mercredi 17 novembre 2010 par Le Nouveau Réveil

Membre de la coordination des élus et cadres du grand centre, membre du PDCI-RDA, le député de Botro, l'honorable Konan Allah Raoul, a séjourné dans la cité des Eléphants (Lokoda) ou Lakota le week-end dernier. Venu rencontrer ses parents après le 1er tour de l'élection présidentielle, il a été pris à partie par les populations du canton Goudouko, dans le village de Guimou. Séquestré, humilié de 22 heures au lendemain Lundi 15 Novembre à 9 heures, il nous raconte son calvaire.
" Je suis Konan Allah Raoul, je suis député de la circonscription de Botro, dans le département de Bouaké. En tant que Député, j'appartiens à l'association des élus et cadres du grand centre. C'est une association qui a été créée pour prendre en compte les problèmes de nos parents du grand centre, afin d'essayer de trouver des solutions et leur apporter notre aide en cette période de crise. Dans le cadre des activités de cette association, j'ai été chargé de venir à Lakota, dans le canton de Goudouko. Ma mission consiste à rencontrer les populations baoulé, car il y a eu des bruits et rumeurs faisant état des exactions sur ces populations baoulé. Il nous fallait vérifier si ces bruits sont fondés. Et si naturellement, il n'y a pas de problème particulier, il fallait leur donner des consignes de vote pour le compte de mon candidat du RHDP, le Dr Alassane Dramane Ouattara. (). Mais, le Dimanche 14 Novembre à 23 heures, j'étais dans le village de Guimou. Et c'est dans ce village que mes ennuis ont commencé. (). Je suis allé avec un guide qui a organisé ma tournée. (). Nous sommes allés dans plusieurs localités, et c'est à Guimou que les populations autochtones dida se sont montrées hostiles. Arrivés, nous nous sommes rendus chez l'adjoint au chef de la communauté Baoulé, puisque le chef était absent du village. Mais aussitôt, une horde, une foule de jeunes gens totalement excités est arrivée autour de la voiture pour nous demander si nous avions eu une autorisation du chef dida avant d'entrer dans le village. (). Ils ont trouvé qu'il était inadmissible d'entrer dans leur village sans en informer le chef du village.(). Ce qu'ils n'ont pas aussi admis, c'est pourquoi en cette période si sensible, j'appelle à voter le Dr Alassane Ouattara. Ils étaient fous furieux d'entendre ça. Ils m'ont emmené manu-militari chez le chef du village. j'y ai été séquestré de minuit au lendemain à 9 heures du matin. Toutes les questions m'ont été posées. On me demandait d'aller montrer où j'avais caché les armes et les munitions que j'ai convoyées dans leur village. Pour eux, je suis venu livrer des armes aux Baoulé pour les attaquer. (). Ils m'ont menacé et traité de tous les noms. Ils ont parfois décidé de m'assommer et m'abattre en fonçant sur moi avec de gros morceaux de bois ou des objets contondants de toutes sortes. Ceux qui ne voulaient pas qu'on m'achève sur place ont monté la garde autour de moi toute la nuit. J'ai vécu l'enfer. D'autres ont exigé que je ne m'asseye pas dans un fauteuil, mais à terre et déshabillé. J'ai été l'objet de toutes les humiliations possibles bien que je leur ai dit que je suis député de la nation. Et en cette qualité, je leur ai fait savoir que je me trouvais partout chez moi en terre ivoirienne. Ce qu'ils ne voulaient pas entendre surtout, c'est que j'appelle à voter le Dr Alassane Ouattara. C'était un scandale pour eux car Alassane est accusé de tous les péchés d'Israël. Ils ne comprenaient pas que je manque de patriotisme au point d'appeler à le voter. C'est ce qui m'a été reproché toute la nuit. Je reconnais qu'on ne m'a pas frappé, on ne m'a pas tapé. J'étais avec deux (02) jeunes étudiants, un chauffeur et un guide. Mais quand les enfants sont arrivés avec les armes pour nous menacer, le guide a disparu dans la nuit noire. On a aussitôt conclu qu'il est allé mettre les armes en lieu sûr et il me fallait le retrouver. C'est un miracle, si je suis encore en vie. Dieu merci, j'étais au milieu d'une grande foule quand le commissaire de Lakota est venu me délivrer. Mon véhicule a eu les pneus crevés, les plaques d'immatriculations enlevées et tous mes documents emportés. (). Je voudrais vous dire qu'en l'état actuel des choses, ceux qui voudront aller parler d'Alassane, doivent s'armer de courage. Ce ne sera pas facile. Même les Baoulé que je suis aller voir m'ont renié. Ils disent ne pas me connaitre car ils vivent en de bons termes avec leurs hôtes dida. Eux-mêmes déjà étaient conditionnés. J'ai dû puiser en moi le maximum de courage pour leur parler du RHDP. Je n'ai pas de preuves, mais j'ai l'impression que ces jeunes gens sont instrumentalisés et manipulés. Ils étaient excités et intraitables sur la question des consignes de vote en faveur d'Alassane Ouattara. (). Nous sommes convaincus qu'il y a des gens derrière ce comportement. (). Je vais vous dire que les élections seront difficiles. Il y aura beaucoup d'irrégularités. Les résultats seront contestés. C'est ma conviction. Je ne suis pas un prophète de mauvais augure. Mais cette élection va très mal se passer à l'image de ce que j'ai vécu. () il faut que les gens admettent qu'à une élection, on peut gagner comme perdre. Alors quand quelqu'un pense qu'il ne doit en aucun cas perdre, c'est grave. Nous voulons la paix. Que chacun vote pour son candidat. Mais on ne nous offre même pas le temps de choisir. Pour ces jeunes, nous sommes juste bons pour la potence ".
Propos recueillis à Lakota par
N'GUESSAN DENIS

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