samedi 21 août 2010 par Nord-Sud

Les transporteurs routiers ont manifesté une poussée de fièvre hier à l'entrepôt de la Gestoci à Vridi en mettant à l'arrêt des dizaines de camions chargés de marchandises. Ils se plaignent du monopole accordé à l'Office ivoirien des chargeurs pour l'escorte ainsi que les taxes trop élevées.

Vendredi mouvementé sur les parkings et à l'entrée principale de la société de stockage de carburant, Gestoci à Vridi. Sur plusieurs mètres, des dizaines de camions, chargés d'hydrocarbures, sont restés garés pendant plusieurs heures, refusant de se faire escorter par l'Office ivoirien des chargeurs (Oic). Certains chauffeurs qui ont passé la nuit-là, avaient du mal à contenir leurs mauvaises humeurs. La guerre est finie. Pourtant, on continue de nous faire des tracasseries sur les routes, vitupère le secrétaire général du Syndicat national pour la prudence des chauffeurs, Moussa Soumaoro. En cause notamment, l'application d'un arrêté du ministre des Transports qui impose aux camions de l'hinterland, le macaron de l'Office ivoirien des chargeurs (Oic) pour la traversée. Albert Flindé, après sa prise de fonction, a fait déclasser l?Union Gacci-Socobib (UGS) de l'escorte des camions, mettant de ce fait l'Oic en position de quasi-monopole. Très vite, les manifestants ont été rejoints par d'autres conducteurs qui disent être venus marquer leur solidarité aux camarades, en colère. Nous avons le même problème et nous ne pouvons rester indifférents, raconte le président de l'Union ouest-africaine des marchands et importateurs de bétail, Losséni Koné. Les camionneurs en ont assez de payer 160.000 Fcfa à l'Office ivoirien des chargeurs (Oic) par camion là où la concurrence nous prend 37.000 Fcfa seulement. Nous n'accepterons plus jamais ça. Il faut libéraliser l'activité, s'écrit Youssouf Doumbia, représentant frontière du Syndicat national des conducteurs routiers du Mali (Synacor). A mesure que la foule des transporteurs grossissait, le discours devenait musclé. L'OIC étant resté seul maître à bord, les rackets sont revenus en force , récrimine Fétégué Traoré, secrétaire général du Syndicat national des conducteurs de cars et assimilés. Les routiers sont d'autant révoltés qu'ils soupçonnent une complicité entre l'Oic et les services de douane. En effet, accusent-ils, les services douaniers transmettent les déclarations des à l'office afin d'obliger les transporteurs à coopérer avec cette structure. Je refuse qu'on nous torde la main , a souligné le président du comité de crise, Eric Diabaté. Pour prévenir tout débordement, un détachement des forces de l'ordre composé essentiellement de gendarmes-commandos a été déployé dans la zone afin de quadriller le périmètre. Des agents de la sécurité privée filtraient les entrées tandis que leurs collègues de la Gestoci veillaient au respect des consignes de sécurité. Ce dispositif sécuritaire n'a pas eu les effets escomptés. Par endroits, l'on a pu assister à des échauffourées entre chauffeurs et forces de l'ordre. Certains hommes de média ont été priés manu-militari d'évacuer les lieux. Finalement, les parties ont ouvert des discussions qui ont permis de ramener le calme. Selon le président du comité de crise, les autorités ont promis d'examiner plus sérieusement le dossier. Mais, visiblement, ils ne vont pas rester les bras croisés. Les chauffeurs routiers du Burkina, du Niger, du Mali et de la Côte d'Ivoire envisagent de manifester leur mécontentement dans les semaines à venir. Ils choisiront, pour ce faire, les postes frontaliers de la Côte d'Ivoire en espérant que leurs doléances seront examinées.

Lanciné Bakayoko

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