samedi 21 août 2010 par Nord-Sud

De nouvelles bactéries très dangereuses, résistantes à tous les antibiotiques sévissent depuis 2008 à travers le monde. La Côte d'Ivoire n'est pas à l'abri.

?'New Dehli Metallico-beta-lactamase'' (NDM-1) est un gène de résistance qui s'est diffusé dans plusieurs bactéries. Il sécrète une enzyme qui permet aux bactéries de résister aux antibiotiques. Son réservoir se trouve dans le sous-continent indien. Il a déjà causé la mort de nombreuses personnes en Inde et au Pakistan. La Radio télévision belge francophone (Rtbf) révèle qu'un Bruxellois est décédé en juin suite à une infection due à une de ces bactéries. Elles sont également présentes aux Etats-Unis, au Canada, aux Pays-Bas et en Australie. En France, un patient qui aurait séjourné en Inde, aurait été victime d'une de ces bactéries. Le premier cas africain s'est déclaré au Kenya chez un malade qui a séjourné en Inde.

Les bactéries touristes

Le NDM-1 touche des bactéries très courantes qui sont responsables de la plupart des infections urinaires, gastroentérites et pulmonaires. Le tout premier cas a été identifié en 2008, en Suède, chez un patient d'origine indienne qui a été transféré d'un hôpital indien vers un centre de soins suédois. Cette propagation est due au voyage et au tourisme médical. L'Inde reçoit de nombreux patients des pays européens, mais aussi et surtout de nombreux commerçants d'Afrique dont des Ivoiriens. L'Inde est, en effet, fréquentée par de jeunes Ivoiriens qui y vont pour des études, des hommes d'affaires et surtout des commerçantes qui vont y acheter divers produits comme des tissus, des chaussures Selon le Pr Patrice Nordmann, directeur de l'unité Inserm résistances émergentes aux antibiotiques et chef du service microbiologie-bactériologie-virologie de l'hôpital Bicêtre, en France, le mode de transmission de ces bactéries est dit féco-oral. C'est-à-dire essentiellement par les mains et le contact avec des objets souillés.

Déjà ?'des résistances'' en Côte d'Ivoire

La prescription d'antibiotiques, avant l'annonce de cette probable épidémie, est un casse-tête chinois pour les médecins ivoiriens. Ils relatent que, quelques rares fois, les patients ne recouvrent pas la santé après un traitement d'antibiotique. Et ce, non pas parce que la bactérie qui a causé la maladie résiste, mais parce que les examens biologiques n'ont pas été faits au malade, faute de moyens financiers ou d'équipements. Un médecin généraliste exerçant au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Yopougon indique, que quelques rares fois, certains patients présentent des infections qu'on n'arrive pas à diagnostiquer. Lorsque des patients arrivent, nous leur faisons faire des examens biologiques de maladies que nous soupçonnons. Et, quand nous n'identifions pas les germes responsables de la maladie, nous les mettons sous un traitement d'antibiotique. Et ces patients guérissent, bien qu'on ne sache pas leur maladie. Toutefois, le praticien tient à préciser : l'hémoculture (elle consiste donc à mettre en culture un échantillon de sang, afin d'identifier un ou plusieurs germes et permet de réaliser un antibiogramme sur le germe retrouvé, et oriente ainsi le médecin dans le choix du traitement antibiotique) est conseillée dans ces circonstances pour trouver la maladie. Mais la pauvreté des patients amène le médecin à prescrire un antibiotique quelconque qui va aider le malade à guérir. En Afrique, il est difficile d'évoquer que des maladies résistent à des antibiotiques. Car, nous ne faisons pas tous les examens. Un gynécologue évoque également ce problème. Il y ajoute le manque d'équipements dans la plupart des hôpitaux d'Afrique noire. Selon ce spécialiste de la santé génitale de la femme, il est difficile d'évoquer la résistance d'une maladie aux antibiotiques lorsque tous les examens ne sont pas pratiqués. C'est le cas des infections aux trompes chez certaines femmes. Selon lui, le traitement dure plusieurs mois, parce qu'en Côte d'Ivoire, on ne peut pas effectuer les prélèvements au niveau des trompe. Il l'explique : nous n'avons pas des équipements adéquats. Alors que pour mieux traiter ces infections, il faut identifier la bactérie responsable et agir sur elle. Nous n'avons pas le choix. Nous essayons le traitement avec plusieurs antibiotiques jusqu'à ce que la femme guérisse .

Le silence des autorités

Aucune annonce n'a encore été faite par les autorités. Alors que le trafic entre l'Inde et la Côte d'Ivoire est dense. Plusieurs personnes y vont pour le commerce. Que se passera-t-il si ces bactéries sont transportées ici ? Ayant à peu près le même climat que l'Inde, cette nouvelle menace d'épidémie n'est-elle pas à craindre ? Toutes nos tentatives pour entrer en contact avec le ministère de la Santé et de l'hygiène publique sont restées vaines. L'Institut Pasteur de Cocody joint dans la matinée d'hier ; après avoir noté nos préoccupations, le secrétariat du Pr. Dosso Mireille directrice de cet établissement spécialisé dans la prévention des maladies par la recherche de vaccins, a promis nous rappeler. Et, nous attendons.

Adélaïde Konin

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