Dans le cadre de la future élection présidentielle, depuis le dimanche 19 septembre 2010, la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) a initié une émission intitulée " Au c?ur du débat. " Après diffusion des deux premières éditions, l`on continue de s`interroger sur les objectifs poursuivis par ses initiateurs.
Pour ICP-PDCI-RDA cette série d`émission est improductive, inutile et paraît quelque peu saugrenue en cette période de précampagne pour plusieurs raisons :
Premièrement, la justification : selon le président du CNCA, les débats télévisés en période de pré campagne devraient permettre aux candidats de recenser les préoccupations des Ivoiriens afin de leur proposer des solutions idoines. D`où la participation des acteurs de la société civile y compris les syndicats. Est-ce le rôle d`un organe de régulation de déterminer le contenu des débats et des hommes qui doivent les animer ? Est-ce le moment d`inviter des syndicats ou des représentants du gouvernement pour faire le bilan de leur gestion ou se justifier ? Est -ce le moment de confronter les responsables des administrations publiques avec les téléspectateurs pour expliquer certaines décisions ? A quelle fin et pour quel objectif à moins de deux mois des échéances électorales ?
En règle générale la période de précampagne et celle de la campagne électorale sont les périodes pendant lesquelles les médias d`Etat ouvrent leurs antennes aux partis politiques ou aux candidats pour se prononcer sur les problèmes essentiels de la nation. C`est l`occasion de débats entre partis politiques. Ce ne sont pas les 10 à 15 minutes accordées à chaque candidat pendant la campagne qui serviront à cela. C`est ce qui se passe dans toutes les démocraties du monde. Pourquoi en Côte d`Ivoire, voulons-nous réinventer l`eau chaude à travers des pratiques qu`on ne voit nulle part ailleurs ? De quoi le pouvoir a-t-il peur ? N`oublions pas que pour être élus, les candidats doivent faire connaître leurs idées et leurs programmes. En dehors des meetings, les médias d`Etat représentent un moyen de communication incontournable. La RTI se doit de jouer pleinement ce rôle et arrêter d`être une télévision aux ordres !
Deuxièmement, le contenu des débats: on a la nette impression que par la stratégie adoptée par le CNCA, cette organe de régulation veut user des mesures dilatoires pour obscurcir les débats et la campagne électorale. Sinon, comment comprendre que la télévision c`est-à-dire le principal lieu de la bataille politique dédaigne d` organiser des espaces de confrontation entre les programmes et s`échine à favoriser méthodiquement des simulacres de dialogue entre administrateurs et administrés. Qui les propos tenus lors de ces débats engagent-ils ? Car en fait, il ne s`agit ni du bilan du gouvernement actuel, ni du parti au pouvoir. Ce ne sont que des discussions oiseuses.
Troisièmement, l`injustice : L`indignation est de mise dans le camp de l`opposition. L`élection présidentielle de cette année est la plus importante de mémoire d`Ivoiriens à cause des enjeux. Voilà pourquoi les électeurs ont envie que la télévision et la radio publiques réservent aux candidats et à leurs soutiens un temps de parole et d`antenne équitable et en rapport avec leur notoriété et leur influence, leur représentativité et leurs activités de campagne. C`est faire ainsi respecter le pluralisme électoral dès la " pré campagne " dans une démocratie digne de ce nom.
Si on s`en tient au communiqué du RHDP, on se rend compte que la configuration des débats n`a pas obtenu l`adhésion consensuelle des membres. Le CNCA et la RTI l`ont imposé aux candidats. Quand on connaît l`engagement politique de leurs dirigeants, n`est-on pas en droit de penser qu`ils traduisent dans les faits la stratégie de leur formation politique ?
ICP- PDCI-RDA voudrait rappeler que la télévision joue un rôle très important dans la formation de l`opinion publique lors des propagandes électorales. De ce fait, elle doit assurer aux électeurs une information libre, équitable et honnête , bref une information de qualité qui permette aux partis de critiquer le pouvoir actuel et de proposer leurs projets de société. Elle constate malheureusement que la pré campagne est ludique et ne cristallise pas sur les enjeux comme le débat télévisé sur l`enseignement supérieur et secondaire l`a amplement démontré. Ces premiers débats montrent que le CNCA et la RTI veulent faire les débats à la place des partis politiques, de leurs candidats et de leurs cadres. Pis, ils ont pris parti et choisi leur candidat. Ils ont balisé les canaux d`expression et sélectionné les hommes qui doivent s`exprimer. C`est cette forfaiture qu`il faut dénoncer publiquement.
Pour ICP
Le Bureau
NDLR: Le surtitre est de la rédaction