lundi 25 octobre 2010 par Fraternité Matin

La décision prise, le 21 octobre dernier, par la Commission électorale indépendante (Cei) afin que la transmission et la proclamation des résultats se fassent par comptage manuel des voix à la présidentielle, fut une tempête dans un verre d'eau. Car quarante-huit plus tard, soit le 23, le Premier ministre l'a retoquée. De ce fait, la Société informatique de localisation et de sécurité (Sils Technology), filiale du Bureau national d'études techniques et de développement (Bnetd) qui était au c?ur de la polémique, ne sort pas du processus électoral. Après une séance de travail, samedi en début d'après-midi, avec Ahoua Don Mello, directeur général de cette société d'Etat, en présence de Bouréima Badini, représentant du Facilitateur du dialogue inter ivoirien, Soro Guillaume a pris deux importantes mesures. D'une part, il s'est prononcé en faveur du décompte électronique des suffrages.

Ainsi, Sils Technology est maintenue, conformément à l'accord conclu avec la Cei depuis 2007 qui prévoit, après le volet intranet, de sécuriser les résultats de l'élection présidentielle et d'assurer leur transfert vers la Cei centrale. D'autre part, une société suisse composée d'experts a été cooptée pour valider la centralisation électronique des résultats à l'effet de rassurer les commissaires de la Cei, membres du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, alliance du Pdci, du Rdr, de l'Udpci et du Mfa), qui avaient engagé une fronde contre Sils Technology. Avec en ligne de mire, Ahoua Don Mello.

Car, si l'opposition ne remet pas en cause le logiciel et la technologie de la filiale du Bnetd, elle émet des doutes sur la neutralité de Don Mello, le cerveau et la pierre angulaire du système qui, en 2000, a permis de manipuler les résultats, à la présidentielle en faveur de Laurent Gbagbo, selon Innocent Anaky Kobéna, président du Mfa et candidat à la présidentielle (Cf. Fraternité Matin n°13.788 du 23 octobre 2010).

Le Rhdp est convaincu que le directeur général du Bnetd, présenté comme le père électronique de la victoire électorale de Laurent Gbagbo en 2000 face au général Guéi Robert, chef de la junte militaire, est capable de rentrer dans le logiciel de Sils Technology pour manipuler les résultats en faveur du Président sortant, son candidat.

D'une pierre, Soro Guillaume a fait deux coups: estimant qu'il n'est pas nécessaire de bousculer l'architecture retenue et créer une crise politique à moins de dix jours du scrutin, il a maintenu Sils Technology et rejeté le décompte manuel qui, s'il peut rassurer tous les Saint Thomas, présente, en dehors des retards de publication des résultats, des risques certains avec les possibilités réelles de pertes ou de disparitions, volontaires ou non, de procès verbaux.

Avec ce nouvel arrangement qui impose, à l'instar de Sagem sécurité, une société européenne, la Côte d'Ivoire va devoir fouiller dans ses bas de laine pour payer les services de ces experts suisses qui vont contrôler la filiale du Bnetd. C'est le lourd prix à payer, quelques milliards de plus, pour compenser la crise de confiance entre les acteurs ivoiriens. La paix, nous enseigne l'adage, n'a pas de prix.

Ferro M. Bally

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