jeudi 26 août 2010 par Nord-Sud

Le directeur de cabinet adjoint du Premier ministre chargé des programmes de sortie de crise était l'invité, hier, de la coordination des journalistes bénévoles pour le plébiscite du candidat Laurent Gbagbo à l'élection présidentielle. Paul Koffi Koffi a fait le point du processus du désarmement et celui de l'indentification. Il a déploré que la Commission électorale indépendante propose des chronogrammes morcelés.

Quel est le point du désarmement et de la démobilisation ?
Compte tenu de ce que les ex-belligérants sortent d'une guerre, dans les brigades mixtes comprenant des policiers et gendarmes, issus de part et d'autre, les responsable des patrouilles portent des brassards estampillés Cci (Centre de commandement intégré). Ceci permet d'annihiler le risque qu'une unité aille dans un environnement qui n'est pas le sien et y sème le désordre. Aussi, les uns et les autres se contrôlent mutuellement. Du côté des Forces nouvelles, on a donc 5.000 volontaires pour l'armée nouvelle et 4.000 gendarmes et policiers. Du côté de l'armée régulière, on ne limite pas le quota.
Pour ce qui est du désarmement, les Forces nouvelles ont identifié 32.000 éléments dont on peut extraire les 5.000 Van, 4000 policiers et gendarmes. Dans la phase antérieure à l'encasernement, on en a démobilisé près de 11.000. De ces 11.000, on a pu réinsérer environ 5.000. Il reste à peu près 7000. De temps en temps, ils manifestent des humeurs parce qu'ils se sentent oubliés. Les 5.000 sont choisis selon des critères (d'âge, de santé, de niveau) d'admission dans l'armée. Le ministère de la Défense a fait les visites médicales pour recrutement. Ceux qui ne seront pas retenus, vont grossir le lot des ex-combattants à démobiliser. Il y en a à peu près 10.000. Les gens ont l'impression que c'est maintenant qu'on va faire le désarmement. Non ! Lorsqu'on démobilise les ex-combattants, on les met en caserne où on leur retire les armes avant de les réinsérer dans la vie civile. Ainsi, ce sont 11.000 éléments qui ont été désarmés, l'année dernière. Du côté des groupes d'autodéfense (Gad) encore appelés milices, à peu près 37.000 ont été identifiés. 17.000 ont été démantelés et il en reste encore 20.000.

Qui d'autre est concerné par ces opérations ?
On ne réinsère pas seulement les Gap et les ex-combattants, mais on réinsère aussi les jeunes à risque. Au mois de juillet dernier, nous étions à 10.000 jeunes réinsérés. Le défi de la réinsertion demeure donc.

Qu'en est-il du redéploiement de l'administration et de la réunification du territoire ?
Le Cnpra (Comité national de redéploiement de l'Administration) a redéployé 97% des 29.000 fonctionnaires qui avaient quitté la zone Centre, Nord et Ouest (Cno). C'est l'administration financière (Impôt, Douane) qu'il reste à redéployer. Quant au Trésor, il est en place dans la plupart de la zone Cno. Le chronogramme de redéploiement, sur les axes frontaliers (Nord et Ouest) de la Douane va s'achever à la fin de ce mois. Il sera fait à Pogo, Ferké et Ouangolo en l'occurrence. Les Forces Nouvelles ont demandé à avoir un certain nombre d'éléments dans la Douane. Après discussion avec le ministère des Finances, 250 éléments pourraient être retenus. Leur intégration ne sera pas automatique. Il faut qu'ils obéissent aux mêmes critères en terme de formation. Le quota de 250 vaut également pour les services des Impôts et ceux du Trésor. A Bouaké et à Korhogo, le dédouanement est en vigueur. Actuellement, les Forces Nouvelles sont en train de déployer leurs éléments dans la partie Nord, pour couvrir l'axe Mali-Burkina Faso. L'axe Ouest se fera, je pense, après les élections. Là-bas, la difficulté est que les infrastructures ont été sérieusement détruites.

Quel point peut-on faire du processus électoral ?
Il est couplé avec l'identification. Le recensement électoral et l'identification de la population sont cependant communs aux deux opérations. Il permettra d'une part d'obtenir les cartes d'identité et les cartes d'électeurs et d'autre part de faire les élections. Lorsque cette partie commune est achevée, la Commission électorale indépendante (Cei) s'occupe de l'organisation du scrutin. Mais avant cette étape, la Primature et la Cei font chemin ensemble. On s'est arrêté à la production de la liste électorale provisoire (blanche et grise barrée). En réunifiant les deux listes, on a sauvegardé près de 500.000 personnes sur 1.000.000 auxquelles on a ajouté 5.300.000 autres. Ce qui donne, aujourd'hui, la liste électorale provisoire de 5.800.000 pétitionnaires. Ils sont a priori aptes à aller aux élections.

