samedi 21 août 2010 par Nord-Sud

Dans une interview qu'il a accordé au confrère ?'Le Point.fr'' le 13 août dernier, le Pr Patrice Nordmann, directeur de l'unité Inserm résistances émergentes aux antibiotiques et chef du service microbiologie-bactériologie-virologie de l'hôpital Bicêtre de France, tire la sonnette d'alarme.

Le Point.fr : Faut-il s'inquiéter?
Patrice Nordmann : NDM-1 (New Dehli metallico-beta-lactamase 1) n'est pas une bactérie comme il y a un virus H1N1. Il s'agit en réalité d'un gène de résistance qui s'est diffusé dans plusieurs types de bactéries. Il permet la synthèse d'une enzyme qui inactive la plupart des antibiotiques présents sur le marché, y compris les carbapénèmes, réservés aux infections les plus graves. Ce gène se localise dans des bactéries qui sont déjà résistantes aux antibiotiques. Elles deviennent ainsi multirésitantes et donc extrêmement difficiles à traiter. NDM-1 touche aussi des entérobactéries comme les colibacilles qui sont responsables du plus grand nombre d'infections humaines. Un ou deux antibiotiques peuvent être utilisés, mais leur efficacité n'est pas certaine. L'aspect impasse thérapeutique est réel. On n'aura pas de solution avant au moins 5 ans.

De quel type d'infection parle-t-on ?
Cela donne, en ville, des infections urinaires qui affectent plutôt des femmes et, à l'hôpital, des infections nosocomiales chez des patients déjà fragilisés, des infections pulmonaires, des septicémies et des infections sur cathéter, etc. Et, dans ces derniers cas, le risque de mortalité pourrait être élevé.
D'où viennent ces bactéries?
Le réservoir se situe dans le sous-continent indien : Pakistan, Inde, Bangladesh. Le tout premier cas a été identifié en 2008, en Suède, chez un patient d'origine indienne transféré depuis un hôpital indien vers un centre de soins suédois. Les Anglais viennent d'identifier 150 cas en Inde, mais il y en a certainement beaucoup plus. Ils ont également décelé près d'une quarantaine de cas sur leur territoire qui s'expliquent par leurs liens privilégiés avec l'Inde et la présence de nombreux Indiens.

Un premier cas n'a-t-il pas été identifié en France ?
En effet, le laboratoire Inserm que je dirige, reçoit des souches venant du monde entier et nous avons identifié un cas français. Une personne qui était simplement porteuse d'une de ces bactéries. Il ne s'agit pas d'un patient hospitalisé au Kremlin-Bicêtre comme cela a pu être rapporté, mais, pour des raisons de confidentialité évidentes, nous ne pouvons pas divulguer le nom de l'hôpital où cette personne a été prise en charge. Une chose est sûre : il s'agit d'un patient qui avait été hospitalisé en Inde comme dans l'ensemble des cas que nous avons identifié au Kenya, en Australie ou au Sultanat d'Oman.

Comment contracte-t-on ces bactéries ?
Elles se trouvent dans l'environnement et leur réservoir naturel chez l'homme est le tube digestif. Leur mode de transmission est dit féco-oral. Elles ne se transmettent pas par l'air, mais essentiellement par les mains et le contact avec des objets souillés.

Pourquoi lie-t-on leur transmission au tourisme médical ?
Parce que les chercheurs anglais ont observé que la plupart des cas répertoriés chez eux concernaient des patients qui avaient été hospitalisés en Inde pour subir un acte chirurgical.

Faut-il éviter de se rendre dans les pays du sous-continent indien ?
Non, vous pouvez vous y rendre. En revanche, je déconseille toute hospitalisation dans ces pays. Sur place, il convient de se laver très fréquemment les mains et d'être vigilant à ne pas absorber de boissons douteuses. Toutes les précautions indiquées pour éviter la gastroentérite sont de mise, notamment éviter les salades et les glaces.

