Mme Yao N`Dré a pu faire obtenir un chèque de 69 millions Fcfa du ministère de l`Economie et des Finances aussi facilement. Qui marquerait le montant des primes extra-légales des agents des Douanes. Alors que le directeur général, le colonel major, Alphonse Mangly est en mission à l`extérieur. Et ce, pour faire face à la revendication du Sddd qui souhaite entre autres, le remboursement de la somme de plus de 30 mille Fcfa prélevée par la direction des moyens généraux des douanes comme cotisation à l`assurance Sidam (Société ivoirienne d`assurances mutuelles). Le directeur général, le colonel major Alphonse Mangly en fait-il à sa tête au point de voir une grève se radicaliser en son absence ? Là-dessus, indique notre source proche des douanes, "plusieurs rencontres ont eu lieu entre le premier responsable des douanes en présence des Dga devant lesquels il a demandé à Deli Isson Michel de lui produire la liste des membres de son syndicat qui ne veulent plus cotiser à la Sidam". Cette liste, au dire de notre interlocuteur, ne lui est jamais parvenue jusqu`à ce qu`en son absence, le colonel Yao N`Dré qui a une bonne maîtrise de ce dossier prenne les choses en main. Mieux, explique le collectif, il y a un comité de gestion comprenant le représentant du directeur général des douanes, celui des syndicats, le représentant de la Sidam, celui des moyens généraux, de la Drh, et du directeur de la communication des douanes qui a été mis en place pour apporter des solutions consensuelles aux soins des douaniers. Un véritable "coup d`Etat" manqué. Pour mieux apprécier l`accusation du collectif à l`endroit de la Dga, il faut remonter à février 2009. A cette période, le collectif des syndicats des douanes conduit par Serey Doh Célestin (actuellement à l`Ena) avait égrainé le même chapelet de revendications. Pendant trois jours, les douanes ivoiriennes ont été paralysées. En juillet 2009, le même collectif est revenu à la charge pour désapprouver la décision du ministre de l`Economie et des Finances, Charles Diby Koffi, en ce qui concerne le paiement partiel du régime indemnitaire aux douaniers. Au cours d`une conférence de presse au Plateau, Serey Doh Célestin, secrétaire général du Syconad-ci (Syndicat national de la coordination des douanes de Côte d`Ivoire), n`a pas manqué d`indexer le ministre de l`Economie et des Finances, Charles Diby Koffi de "n`avoir pas fait preuve de sincérité pendant les négociations dans la mesure ou l`argentier s`était engagé à exécuter le document portant sur le paiement du régime indemnitaire signé par le président de la République".
Les actions futures
Joint par téléphone afin de commenter l`actualité brulante de l`heure dont il en sait beaucoup, Serey Doh Celestin, "le général Doh" pour les intimes a observé un mutisme avant de donner certaines précisons. "Je ne peux pas comprendre que pour une question de remboursement de 30 mille Fcfa, la Dga des douanes fasse paralyser les activités douanières en donnant l`ordre à des directions des services douaniers de fermer", a-t-il indiqué. Loin des activités syndicales mais, proche de ses camarades, le bouillant secrétaire général du Syconad-CI dont l`intérim est assuré par Ziagbo Philippe a emboîté le pas au collectif. Pour lui, Mme Yao N`Dré vient de tendre une perche aux revendications restées jusque-là sans suite notamment, l`augmentation du Ts, le reversement de la moitié des salaires en suspens et la contribution effective de la direction générale des douanes quant aux soins des douaniers. "Les agents des régies financières comme les impôts et le trésor sont soutenues par leur hiérarchie", a-t-il soutenu. Tout comme ses camarades, il a du mal à expliquer l`attitude de la Dga qui, à l`en croire, "gagnerait à mettre son expertise et expérience douanier au service de la direction et de l`Etat" que d`accompagner une grève". Pour l`énarque, deux objectifs sont visés par la Dga. A savoir "boycotter le travail d`union et de cohésion entre le collectif et la direction générale des douanes qui a permis au Dg d`atteindre une plus value". Secundo, a-t-il soutenu, "elle veut régler ses comptes avec le collectif qu`elle traite de corrompus au détriment d`une nouvelle assurance qu`elle veut imposer aux agents des douanes". "Le général Doh" qui ne garde pas la langue de bois a crevé l`abcès. "Elle fait croire à travers ce syndicat que la Sidam est plus chère et que ses prestations sont limitées. Pourtant, c`est le nombre des agents des douanes qui a augmenté et des solutions sont en train d`être trouvées pour voir combien on peut ajouter à la cotisation", a-t-il indiqué, révélant par ailleurs que ce qu`elle propose par le biais de ce syndicat est deux fois plus cher que ce que la Sidam propose. Pour finir, il a tenu à préciser à la Dga ce qui suit : "le Dg Mangly n`est pas arrivé à la tête des douanes en se cachant derrière des troubles de syndicalistes". L`on est à se poser la question de savoir, pourquoi la Dga, le colonel Yao N`Dré qui a des solutions aussi faciles ne les a-t-elle pas mises au service de son directeur général pour le bonheur de cette douane qui est le poumon de l`économie. Nos tentatives pour avoir la version de la Dga sont restées sans suite. Cependant, nos colonnes restent ouvertes pour le recoupement de cette information. Et le tandem Gnapi Vincent-Serey Doh Célestin est vivement souhaité par l`ensemble des agents des douanes.
Marie Michelle D.