Quels commentaires sur les perturbations du contentieux judiciaire?
Il y a des échauffourées dans certaines localités, mais je pense que l'une des raisons pour lesquelles on a supprimé la liste grise, c'était pour éviter les confusions qu'il y a eues. Le travail du contentieux est la seule responsabilité de la Cei et du ministère de la Justice. Les premières réclamations au niveau de la Cei ont démarré le 20 juillet dernier pour s'achever le 8 août dernier. Les tribunaux ont pris le relais après que la Cei a traité les réclamations et affiché les listes y afférentes. Tout ce qui est imprimés électoraux, recrutement et formation des agents électoraux, transmission des résultats, cartographie électorale incombent à la Cei. Le 13 août, la celle-ci nous a informés qu'elle venait de valider un chronogramme qui n'est pas encore rendu public. J'attire votre attention sur les chronogrammes qu'on vous envoie par petits morceaux. Ils sont comme du venin qu'on vous injecte. Parce qu'ils sont dangereux et sèment la confusion.
Il faut avoir le chronogramme estampillé Cei, parce que les gens se réfèrent aux dates que vous (les journalistes) donnez.

Entre temps, il y a eu la vérification de la liste électorale. En quoi a-t-elle consisté ?
Cette partie du processus électoral est passée sous silence. Elle n'en faisait pas partie, en effet. Elle a été demandée par des partis politiques qui ont constaté qu'il y avait des présomptions sur la liste électorale. Les acteurs politiques se sont accordés sur le mode opératoire que nous avons élaboré. L'opération s'est faite, nous avons remis le rapport provisoire à M. le Premier ministre. Qui va le soumettre au chef de l'Etat et aux leaders politiques, membres du Cpc (Cadre permanent de concertation, Ndlr).

Les élections seront-elles effectives le 31 octobre avec tous ces problèmes que vous avez évoqués ?
Nous faisons confiance à la Cei pour cela. Figurez-vous qu'à chaque étape du processus électoral, il y a une structure qui monte au créneau et qui est indexée. Aujourd'hui, il faut demander à la Cei si elle peut tenir le délai du 31 octobre. Nous, nous appuyons la Cei parce que les ressources financières relèvent du ministère de l'Economie et des Finances ; la sécurité relève du Cci donc du ministère de la Défense. En tant que représentant du Premier ministre, je dis que cette date a été prise consciemment. Ceci, en sachant que ces opérations qui constituent les éléments essentiels de l'organisation des élections, peuvent tenir dans les délais. Maintenant, il appartient à l'organe en charge de les réaliser de le faire. Et de nous donner les assurances qu'elle sera dans les délais. Mais je soutiens que cette date est tenable.

Avant ces élections, pensez-vous que le pouvoir d'Etat s'exerce effectivement dans la zone Cno ?
Je peux le dire en toute quiétude et certitude. J'étais hier (mercredi) à Man, pour l'opération d'encasernement. Les autorités administratives étaient présentes. Vous savez que pour exercer sa mission, une autorité a besoin d'une force que complètent l'administration judiciaire et la loi. Sinon, les administrations déconcentrées sont sur le terrain. Pareil pour les élus. Le préfet et le sous-préfet peuvent faire appel à l'administration judiciaire pour des poursuites. L'autorité administrative peut s'appuyer sur les autorités militaires, notamment les éléments du Cci. Le corps préfectoral a des instruments pour exercer sa mission, mais il faut reconnaître qu'il ne le fait que dans un environnement normal. La situation normale sera pleine et entière après les élections.

Que répondez-vous à ceux qui disent que l'Etat émousse la volonté des FaFn à aller au désarmement, dont des pans entiers ne sont pas encore financés ?
Sur l'encasernement, il n'y a pas de problème. Les FaFn ont dû préfinancer les étapes de Korhogo et de Séguéla. C'est une opération budgétisée dont les financements n'ont pas suivi le rythme indiqué par les FaFn. Elles s'en sont plaint à juste titre. Un régisseur a été nommé. Les choses sont entrées dans l'ordre à l'étape de Man. Si vous avez suivi son intervention, hier, le discours du général Soumaïla Bakayoko a changé. Pour la suite, les Forces nouvelles vont apporter leurs besoins, chaque semaine. Nous allons établir un plan de décaissement, selon lequel le régisseur se rendra sur le terrain, pour payer en fonction des éléments qui sont en caserne. S'il y a des marchés à passer, il le fait. On ne donne pas de l'argent cash. Les Forces nouvelles l'ont compris. Si l'opération coûte un milliard de Fcfa, les fonds collectés en zone Cno et Sud vont servir au financement.

Que fait la Primature devant la tension autour du contentieux judiciaire ?
Je suis convaincu que des gens ne connaissent pas le mode opératoire et le guide méthodologique du contentieux élaborés par la Cei. Malheureusement, nous sommes sur le terrain politique où des gens peuvent, de bonne ou de mauvaise foi, induire les magistrats en erreur. Ils vont directement devant les magistrats sans passer par la Cei. L'on demande à la Primature de réagir, mais c'est difficile d'interpeller la Cei et les hommes politiques. Nous marchons sur des ?ufs pour ne pas être envahissant. Sinon, hier, à Man, le ministre de la Justice a parlé à la société civile. Cette semaine, l'on a expliqué aux magistrats ce qu'il faut faire dans le contentieux.

Propos recueillis par Bidi Ignace

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