Le pouvoir-FPI veut tout acheter, même le jeûne du ramadan. Il veut s'approprier l'âme, la conscience des croyants musulmans, en accomplissant des actes spectaculaires. Sinon, comment expliquer qu'en dix ans, c'est maintenant à quelques longueurs de l'élection présidentielle que le chef de la refondation éprouve le besoin de dorloter les musulmans ? De grâce, ne profanons pas le jeûne musulman pour des soucis électoralistes. Le jeûne, chers frontistes, se fait dans le silence et sa rupture de même. C'est dans le silence que Dieu accorde sa miséricorde et non dans le tapage fait dans les journaux et médias publics à la botte du pouvoir.
Toutes les man?uvres de séduction ayant échoué ou trouvé peu d'écho dans d'autres milieux religieux, le candidat de la refondation change de tactique et jette désormais son dévolu sur les chefs religieux, surtout sur les représentants des communautés musulmanes. Il pousse même le culot jusqu'à aller rompre le jeûne du ramadan à la mosquée de la Riviera, en présence de l'iman, le Cheik Boubakary, un religieux intègre, un homme estimé de tous. Son objectif est le même que celui qu'il nourrissait lorsqu'il nomma, contre attente des caciques de son parti, Malick Coulibaly son directeur de campagne: appâter les Nordistes dont nombre sont musulmans en leur faisant croire qu'il les aime et qu'il ne tolérera aucune discrimination à leur égard. Il pousse la supercherie jusqu'à leur distribuer des dizaines de tonnes de riz, lait et sucre à l'occasion du ramadan. En fait, le don présidentiel, divisé par le nombre de fidèles musulmans, chacun n'aura même pas la valeur d'un carreau de sucre. Et dire que les refondateurs se sont moqués d'Alassane Dramane Ouattara pour avoir offert avec son propre argent des quantités inférieures aux musulmans
Le ramadan étant une période de grande piété, de recueillement et d'humilité pour les musulmans, on aimerait savoir si en allant à la mosquée, le chef des frontistes en campagne politique, avait sa propre bouillie ! A-t-il accepté de boire celle de ses hôtes en faisant confiance en la bonté d'Allah-le-miséricordieux ? Fera-t-il les 30 jours de jeûne pour montrer sa détermination à soutenir la cause musulmane outre la demande de rémission de ses péchés? Qui veut-il tromper ? Ira-t-il aussi rompre le jeûne qu'il n'observe d'ailleurs pas avec les pauvres et les mendiants qui pullulent devant les mosquées ? Croit-il sincèrement que quelques morceaux de sucre, une demi-boite de lait et un bol de riz suffisent pour faire oublier aux musulmans, toutes les misères qui leur sont faites de la part du nouveau converti d'un soir ? Pense-t-il que son geste effacera les traces des bombardements de Bouaké et Korhogo ? Voulait-il compromettre les chefs religieux en s'affichant à leurs côtés ? Y a-t-il un seul chef religieux qui peut refuser de recevoir le chef de l'Etat en exercice ? Son déplacement dans une église de la Riviera aux côtés de son épouse, s'il ne l'a pas remarqué, n'a pas emporté l'adhésion des fidèles qui les ont accueillis par politesse.
Chapeau donc au chef des refondateurs qui est un excellent acteur. Comme metteur en scène pendant que je faisais du théâtre durant mes années scolaires et universitaires, je l'aurais sûrement recruté si je l'avais connu. Il joue sa partition à la perfection. Allons donc, messieurs-dames de la refondation, cessez d'amuser la galerie. On sait tout. On voit de loin toutes vos manigances.
Pendant que le chef des frontistes va se confesser dans les mosquées et rompre un jeûne qu'il ignore d'ailleurs, les militants de son parti, parcourent le pays en long et en large avec la liste des ressortissants du nord, en majorité musulmans qu'il faut radier des listes électorales. Lui, joue la fable du petit chaperon rouge en version ivoirienne. Les autres se transforment en épurateurs de nationalité. Les manifestations d'affection illimitée de jour, sont contredites la nuit par des militants FPI qui agissent sur ordre de la nomenklatura avec l'approbation silencieuse du chef.
Tout le monde le sait. Le FPI procède, sans succès d'ailleurs, selon les propres termes du Docteur Issa Malick, DDC du candidat des refondateurs, à la "désinfection" des listes électorales. Ils agissent exactement comme les nazis lorsque ceux-ci organisaient les razzias contre les juifs dans les pays occupés d'Europe. En somme, il n'y a de bon musulman que lorsque celui-ci avoue son allégeance au roi d'Eburnie comme les fameux Kapo des camps de concentration. Le reste, ceux des musulmans qui sont rebelles à la pensée officielle, qu'il considère, par tribalisme sans doute, comme une enclave de potentiels électeurs du RHDP, est jugé comme de la racaille à nettoyer au karcher. Et, à force de vouloir radier sans preuve, les activistes du FPI en sont arrivés à consigner leurs propres partisans sur la liste des "faux citoyens" à éliminer. Ils ont poussé l'outrecuidance jusqu'à écrire le nom du propre cousin d'Issa Malick Coulibaly sur le calepin des indésirables. Naturellement, Malick Coulibaly, ne voit rien d'anormal en cette insulte infamante pour en tirer les conclusions qui s'imposent. A-t-il peur de connaître le sort qui sera réservé à Mamadou Koulibaly si le chef des frontistes remporte l'élection présidentielle? A-t-il un peu d'orgueil, d'amour-propre en lui pour condamner l'ignominie faite à son frère et, par devers lui, à tout le brave peuple du nord ? Ferme-t-il les yeux afin de ne pas être taxé de militant RDR comme cela est fait à Mamadou Koulibaly depuis qu'il dénonce les dérives de la refondation ?
