lundi 27 septembre 2010 par Nord-Sud

Une menace de putsch plane sur la Guinée. L'alerte a été lancée la semaine dernière par l'Onu, qui appelle à la tenue urgente du deuxième tour de l'élection présidentielle. Il faut dire que la situation est des plus explosives dans le pays. A peine installé, le nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante(Ceni) est contesté par le camp Seydou Dallein Diallo. Son défunt prédécesseur avait été condamné à un an de prison, suite à une plainte du camp Alpha Condé. Le patron de la transition est, lui, impatient de rendre le tablier et ne veut plus d'un troisième report du second tour du scrutin. Pour assombrir davantage le tableau, le pays s'enfonce inexorablement dans un duel entre Peulh et Malinké. Les médias se font l'écho de ce bras de fer porteur des germes d'une déchirure du pays de Sékou Touré. Longtemps persécutés, les peulh détiennent le pouvoir économique. Ils aspirent à prendre leur revanche. D'où les inquiétudes de ceux qui refusent de leur faire confiance, car craignant un nettoyage politique en leur faveur. Une vraie bombe identitaire qui ne dit pas son nom.

Certes, peu d'observateurs évoquent le cas ivoirien. Comment ne pas établir cependant un parallèle entre les deux tableaux ? Car, il n'est pas loin le temps où des leaders politique ivoiriens prenaient la Guinée en exemple, pour réclamer la tenue d'une présidentielle, reportée depuis 2005.
Aujourd'hui, tous les obstacles politiques à la tenue du scrutin ont été levés. Une liste électorale définitive de 5.725.720 électeurs, avec des données biométriques, a été acceptée par tous. La bataille porte désormais sur les conditions matérielles du vote et, surtout, le climat de paix qu'il faudra garantir.

Comment ne pas opposer la facilité avec laquelle les Guinéens ont cédé au chantage de ceux qui les pressaient d'organiser au plus vite les élections présidentielles, et le choix des Ivoiriens qui ont refusé de sacrifier leur processus au fétichisme des dates ? Au nom de leurs intérêts, les capitales occidentales ont conduit la Guinée au bord d'un affrontement ethnique. Alors qu'il aurait fallu mieux accompagner ce pays sur la route de la restauration de l'Etat, et du raffermissement de la confiance entre les différentes composantes de la société. La médiation du président Blaise Compaoré a ainsi été purement et simplement sabotée par la tentative d'assassinat sur le capitaine Moussa Dadis Camara.

Ces puissances, avides d'une nouvelle recolonisation du ?'scandale géologique'' de l'Afrique de l'Ouest, observent désormais un silence gêné, laissant le soin à l'Onu de tenter une opération de sauvetage. Pour avoir tenu bon, face aux mêmes velléités de manipulation, les Ivoiriens sont désormais près du but.

La tenue effective du premier tour de la présidentielle le 31 octobre, dans un climat apaisé, leur donnera, à n'en point douter, une raison supplémentaire de croire en eux-mêmes. Rien ne sert de courir.

Kesy B. Jacob

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