vendredi 1 octobre 2010 par Nord-Sud

Ils sont deux, les commissaires des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire qui ont visité, mardi dernier, les prisons d'Oumé et de Gagnoa. A l'issue de leur visite, Paul Arnaud, commissaire des droits de l'Homme chargé de la région du fromager et dame Alice Anthony Diomandé également commissaire nationale des droits de l'Homme ont dressé un tableau triste des droits de l'Homme de façon générale et en particulier ceux des prisonniers. La prison n'est pas un hôtel de luxe. C'est un lieu de souffrance. Nous avons vu des locaux qui sont insalubres , a décrié Paul Arnaud. Les visiteurs ont été marqués lors de leur visite par un cas flagrant de violation des droits de l'Homme.

11 ans sans jugement

Il s'agit des prévenus qui, depuis onze années végètent dans les liens de la prison, sans aucun jugement. La commissaire Alice Anthony s'interroge. Pourquoi ils n'ont pas été jugés ? . Que les prisonniers ne soient pas abandonnés à la déchéance. C'est un lieu carcéral certes mais un lieu où l'homme doit gagner sa dignité, parce que lui donner sa dignité, l'amène à se corriger et à s'améliorer, recommande-t-il. Comment peut-on expliquer qu'un citoyen fût-il prisonnier ne soit pas jugé 11 ans durant ? Alice Anthony semble avoir la réponse. C'est parce que le plus souvent, ils sont jugés par la cour d'assises. Pourtant, il n'y en a pas à Oumé ni à Gagnoa. Il faut que les dossiers soient transmis à Daloa où on doit organiser cette cour , explique-t-elle. Elle révèle que pendant toute l'année 2009, la cour d'assise n'a pas fonctionné. C'est certainement cette raison qui pourrait expliquer le retard dans le jugement des prévenus admis à se présenter devant la cour d'assises. Peut-être même que l'inexistence de cette juridiction est antérieure à 2009 si bien que certains prévenus aient passé onze années sans se présenter devant le juge. Mais pour le commissaire Alice Anthony, cela n'est pas une excuse. On ne peut pas dire que, depuis 11 ans, il n'y a pas de cour d'assises. Ce n'est pas vrai, ceux qui sont en prison depuis ce temps-là c'est parce que leurs dossiers ont été transmis et gardés dans les tiroirs, se plaint-elle. En tant que défenseur des droits de l'Homme, elle et la commission qu'elle représente se proposent de ne pas rester les bras croisés. Nous avons relevé les noms. Nous allons écrire au président de la cour de Daloa pour lui signifier notre constat et lui demander de faire diligence de sorte qu'à la prochaine tenue de la cour d'assises, ces personnes-là soient jugées.

Soutien des organisations

En dépit de ce tableau sombre qui rime avec la vie des prisonniers dans les maisons d'arrêt d'Oumé et de Gagnoa, force est d'admettre qu'une lueur d'espoir pointe à l'horizon, à travers des actes majeurs, posés par certaines organisations. A Oumé et à Gagnoa, la prison a commencé à s'humaniser par rapport aux années 90. Cela veut dire qu'il y a des efforts qui sont faits. Grâce à l'intervention des organisations tels que le Comité international de la Croix Rouge (CICR) et l'Organisation des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) qui ont reconstruit des bâtiments et fait des réparations, s'est réjoui Paul Arnaud. Il tient à préciser que la visite de ces prisons n'était pas pour mener une enquête. Nous voulons voir et faire des propositions et des recommandations pour que la vie carcérale s'humanise encore plus et encore mieux, a ajouté le patron des droits de l'homme du fromager.


Alain Kpapo à Gagnoa

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