Incapables de préserver l'unité du pays à cause de leur défaite camouflée et de leur comportement tribaliste et sectaire, les refondateurs, désormais patrons d'un tiers du territoire national, s'organisent pour empêcher le pays de fonctionner. Ils s'inventent les responsables de leurs incompétences criardes et se fabriquent des faux coups d'Etat éventés dans les régions ou zones, comme par hasard, dans lesquelles les partisans de l'opposition sont supposés être majoritaires, comme par exemple, Abobo dans l'hinterland abidjanais. Auparavant, les frontistes avaient essayé par tous les moyens de saboter la tenue régulière des audiences foraines afin d'empêcher à certains citoyens de jouir de leur droit sacro saint d'exercer leurs devoirs civiques. Il fallait empêcher au plus grand nombre de s'inscrire sur les listes électorales pour être sûr de remporter, par défaut, les élections de régulation de la vie démocratique. Cette man?uvre ayant échoué, il fallait trouver autre chose afin que la pureté patriotique ne soit entachée par des soi-disant voleurs de nationalité. Peine perdue. Le PDCI-RDA et le RDR, principaux partis de l'opposition et membres du RHDP, ne mordent pas à l'hameçon des refondateurs. Non seulement ils combattent la politique xénophobe du FPI, mieux, ils s'unissent face à la tentative du pouvoir de les opposer en jouant sur certaines dérives. Par exemple, selon les circonstances, ils ont cherché un contact direct avec le PDCI afin de tenter de l'enrôler dans le camp des épurateurs. L'idylle ne marchant pas, ils se sont tournés vers le RDR pour lui suggérer malicieusement que c'est le PDCI qui l'avait catalogué comme parti des non Ivoiriens. Face à leurs échecs de division, ils ne baissent pas, pour autant, les bras en renonçant à leur entreprise de ségrégation ethnique et tribale. Ils font appel à certains journaux faussement neutres, lesquels, en réalité, leur sont affiliés, pour dépister des bagarres imaginaires ici et là entre le PDCI et le RDR. Ces porte-voix du régime font croire que les militants du plus vieux parti politique du pays, voire certains de leurs dirigeants, sont partisans des dénonciations dont le FPI se rend coupable, mais n'osent pas l'avouer publiquement. Un autre gros mensonge, puisque c'est la refondation qui se livre au vil exercice des dénonciations en jetant ses militants à l'assaut des listes affichées. Ce sont ses hordes qui assaillent les tribunaux avec les noms d'ennemis à supprimer des listes et non le PDCI ou le RDR.
Les mensonges de la refondation ne marchant toujours pas, puisque l'union du PDCI et du RDR, au nom d'Houphouët et d'un idéal de vie en commun, reste solide, les frontistes et leur chef, le démocrate qui n'aime pas les élections, décident d'en mettre plein la vue aux musulmans. Le candidat autoproclamé "candidat du peuple", mais seulement soutenu par la minorité présidentielle, lance une campagne d'achat au nord, d'hommes et de femmes politiques sans étoffe, puis, met en place une politique de séduction de la population musulmane avec des attentions particulières et ciblées. Ainsi, le pèlerinage à la Mecque devient-il un business présidentiel où s'active la propagande officielle. Les musulmans superficiellement cajolés dans le sens du poil, reçoivent toutes les attentions du candidat-président qui oublie que l'aide de l'Etat pour faciliter le pèlerinage aux lieus saints de l'Islam date du président Félix Houphouët-Boigny et qu'il n'a rien inventé en la matière. Il va sans dire que les refondateurs, dans leur légèreté naturelle, pensent que tous les musulmans sont d'origine étrangère. Par exemple, pour eux, les habitants de Kouassi Datékro, de Sandegué, de Daloa, de Nassian ou de Bondoukou fortement islamisés, sont tous d'origine douteuse, des étrangers déguisés. Ils en déduisent, avec mauvaise foi, qu'ils sont obligatoirement des électeurs potentiels du RDR. Donc, il faut mettre l'accent sur ce mensonge discriminatoire afin de dresser le PDCI contre le RDR ou vice-versa.
Inutile d'affirmer que le RHDP voit toutes ces man?uvres plus ou moins occultes et s'en bat l'?il. Il sait qu'avec tout l'or du monde, ils ne réussiront jamais à corrompre les musulmans qui sont des citoyens comme les autres. Ils sont natifs de toutes les régions et adhèrent à tous les partis sans confondre foi religieuse et devoir politique. Continuez donc, monsieur le chef de la refondation, à couvrir de largesses nos parents musulmans, mais ne comptez pas sur eux pour vous maintenir, en dépit du bon sens, au pouvoir. Ils ont assez souffert de votre amour se traduisant par des tueries dont sont victimes leurs enfants comme on l'a vu récemment à Daloa et à Divo.
Pour finir mon adresse, je voudrais rendre hommage aux juges valeureux du contentieux électoral. Ils défient les menaces sur leur vie, rendent leurs sentences en se conformant aux lois de la République et rien d'autre. Grâce à eux, les dénonciateurs savent désormais qu'ils auront à affronter leurs victimes réhabilitées quand viendra le moment d'aller aux urnes. En attendant le jeûne des chrétiens qu'il ira rompre avec le Nonce apostolique, on lui souhaite bon appétit avec nos parents musulmans qui ne sont pas dupes.
Le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani
Député de Tanda
Délégué départemental PDCI, Tanda I