Grenoble, une cité qui m'est chère pour y avoir fait mes études universitaires, va-t-elle devenir une référence en matière de sécurité en France, comme La Baule est devenue, de par le discours de François Mitterrand, la référence en matière d'aide à la démocratie dans les pays africains. En effet, c'est à Grenoble que Son Excellence Monsieur Nicolas Sarkozy, Président de la République Française, a annoncé, le 18 juillet 2010, à l'occasion de l'installation de Monsieur Eric Le Douaron, un ancien policier, comme nouveau Préfet de la région de l`Isère dont Grenoble est la capitale, la décision de reconduction des immigrés (clandestins) dans leurs pays. Ce jeudi 19 août 2010, la France commence l'application de cette décision par deux premiers vols qui reconduiront 93 Roms vers la Roumanie. Et la France compte expulser plus de 700 personnes vers la Roumanie et la Bulgarie avant la fin de cette année. Sarkozy et la France agissent conformément aux lois de la République Française. Vu sous cet angle, je n'aurais rien à redire personnellement, car j'estime que les Français ont le droit de faire ce qu'ils veulent dans leur propre pays, dans la défense de leurs intérêts. C'est d'ailleurs dans la défense de ces intérêts, que Sardozy reconnaît que les Français subissent les conséquences de 50 années d`immigration insuffisamment régulées qui ont abouti à un échec de l`intégration. Sarkozy avoue, à propos du système d'intégration de la France : Il a marché, il ne marche plus, et demande à ses compatriotes de se réveiller pour voir ce que leur système a produit (France Info du 30 juillet 2010). Mais la France, pays du droit d'ingérence humanitaire, donne à tout humain le droit de juger ses décisions et ses actes. C'est donc au nom de mon humanité que je m'interroge à haute et intelligible voix : Sarkozy et la France deviennent-ils, eux aussi, xénophobes, comme Gbagbo et la Côte d'Ivoire? Les Roms et les gens du voyage sont-ils des Africains qui n'ont pas réussi à s'inscrire dans l'histoire? Sarkozy et les Français ont-ils oublié ce qu'ils disaient de Gbagbo et des Ivoiriens? Et pourtant, Gbagbo et la Côte d'Ivoire n'ont jamais affréter ni avion, ni train, ni même car, pour expulser des étrangers de son territoire. Pourquoi la France a-t-elle le droit de faire ?ça' chez elle, alors qu'elle refuse le dixième (1/10) de ?ça' aux autres pays, notamment à la Côte d'Ivoire? Faut-il vraiment croire que, pour la France, la Côte d'Ivoire est encore et toujours un territoire de peuplement, et donc n'est pas et ne sera jamais un Etat indépendant comme l'est la France? Simples questions en attendant ce que feront la communauté internationale! Mais je voudrais, sans dédouaner les Français, pouvoir affirmer que Zarkozy, qui se sait fils d'immigrés, fait preuve d'un complexe qui l'amène à faire du zèle : il veut démontrer son attachement à la France et faire oublier d'où il vient, par l'expulsion des étrangers. Sarkozy veut être plus royaliste que le Roi. Que la France se rassure : la Côte d'Ivoire a connu une telle situation. En effet, Alassane Ouattara, alors nommé le Premier des ministres d'Houphouët-Boigny, a imposé une carte de séjour aux étrangers vivant en Côte d'Ivoire, y compris aux Burkinabè, ses véritables compatriotes. Faisons attention aux complexés, et que les étrangers dans un pays se rappellent le dicton qui dit que lorsqu'un bossu assiste à l'enterrement d'un bossu, il apprend concrètement comment lui-même il sera enterré. Néa Kipré Enseignant à l'Université de Cococdy-Abidjan neakipre@univ-cocody.ci