vendredi 20 août 2010 par Notre Voie

Dans les causeries du vendredi de ce jour, le député Martin Sokouri Bohui s'intéresse aux déclarations guerrières d'Alassane Ouattara lors de sa dernière visite dans le nord, notamment à Niakara. Notre Voie : Des informations de plus en plus récurrentes font état de ce que le RDR continue de contester la radiation de la liste électorale des personnes dont même la preuve est faite qu'elles ne doivent pas y figurer. Et ce parti continue également de menacer tous ceux qui dénoncent les fraudeurs. Que pouvez-vous dire aux Ivoiriens pour les rassurer sur ce point dont dépend la crédibilité de l'élection ? Martin Sokouri Bohui : Le RDR est toujours dans sa logique de violence et de fraude. Depuis qu'il existe, je n'ai jamais vu ce parti proposer quelque chose qui puisse aller dans le sens des intérêts des Ivoiriens. Au moment où nous camp présidentiel dénonçons les fraudeurs, le RDR brandit les sanctions qu'encourent les dénonciateurs. Pire, il les menace de mort. Et quand nous affirmons que ce parti est violent, les responsables de ce parti estiment que c'est un faux procès qu'on leur fait. Alors que chaque jour ils apportent la preuve que leur parti est un parti qui a basé toute sa stratégie sur la violence et la fraude. Sinon comment comprendre que, quand la guerre est survenue, ce sont les militants du RDR qui étaient les rebelles et que ce sont les journaux proches de ce parti qui ont fait l'apologie de cette guerre. Aujourd'hui où on parle de radiation de la liste électorale des fraudeurs, c'est encore le RDR qui s'y oppose avec violence en se faisant passer pour les champions de la défense de ceux-ci. Mais ce n'est pas étonnant, car leur mentor, présenté par eux-mêmes comme le candidat des étrangers, ne peut que compter sur la fraude pour espérer se faire une place au soleil. Mais je voudrais dire aux Ivoiriens que nous ne le laisserons pas faire. Le chien aboie et la caravane passe. Nous mettrons tout en ?uvre pour qu'aucun fraudeur ne figure sur la liste électorale. Mais, s'il se trouve qu'il y a quelques fraudeurs qui passent à travers les mailles du filet, ils n'influenceront pas le vote des Ivoiriens qui sont décidés à plébisciter le président Gbagbo au premier tour du scrutin présidentiel. Cela dit, le RDR doit comprendre que la violence appelle toujours la violence. Ils ont amené la guerre dans ce pays qui a coûté à la vie des milliers d'Ivoiriens. Mais, au nom de la paix, nous les survivants de cette guerre, nous avons pardonné. Qu'il sache qu'il existe en l'Homme un instinct de survie. Il est donc grand temps que le RDR quitte le terrain de la violence, car ce n'est pas avec la violence que notre pays, la Côte d'Ivoire, fera un saut qualitatif dans le concert des nations. N.V. : Vous parlez justement de violence. Lors de sa dernière tournée dans le nord, le président du RDR, Alassane Dramane Ouattara, a encore affirmé que les rebelles ont eu raison de faire la guerre et il les encourage à aller jusqu'au bout de leur logique qui est de faire de lui le président de la République. Qu'est-ce que cela vous inspire ? M.S.B. : Cela ne me surprend pas. Car, en disant cela, Ouattara confirme simplement ce que les Ivoiriens savaient déjà. A savoir que c'est bien lui le vrai chef de la rébellion. Et je pense que ceux qui hésitaient encore à le croire sont maintenant édifiés par Ouattara lui-même. Cela dit, je voudrais dire que nous dormions quand Alassane Ouattara a attaqué la Côte d'Ivoire pour tenter de renverser le régime du président Gbagbo. Mais, malgré cela, il a échoué. Sur ce point, nous savons qu'il a été trompé par ses stratèges qui lui ont fait croire que c'était le moment d'attaquer. Puisque, pour ces derniers, le président Gbagbo n'était pas encore bien assis et qu'il était donc vulnérable. Aujourd'hui, les données ont changé. Car nous savons très bien que Ouattara peut attaquer à tout moment. Nous en sommes persuadés et nous en sommes parfaitement conscients. Et nous connaissons l'homme avec ses ambitions démesurées. Vouloir être président par tous les moyens d'un pays qui n'est pas le sien. Nous nous sommes rendus compte que Ouattara n'avait pour seul moyen que la guerre pour réaliser ce noir dessein. Et comme il sait très bien qu'il ne sera pas élu par les Ivoiriens, la seule voie qui est la sienne depuis toujours est celle de la guerre. C'est dans cette logique qu'il continue de galvaniser les rebelles afin que ceux-ci achèvent le travail qu'ils ont commencé dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002. C'est ce qu'il a dit hier à Bouaké et c'est encore ce qu'il vient de dire à Niakara. Mais nous ne nous laisserons plus nous surprendre. Ne dit-on pas que quand on a été une fois mordu par un serpent, on se méfie du verre de terre ? Ouattara fait partie de la classe des hommes politiques qui font le malheur de l'Afrique. Mais, heureusement, cette vague d'hommes politiques qui tirent l'Afrique vers le bas est en train de disparaître. Je dirai même que Ouattara fait partie de la dernière génération de ce spécimen. Car les intellectuels africains soucieux du devenir de notre contient ne peuvent accepter que ce genre d'individus qui n'ont d'yeux que pour leur nombril au détriment des intérêts de l'Afrique prospèrent. En ce qui nous