lundi 25 octobre 2010 par Le Nouveau Réveil

Peut-on soutenir avec raison que la Commission électorale indépendante (Cei) est encore indépendante ? Comment comprendre cette immixtion aussi dangereuse que surprenante du chef du gouvernement qui décide de façon souveraine d'entreprendre des consultations et de mettre entre parenthèses une décision arrêtée de manière consensuelle par la plus haute instance décisionnelle de la Cei, la Commission centrale de ladite institution en l'occurrence ? Les seuls états d'âme du Fpi et de Ahoua Don Mello peuvent-ils justifier ce "coup d'Etat" qui ne dit pas son nom contre la Cei ?
C'est à croire que les 31 membres de la Commission centrale de la Cei qui ont pris la décision en fin de semaine dernière, après des jours d'âpres discussions, d'écarter la société Sils technology de l'opération de décompte et de transmission des résultats du scrutin présidentiel du 31 octobre prochain, n'ont pas suffisamment réfléchi avant de décider, qu'ils n'ont pas mesuré la portée de leur acte sur le processus électoral en cours. Bref qu'ils se sont comportés comme de vrais majeurs ou responsables sous curatelle.
Parce qu'à la vérité, l'acte que vient de poser M. Guillaume Soro, au-delà des motivations (nous y reviendrons) pose un sérieux problème de principe en même temps qu'il crée un précédent dangereux qui remet en cause le principe de l'indépendance qui est à la base de la création de la Cei. En effet, les lois de notre pays, y compris celles qui installent la Cei, sont très claires. La Commission chargée des élections est une institution indépendante et elle est la seule compétente pour organiser les élections. La décision prise par la Cei, la semaine dernière, d'écarter la société Sils a été prise de façon régulière et conformément aux attributions de la Cei.
D'où vient-il alors que le Premier ministre décide de remettre en selle cette société contestée avec un nouveau maquillage ? Pourquoi le Premier ministre n'a-t-il pas soumis ses observations et recommandations à la Cei pour que celle-ci l'examine, juge de son bien-fondé et au demeurant décide de l'endosser à travers un communiqué de la Commission centrale ? Pourquoi a-t-il décidé de célébrer ce viol de la Cei en public ? Si par malheur, l'opération de comptage des voix échouait dans sa mise en ?uvre, qui en porterait la responsabilité ? La Cei ou la Primature ? Aussi, pourquoi s'obstine-t-on à maintenir dans cette opération la société SILS qui pose problème ? Si tant que le but du Premier ministre est uniquement d'aller vite dans la publication des résultats, n'y a-t-il pas d'autres sociétés qui pouvaient faire l'affaire ? La volonté de maintenir coûte que coûte cette entreprise dont 75% du capital social sont détenus par Don Mello Ahoua, le patron du BNEDT et directeur de campagne du candidat Gbagbo, ne va-t-elle pas en définitive faire grossir le doute et la suspicion autour de SILS technology ? Et créer par conséquent les conditions d'une remise en cause du résultat des élections ?
La Commission centrale de la Cei regroupe toutes les sensibilités politiques significatives de notre pays. Si les délégués du camp présidentiel n'ont pas pu convaincre au cours des débats leurs collègues de maintenir SILS dans ses attributions, devrait-on tout reprendre parce que des voix se sont élevées au sein du Fpi pour dénoncer la mise à l'écart de SILS ?
Selon des sources proches de certains états-majors des partis politiques, il n'y aurait eu qu'un accord de principe entre la Primature et ces partis. Un aménagement qui devrait se traduire par un couplage du comptage manuel et du comptage informatique. Or la décision du Premier ministre qui, apparemment, n'a pas recueilli l'accord express des partis avant le communiqué lu hier à la télévision, tend à écarter de facto l'option du comptage manuel. Désavouant de manière flagrante la Cei qui est infantilisée, brutalisée et humiliée. Guillaume Soro n'est-il pas en définitive le vrai président de la Cei et même plus puisqu'il prend des décisions que M. Bakayoko lui-même ne peut prendre de son seul chef ? Quel sera le degré d'implication de ce comité d'experts qui vient d'être mis en place sans la Cei ? Car pour information, après sa dernière décision en date du jeudi 21 octobre, plus d'une dizaine des membres de la Commission centrale sont en mission officielle au nom de l'institution. La commission va-t-elle statuer sur les décisions de la Primature en leur absence. Assurément quelque chose de très gros et de très important est en train de se jouer ici. Et les non-dits paraissent plus importants que ce qui est dit et écrit ou déclaré.
Akwaba Saint Clair

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