jeudi 26 août 2010 par Le Patriote

Mais de quoi parle Amondji ?, est-on tenté de s'écrier lorsque l'on finit de lire l'interview que le gouverneur du District d'Abidjan a accordée au journal Notre Voie. Dans cette sortie malheureuse, Djédji Amondji Pierre passe tout son temps à accuser sans en apporter la moindre preuve. La cible de ses attaques ? Le RDR et les communautés étrangères de la CEDEAO qu'il accuse de fraude sur la nationalité ivoirienne. A entendre le gouverneur du District d'Abidjan, les ressortissants des pays frères qui entourent la Côte d'Ivoire sont tous des fraudeurs. Quand on lui demande les preuves de ces allégations, il se contente de citer des chiffres et de donner deux noms parmi les dizaines de milliers qu'il soupçonne sans convaincre. Il y a des fraudeurs parmi eux. Ils sont au nombre de 14.709. Ce n'est pas un chiffre pris au hasard. Il s'agit bien de données concrètes. Vous voyez le cas de cette dame nommée Koné Salimata qui a déclaré être ivoirienne en se faisant enrôler, alors que sa carte de séjour porte le numéro 199904300861. Elle est de nationalité malienne. C'est aussi le cas de M. Ballo Seydou qui s'est aussi fait enrôler et qui se trouve sur la liste électorale provisoire. Sa carte de séjour n° 199950130700639 indique qu'il est Malien, déblatère-t-il comme preuves pour étayer ses allégations. A quel fichier de la CEDEAO fait allusion Amondji? Si c'est le fichier des demandeurs de la carte de séjour, ce n'est pas une nouveauté. Il a été déjà pris en compte lors de la phase des croisements des fichiers. Il fait bel et bien partie des dix fichiers historiques retenus pour tamiser la liste électorale après l'opération d'identification. Alors d'où vient-il qu'on le fasse ressurgir pour faire croire aux Ivoiriens que de milliers d'étrangers ont pu passer entre les mailles du filet ? Il peut y en avoir certes quelques cas. Mais pas des dizaines de milliers comme veut le faire croire le FPI. A la vérité, Djédji Amondji Pierre parle ici des preuves fabriquées par le parti au pouvoir sur la base de données de l'Office nationale de l'identification avec la complicité de certains de ses agents. Le procédé est le suivant. Les militants et cadres du FPI parcourt le fichier des demandeurs de carte de séjour mis à leur disposition. Il le compare avec la liste électorale provisoire et même avec la liste dite grise. Puis ils relèvent à tout vent tous les cas d'homonymie qu'ils présentent comme des cas de fraude. C`est-à-dire, selon cette démarche, malheur à celui qui a le même nom et le même prénom qu'un Malien, un Burkinabé, Guinéen, un Sénégalais ou un Ghanéen. Il est automatiquement et sans autre forme de procès classé comme un fraudeur dans l'entendement de Laurent Gbagbo et de ses camarades. Telles sont les seules preuves d'Amondji. Mais au-delà de ses accusations, le gouverneur Amondji Pierre s'est trahi. Ses propos montrent combien grande est son aversion pour les étrangers. Il porte directement des accusations graves contre des pays amis et frères de la CEDEAO qu'il indexe comme des nids de fraudeurs. Sur les 39.608 Burkinabé d'Adjamé, on a enregistré seulement quelque 2.998 fraudeurs, soit 20% du total. Par contre, les Maliens qui ont fraudé, au nombre de 10.133, représentent 63,88% des fraudeurs à Adjamé. Les Guinéens (1.240 fraudeurs) représentent 8,43% ; les fraudeurs nigérians sont au nombre de 165. Soit 1,12% de l'effectif total. Les Nigériens fraudeurs sont 79 et comptent pour 0,52%. Il y a 44 Togolais fraudeurs (0,29%), 28 Béninois fraudeurs (0,19%). Les Ghanéens et les Sénégalais qui ont une haute idée de leur nationalité sont moins fraudeurs. Il y a seulement 11 Ghanéens (0,07%) et 11 Sénégalais (0,07%) fraudeurs sur la liste électorale à Adjamé, avance-t-il toute honte bue. S'il n'y a pas une dose de xénophobie dans ces propos, c'est qu'il ne peut pas avoir de xénophobe en Côte d'Ivoire. Tout compte fait, les propos tenus par le gouverneur Amondji parlent d'eux-mêmes. Il reste donc aux représentants en Côte d'Ivoire des pays cités dans cette interview d'en tirer toutes les conséquences judiciaires, conformément à la nouvelle loi créée en 2008 par Laurent Gbagbo lui-même.

Jean-Claude Coulibaly

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