concerne, la seule voie qui compte est celle des urnes. C`est-à-dire le choix dans la transparence de nos responsables par le peuple en toute souveraineté. Nous avons donc le devoir de faire la promotion de la transparence des élections. Car c'est la seule voie qui peut permettre à notre continent d'exploser en termes de développement. C'est cette voie que le président Gbagbo a choisie pour la Côte d'Ivoire. C'est ce que le peuple ivoirien a compris. Et c'est pour cela que les Ivoiriens le suivent et qu'ils sont déterminés à le plébisciter le 31 octobre prochain. En revanche, ils sont prêts à rejeter les abonnés à la violence et à la fraude. N.V. : Il nous revient également qu'au cours de cette même tournée, le président du RDR a refusé de rendre visite au corps préfectoral sous prétexte que celui-ci est aux ordres du président de la République. M.S.B. : Mais qu'est-ce qui vous étonne ? Ouattara est même le chef de la rébellion. Et ça, c'est connu de tous. Et ce sont les rebelles qui ont chassé le corps préfectoral et toute l'administration dans les zones dites CNO. Si Ouattara rend visite au corps préfectoral, c'est qu'il rentre dans la République. Or, justement, il ne veut pas rentrer dans la République. En refusant donc de rendre la politesse au corps préfectoral, Ouattara est dans sa logique de rebelle. Mais le paradoxe, c'est que lui qui refuse de rentrer dans la République, veut être président de cette même République. Or, pour être président de la République, il faut avoir un parcours initiatique dans cette République. C'est au bout de ce parcours qu'on devient président de la République. Ce n'est pas en galvanisant les rebelles. Alassane Ouattara a été Premier ministre du président Houphouët avant d'entrer dans la rébellion en 2002. Et s'il n'était vraiment pas englué dans la rébellion, il aurait su qu'un préfet, c'est le représentant du gouvernement, mieux, du Premier ministre et du président de la République. Refuser, lui qui a été Premier ministre, de rendre les civilités à un préfet ou à un sous-préfet sous prétexte qu'il est aux ordres du président de la République, c'est un non-sens. Celui qui veut être président de la République doit respecter le corps préfectoral. Je demande donc à Ouattara d`abandonner la voie de la violence et de rentrer dans la République. Dans un pays civilisé, ceux qui ont gagné les élections gouvernent et les autres s`opposent sans faire la guerre. Il est vrai que Ouattara est mon adversaire, mais il est de mon devoir de lui donner quelques conseils. N.V. : Ouattara a dit aussi qu'il veut être président de la République pour changer la Constitution et remettre à leur place ceux qu'on appelle les étrangers. Quelle est votre réaction ? M.S.B. : Quand on a décidé de faire la politique, c'est pour améliorer les conditions de vie de l'ensemble des populations du pays. Mais Ouattara, lui, a décidé de travailler pour une partie des populations ivoiriennes. Mais la guerre qu'il a envoyée a permis à nos frères du nord car c'est d'eux qu'il s'agit - de comprendre que cet homme ne travaille que pour lui-même et non pour leur bonheur. C'est donc un discours qui vise à se faire accepter par les populations du nord et espérer ainsi avoir une base électorale. Ce discours-là ne peut plus prospérer. Il ne tient plus la route. A preuve, c'est par milliers que certains de nos frères du nord qui avaient cru en Ouattara se déversent aujourd'hui dans le camp présidentiel. N.V. : Et pourtant, le président du RDR draine du monde à chacun de ses déplacements. M.S.B. : J'ai déjà répondu à cette question. Et j'avais dit que Ouattara aura toujours des gens à ses meetings. Ce sont ceux qui se reconnaissent en lui qui affluent à ses meetings, parce qu'ils sont certainement dans la même situation que lui. Ne perdez jamais de vue que partout où passe Ouattara, ce sont les mêmes membres de son cercle qui se retrouvent à ses meetings. C`est-à-dire les fanatiques de son cercle qui sont encore sous l'effet de son mensonge. Qu'il soit au nord, au sud, à l'est, à l'ouest ou au centre, ce sont les mêmes qui suivent le président du RDR. A la différence du président Gbagbo et des autres leaders dont le public varie selon l'endroit où ils se trouvent. Quand le président Gbagbo est au nord, ce sont les gens du nord qui sont à ses meetings. Quand il est au sud, ce sont les gens du sud qui y viennent. Quand il est à l'est, ce sont les gens de l'est qui sont autour de lui. Quand il est à l'ouest, ce sont les gens de l'ouest qu'on retrouve à ses meetings. Il en est de même pour le centre de la Côte d'Ivoire. Et donc la foule que nous voyons aux meetings de Ouattara ne m'a jamais ébranlé. On ne gagne pas une élection avec les membres d'un cercle et nombreux de ceux qui sortent quand Ouattara passent n'ont pas le droit de vote. Cette foule mécanique vise à faire croire à la communauté internationale que Ouattara a une assise populaire. C'est de la mystification comme il en a l'habitude. Et pourtant, il n'en est rien. En réalité, Ouattara ne représente rien en Côte d'Ivoire en dehors de son cercle d'initiés toujours présents à ses meetings. Le prochain scrutin présidentiel le démontera. Entretien réalisé par Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr

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