Comment faire face à ce risque ?
En France, nous sommes en train d'émettre des recommandations qui seront dévoilées début septembre. L'idée principale est de dépister systématiquement les patients à risque, à savoir tous ceux qui ont été hospitalisés à l'étranger et transférés soit par des organismes d'assistance soit par des établissements de santé. Un système que nous avons d'ailleurs mis en place depuis 5 ans à Bicêtre concernant l'ensemble des bactéries multirésistantes. Le souci est que ces bactéries n'étaient jusqu'ici présentes qu'en milieu hospitalier. En cas d'épidémie, on pouvait imaginer fermer la structure hospitalière et évacuer les patients. Avec NDM-1 qui donne des infections de ville, on ne pourrait pas aussi facilement contenir le problème.

Avec Le Point F.r

Les titre et surtitre sont de la rédaction.






Traitement des religions par l'Etat
Gbagbo présente des excuses aux musulmans

Comme nous l'annoncions, mercredi, le chef de l'Etat a partagé, hier, avec les imams, un repas collectif à l'heure de la rupture du jeûne musulman.

La rencontre entre Laurent Gbagbo et les imams, vendredi soir, à la mosquée de la Riviera Golf restera dans les mémoires pour au moins deux raisons. Pour la première fois, un chef d'Etat partageait un repas collectif avec les guides musulmans à l'heure de la rupture du jeûne du ramadan. Secundo, le président de la République a prononcé à l'endroit de la communauté islamique un mot que les membres de cette confession ont rarement entendu de la bouche d'un premier magistrat de ce pays : excuses. Oui, Laurent Gbagbo a présenté des excuses aux musulmans. Il a dit le faire au nom de l'Etat au cas où leur communauté aurait été victime de manquements de la part de celui-ci. Le Conseil supérieur des imams(Cosim) n'a pas initié ce rendez-vous pour se plaindre d'une quelconque injustice. Lors de son intervention, son président, le cheikh Boikary Fofana a même précisé qu'ils n'y ont pas invité le chef de l'Etat pour des doléances, mais uniquement pour le partage, et la solidarité recommandés pendant ce mois hautement spirituel pour les musulmans. Il n'en demeure pas moins que le pardon de Gbagbo était le bienvenu. Officiellement ou officieusement, les leaders musulmans, ou leurs fidèles, ont régulièrement reproché aux différents pouvoirs de les défavoriser. Ils se sentent lésés tant en matière d'aide publique aux confessions religieuses, que dans d'autres domaines. Laurent Gbagbo a promis, lui, agir toujours dans le sens de l'égalité. Il a juré avoir été aux côtés de toutes les communautés chaque fois que cela a été nécessaire. C'est à ce titre, dit-il, que l'Etat est venu au secours des pèlerins du hadj 2006 bis lorsque des organisateurs de ce voyage les ont abandonnés à l'aéroport d'Abidjan, disparaissant avec leur argent. Ce sont ses propres termes. De même, le gouvernement s'est impliqué depuis lors dans l'organisation du pèlerinage à La Mecque pour la rendre facile. A ce niveau, le président de la République a répondu au vieux souhait du Cosim de voir les musulmans rejouer les premiers rôles dans cette opération. Il a laissé entendre que cela est possible à condition que le hadj soit organisé sans bruits. Il y va, selon lui, de la préservation de l'intérêt des pèlerins et de l'image du pays auprès des autorités saoudiennes. Le cheikh Boikary Fofana estime que la solution à cette préoccupation se trouve dans l'avènement du Bureau ivoirien du hadj et de la oumra (Biho) créé cette année par son organisation. Le chef des imams a demandé une audience à Gbagbo afin de mieux lui présenter les objectifs de cette institution. La demande a été acceptée séance tenante et sera exécutée dans les tout prochains jours.

Le Premier ministre était également attendu à cette cérémonie. Guillau?me Soro étant absent du pays, c'est avec quelques ministres dont celui de la Communication, Ibrahim Sy Savané, que le président a répondu à l'invitation adressée à l'ensemble de l'exécutif.

Cissé Sindou

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